Ne t'inquiète pas ! (La Mort d'un père)
Par Christian Soleil
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À propos de ce livre électronique
Dans ce livre écrit comme on retient un souffle, Christian Soleil accompagne les dernières semaines de son père. Rien de spectaculaire, sinon la vérité nue : un corps qui s'éteint, une voix qui vacille, un fils qui veille et tente de repousser la nuit par la seule force des mots.
C'est un récit intérieur, presque un carnet d'agonie, où l'on devine les gestes minuscules, les silences lourds, les pensées que l'on se surprend à chuchoter quand l'amour se heurte à l'inéluctable.
Ne t'inquiète pas ! n'est ni un adieu ni une élégie — c'est un cri. Un cri retenu trop longtemps, soudain libéré, qui dit la tendresse, la colère, la peur, l'enfant que l'on reste quand un père disparaît.
Un texte bouleversant, traversé de lumière malgré la perte, où chacun reconnaîtra quelque chose de sa propre fragilité.
Un livre pour apprendre, peut-être, à marcher encore lorsque le monde change d'axe.
Christian Soleil
Christian Soleil est écrivain, essayiste et dramaturge. Auteur de plus d'une soixantaine d'ouvrages, il explore depuis plusieurs décennies les zones de rencontre entre l'histoire, la littérature et la psychologie humaine. Ses livres, souvent nourris de figures illustres — d'Alexandre le Grand à Napoléon, de Cléopâtre à Jules César — questionnent la part d'ombre et de lumière qui guide les destins exceptionnels. Conférencier passionné, homme de culture et de transmission, il mêle érudition et sens du récit, offrant au lecteur une écriture à la fois documentée, vivante et sensible.
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Aperçu du livre
Ne t'inquiète pas ! (La Mort d'un père) - Christian Soleil
Christian Soleil
Ne t’inquiète pas !
(La Mort d’un père)
Editions Cosmo
Pour toi, papa.
« Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants. »
Jean Cocteau.
Le temps des inquiétudes
Dimanche 5 novembre
S. et moi nous rendons chez mes parents, 43 rue Antoine-Durafour, pour déjeuner. Hier, c’était la fête de mon père. J’ai pu lui souhaiter une bonne fête au téléphone. Aujourd’hui je lui apporte un livre de photos et de textes de Willy Ronis, une boîte d’orangettes et j’apporte à ma mère des escargots au chocolat. S. a apporté des fleurs, une tarte aux pommes et pour mon père une boîte de chocolats Mon Chéri.
Quand nous arrivons, ma mère est la seule à être debout. Mon père s’est recouché après le petit-déjeuner et il est toujours aussi fatigué dès qu’il se lève. Nous avons le temps de prendre l’apéritif (je bois une Suze ou deux) avant qu’il n’apparaisse avec son déambulateur. Il est un peu trop penché alors S. remonte l’appareil pour qu’il soit plus à l’aise et sans doute plus stable. Mon père n’a pas très bonne mine. Il est très pâle, amaigri (il ne mange presque rien). Son bras est encore tout noir du fait des intraveineuses qu’il a reçues lors de son hypoglycémie. Son visage aussi est marqué et taché. Un chance : il ne souffre pas. Dès qu’il est couché, il se sent bien. Dès qu’il se lève, il répète inlassablement qu’il est fatigué, qu’il est très fatigué. Il fait régulièrement remarquer qu’il a bientôt 90 ans et que c’est un peu normal. Comme s’il nous testait.
Mais il continue d’être lucide, de faire de l’humour à tout bout de champ et de suivre la conversation. Ma mère nous sert une salade composée, puis un gratin dauphinois aux cèpes, puis un poulet grillé qu’elle a préparé dans son nouveau mini-four. Elle fait semblant de tenir mais à un moment, avant que mon père n’apparaisse, elle éclate en sanglots. Elle n’ose pas trop y penser mais elle sent bien qu’il n’ira jamais vraiment mieux, que sa lente dégradation est probablement inéluctable. Mon père va se coucher, épuisé, après le poulet.
Nous mangeons du fromage puis il revient une demi-heure après quand ma mère sort la corbeille de fruits. Il a bien meilleure mine, semble plus tonique. En tout cas, les deux fois, il se lève tout seul et il arrive tout seul en poussant devant lui son déambulateur. Ce qui est plutôt bon signe. Après les fruits (raisin, prune, clémentine que je lui épluche), je passe à la cuisine pour lui couper les cheveux avec ma tondeuse que j’ai apportée de chez moi. C’est moi qui ai proposé de lui couper les cheveux aujourd’hui parce que je sais qu’il aime bien, que c’est comme un moment de communion. Il apprécie que je m’occupe de lui. Je tonds le peu de cheveux qu’il lui reste en laissant ma main gauche sur son épaule, comme si cela pouvait lui redonner de l’énergie.
Il est très fatigué mais il tient assis pendant tout le temps que je m’occupe de lui. A la fin, ses yeux se ferment machinalement. Il a besoin d’aller se coucher. Je lui passe un gant de toilette mouillé sur les cheveux pour enlever les mèches coupées afin qu’elles ne se retrouvent pas dans le lit. S., ma mère et moi nous retrouvons à la table de la salle à manger, ma mère un peu perdue. Elle ne tient que pour lui. Elle s’effondrera dès qu’il n’aura plus besoin d’elle. Elle est comme terrorisée par ce qui se passe et qu’elle n’avait pas prévu. Dès que je lui propose de l’emmener faire des courses un samedi, puisque mon père ne conduit plus, elle me parle de Jo, le fils de son ancienne amie et voisine italienne, qui est très gentil et qui est comme son fils adoptif. Je connais la chanson depuis quarante ans. Je ne l’entends plus.
S. insiste pour que nous partions. Je sens qu’il a peur que je m’énerve. Mais je n’ai pas besoin. Je suis indifférent. Le temps corrige tout. Hélas.
Mardi 7 novembre
J'étudiais depuis l'année dernière la possibilité de réaliser un essai biographique sur un artiste japonais très complet : Kazuya Kamenashi, souvent appelé Kame, un chanteur-compositeur, acteur, producteur de télévision, animateur de radio et occasionnellement mannequin, qui est né et a été élevé à Edogawa à Tokyo. Après mon livre sur Amanda Lear, qui sort en décembre, je reste donc dans l'axe des artistes protéiformes aux belles têtes de mort
, comme aurait dit Dali.
Kazuya m'a donné son accord de principe et doit venir en France prochainement pour passer quelques jours à travailler avec moi sur ce projet. Je suis actuellement en pourparlers avec son agent pour régler quelques détails de pure forme.
Après la longue fermeture du Japon, dernier pays à se rouvrir au monde le 11 octobre 2022, fermeture qui ne m'a pas empêché de communiquer avec ma famille et mes amis japonais, fermeture qui ne m'a pas empêcher de rédiger et publier sept ouvrages de portraits biographiques de jazzmen japonais, il sera plus agréable de travailler avec Kazuya dans le confort d'un salon d'hôtel que par le truchement d'internet et des réseaux sociaux.
Les parents de Kamenashi envoyèrent sa candidature à la Johnny's Entertainment. Il y fut accepté à l'âge de 14 ans. À ce moment-là, il était dans le même groupe de casting que deux inconnus, Akanishi Jin et Nakamaru Yuichi, maintenant membres des Kat-Tun avec lui. Kamenashi est le K des kat-Tun et l'un des membres les plus populaires avec Akanishi. Bien qu'il soit le plus jeune membre, il est considéré comme leader non officiel.
Il travaille extrêmement dur, et n'est pas vraiment très doué en danse. Excellent dans les speeches en public, il est souvent nommé comme speaker principal lors des représentations publiques de Kat-Tun. Kazuya mène habituellement les représentations musicales du groupe. Avec Jin, il est le chanteur principal du groupe.
Il a commencé sa carrière d'acteur dans Gokusen 2 avec Jin et en conséquence, a gagné une récompense pour le rôle de meilleur jeune acteur masculin. Il a aussi composé "Kizuna pour le
drama. Bien qu'avant cela, Kazuya ait déjà tourné dans un
drama" appelé : Kimpachi Sensei.
Il fit partie de la distribution de Gokusen The Movie qui sortit au cours de l'été 2009, en reprenant le rôle d'Odagiri Ryu aux côtés de Nakama Yukie (Yankumi), Oguri Shun (Uchi de la saison 1), Koike Teppei (Takeda Keita de la saison 2) et plusieurs autres acteurs des trois saisons réunis.
Il a également tourné dans Kindaichi Special et Nobuta o Produce avec Yamashita Tomohisa de NewS.
Ensemble, ils ont également sorti un single, Seishun Amigo, sous le nom de Shuuji To Akira, qui comporte également la chanson Kizuna que Kazuya a écrite (elle est utilisée dans le "drama » Gokusen 2).
En 2017, Kazuya tourne une nouvelle série avec Tomohisa Yamashita (avec lequel il a joué dans Nobuta wo Produce). Pour cette nouvelle série titrée "Boku unmei no hito desu, les deux acteurs reforment leur duo et chantent le générique
Senaka Goshi no Chance".
Le projet devrait se dérouler au fil de quelques rencontres successives à Paris et à Tokyo au cours des mois qui viennent pour une publication fin 2024. J'aurai l'occasion de présenter prochainement d'autres projets d'écriture : un nouveau portrait de torero espagnol, un ouvrage sur le développement de la fibre en France et ses enjeux, une biographie d'Amy Winehouse prête à sortir, mais avant paraîtra mon livre sur Amanda Lear et, dans la foulée, mon épaisse biographie musicale de David Bowie.
Le spectacle de tous ces politiciens médiocres (ce qui ne signifie pas que tous les politiques soient médiocres) qui chipotent et tentent de voiler leur propre antisémitisme sous de vagues hésitations insensées (pour savoir s'il faut ou non participer à la marche de dimanche initiée par le président du Sénat et la présidente de l'Assemblée nationale) nous rappelle que l'antisémitisme chez nous est élevé (il concernait en 2022 pas moins de 38% de la population française) et qu'il est constant : il n'a pas attendu les événements récents en Israël et en Palestine. Il nous rappelle aussi que les origines de l'antisémitisme sont multiples : il existe un antisémitisme catholique (qui ne signifie évidemment pas que tous les catholiques soient antisémites), un autre d'origine musulmane (idem), un autre d'origine fascisante ou d'extrême droite), un antisémitisme bourgeois et un dernier (façon de parler : je n'ai sûrement pas épuisé le sujet en quelques lignes) qui prend ses racines dans une dérive de l'extrême gauche. C'est un désespoir pour tous ceux qui appartiennent à la communauté française. C'est un combat qui se poursuit. Hésiter, c'est immédiatement se ranger du côté des chiens.
Samedi 11 novembre
Hier soir, je suis descendu à Cavaillon à 18h après un cours à l’ESAM Lyon sur le sales management (en anglais). Pas de problème de bouchon au-delà de Givors. J’ai fait la route en 1h30 à partir de Givors. La circulation en Rhône-Alpes est toujours problématique mais l’autoroute est plus large au fur et à mesure qu’on descend vers le sud donc j’ai pu rouler sans encombre.
J’ai diné dans la cafétéria de l’aire de Mornas : œufs mayonnaise, jambon braisé, rosé de Provence. Il est rare que je fasse la route de nuit, mais cette fois ce fut le cas. Il faisait déjà très sombre à 18h00 à peine quand j’ai pris la route. Je n’étais pas pressé et j’ai apprécié la solitude de l’habitacle rempli par la musique de David Bowie en sourdine. Quand je suis arrivé à Cavaillon, j’ai vu que mon éditrice Agnès m’avait adressé la dernière version de la couverture de mon livre sur Amanda Lear (Celle qui n’existait pas). Pas trop mal, même si j’aurais préféré voir un portrait d’Amanda sur la première de couv’.
Éloge de l'incompétence créative : oser l'extraordinaire pour élargir l'horizon de soi
Dans un monde où la compétence est souvent considérée comme la clé du succès, il est audacieux de se perdre volontairement dans le labyrinthe de l'incompétence créative. Cependant, c'est précisément dans cet état d'ignorance assumée que naissent des aventures extraordinaires, des découvertes de soi-même et une expansion des horizons insoupçonnés.
L'incompétence créative, loin d'être un défaut, est une attitude révolutionnaire qui défie les normes établies. C'est l'art de se jeter dans l'inconnu, d'embrasser le risque avec enthousiasme, et de délibérément s'engager dans des activités pour lesquelles on n'a aucune compétence préalable. C'est une célébration de l'ignorance comme catalyseur de l'innovation personnelle.
Se libérer des chaînes de la compétence habituelle offre une opportunité unique de réveiller l'esprit aventurier qui sommeille en chacun de nous. C'est le moment où l'on se détache des préjugés et des limites imposées par l'éducation ou les attentes sociales. En s'immergeant dans l'inconnu, on déclenche une réaction en chaîne de découvertes qui défient les attentes et transcendent les barrières auto-imposées.
L'incompétence créative est un voyage hors des frontières de confort, là où la magie de la croissance personnelle se produit. En se confrontant à l'inconnu, on se trouve face à des défis stimulants qui exigent une réflexion créative, une résilience et une adaptabilité. C'est dans cet espace d'incertitude que naissent des compétences jusque-là inexplorées, des talents cachés et une compréhension profonde de nos capacités latentes.
Lorsque l'on n'est pas limité par la connaissance préalable, l'esprit devient libre de vagabonder dans des territoires inexplorés. C'est là que la créativité authentique éclot, loin des contraintes des méthodes conventionnelles et des solutions déjà éprouvées. L'incompétence créative permet de voir les problèmes sous un angle différent, d'expérimenter sans craindre l'échec, et d'innover d'une manière qui échapperait autrement à la rigueur des compétences spécialisées.
L'échec, loin d'être redouté, devient un allié dans le royaume de l'incompétence créative. Chaque faux pas devient une leçon, chaque erreur un maître d'œuvre de la croissance personnelle. En embrassant l'incompétence, on apprend à accepter l'échec comme un élément inévitable du chemin vers le succès. C'est à travers ces moments d'apprentissage que l'on se réinvente, émergeant plus fort, plus sage et plus résolu.
En concluant cet éloge de l'incompétence créative, il est important de souligner que c'est dans la vulnérabilité de l'ignorance que résident les plus grandes opportunités. Oser être incompétent, c'est se donner la chance de devenir exceptionnel. C'est une danse audacieuse avec l'inconnu, une célébration de la curiosité sans bornes et un engagement envers une vie qui transcende les limites imposées par les compétences acquises.
Que l'incompétence créative soit votre guide vers l'inattendu, votre complice dans la découverte de soi et votre catalyseur pour une vie extraordinaire.
Ce matin, après avoir travaillé sur des préparation de cours, je prends la route de Saint-Florent-sur-Auzonnet où je vais déjeuner chez mes amis Gilles Chapel et son épouse Elfie. L’autoroute file tout droit sous le soleil de Provence jusqu’à la sortie Orange-centre, soit une quarantaine de kilomètres depuis Cavaillon. Je passe la centrale électrique de Caderousse et sa structure de béton blanc sur les bord du Rhône majestueux, puis traverse des paysages languedociens : forêts de pins maritimes sur des plateaux envahis par le ciel bleu. Traversée éclair de Bagnols-sur-Cèze et ses immeubles blancs, ville remplie des souvenirs purs de l’enfance. Les Cévennes plus heurtées, ses routes en lacets, ses forêts de feuillus aux couleurs automnales déchirantes, ses montagnes aux falaises de vertige aux angles déchiquetés, ses oliviers qui s’accrochent à perte de vue aux flancs pentus, ses pins d’un vert affirmé, les ruines fières du château d’Allègre de style médiéval, une chapelle oubliée dans un nid d’aiguilles oubliées.
Me voilà à Saint-Florent-sur-Auzonnet où j’achète quelques gâteaux à la pâtisserie locale avant de me présenter chez Gilles Chapel et Elfi Roustan-Chapel son épouse. Je me gare sous les oliviers aux branches lourdes. C’est la saison où l’on ramasse les olives pour les porter au moulin. Gilles vient à ma rencontre pour m’accompagner à l’intérieur de la grande maison aux murs ocre de plain-pied. Nous retrouvons Elfie dans la grande salle à vivre. Les derniers tableaux de l’artiste sont accrochés aux murs : des visions colorées et légèrement floues des rues de Shinjuku et d’Osaka. Les baies vitrées qui occupent toute la façade regardent la piscine étale et bleue, le jardin, le vaste terrain piqué d’olivier, de châtaigniers, de cognassiers, d’actinidiers (arbres à kiwi) et qui donne de belles truffes quand les sangliers ne viennent pas les voler.
Apéritif dans le salon : Elfie a préparé un délicieux vin à l’orange amère. Puis nous passons à table. C’est Gilles, cette fois, qui a préparé un poulet de Bresse grillé avec une épaisse sauce aux cèpes maison. Après le repas, pendant qu’Elfie va ramasser des olives, Gilles m’entraîne dans son studio de peinture attenant à la pièce principale. Je découvre l’éventail magnifique qu’il a peint pour l’anniversaire de la diva du Luberon dont l’anniversaire de la renaissance tombe le 18 novembre. Il est en train de travailler sur un éventail qui évoque Amanda Lear : il me montre des dessins préparatoires : un portrait de Dali, un autre de Bowie, deux portraits magnifiques de la diva dans sa jeunesse et dans sa maturité. Il a acheté d’immenses éventails pour les peindre mais cela lui prendra du temps. L’artiste attend l’inspiration ; il en est à la phase de recherche et d’exploration. Dans son atelier de céramique et de poterie, il me montre ses derniers travaux. Je décide de lui acheter un plat tauromachique et un vase rond d’inspiration camarguaise.
Je repars de chez eux avec le coffre rempli de pots de confiture toutes plus alléchantes les unes que les autres : il y a du pamplemousse, du citron, du gingembre, des prunes, des quetsches au rhum. Bien que je ne sois pas un grand adepte des confitures, je me délecte de celles d’Elfie.
La nuit tombe sur les petites routes en lacets qui traversent les Cévennes. Elle sont si étroites qu’on y passe à peine à deux voitures, pourtant la circulation à contre-sens, généralement pleins phares, est extrêmement fatigante. Pour un peu, je fermerais les yeux à chaque croisement en espérant que ça passe. Bien sûr, ces petites routes ne sont pas du tout éclairées et c’est un véritable soulagement quand, après deux heures pour parcourir quelque 80 kilomètres, je gare la voiture sur le parking de l’hôtel Ibis boulevard Saint-Dominique à Avignon. Juste à temps. Il est 19h00. S. m’appelle sur mon téléphone. Il vient d’arriver à la gare d’Avignon-centre après quatre heures de trajet en TER. Nous passons par la rue de l’Observance pour aller dîner chez Ginette et Marcel, 25 place des Corps-Saints : salade balsamique, tartine chèvre et saumon, rosé du Luberon, mousse au chocolat. S. m’invite comme c’est ma fête demain. Nous rentrons ensuite à Cavaillon dans la nuit noire, avec les lumières de la ville, puis le désert de la campagne, ses vignes et ses oliviers, la silhouette des cyprès qui se dresse tels des fantômes dans les virages.
Nous tombons de sommeil. Nous nous endormons très rapidement devant la télévision. Les Parcs du Luberon sont silencieux comme une tombe. Mais le repos n’est jamais éternel.
Dimanche 12 novembre
Je me lève à 4h00 pour écrire, prépare un petit-déjeuner fait d’œufs cuits durs, de biscuits bretons, de café chaud, puis prend une douche. S. se lèvera plus tard. Vers 8h00, nous prenons la route de Salin de Giraud. Le jour est encore tout frais, tout frisquet, déjà très beau. La route des platanes qui passe par Saint-Rémy et Saint-Etienne-du-Grès est de toute beauté. Je ne m’en lasse jamais parce qu’elle évoque les routes de mon enfance, je suppose surtout la nationale 7 qui nous menait vers Le Lavandou, évitant l’autoroute et ses péages par mesure d’économie.
A Saint-Etienne-du-Grès, nous faisons halte chez Amanda Lear. Elle n’est pas chez elle mais une nouvelle fois en Italie, où elle participait avant-hier à un gala de bienfaisance pour les enfants d’Afrique : elle a fait don d’un dessin. Elle apparaît fatiguée sur les photos. Je suis même étonné qu’elle les ai laissé diffuser, elle qui surveille tant son image. Acceptation ? Son sourire triste me touche. Je devine tout ce qu’il cache.
A Salin de Giraud, au cœur de cette Camargue à l’air vif, où l »air reste étonnamment immobile, nous trouvons sans difficulté le mas de la Bélugue, propriété de la ganaderia Yonnet. Je suis heureux de retrouver Chantal Garcia, la maman du matador de toros Tibo Garcia à qui j’ai consacré il y a quelques années un essai biographique. Elle prépare la cuisine dans le grand hangar aménagé en salle à manger qui jouxte les petites arènes en béton. C’est elle qui gère l’accueil et le petit-déjeuner.
Vers 10h30, Tibo, toujours marqué par une élégance aristocratique dont on ne se demande pas de qui il la tient, tiente une vache avant d’effectuer la lidia complète d’un toro. La petite vache est charmante, très naïve et un peu folle. Elle tourne en rond comme une luciole, parait surprise de tout ce qui lui arrive et se réfugie souvent contre le mur circulaire des arènes comme si elle avait peur. Le toro, lui est un monstre à la robe grise, un danger sur pattes comme à peu près toutes les bêtes de la ganaderia.
Je fais quelques selfies avec Tibo et nous évoquons la possibilité de faire ensemble un nouveau bouquin à partir de janvier.
Le repas est servi sur de grandes tables dans le grand hangar décoré de têtes de toros empaillés et d’affiches anciennes de corridas. Sur un mur, des panneaux didactiques retracent toute l’histoire de la ganaderia. L’ambiance est très amicale et la journée se termine dans l’après-midi par une visite de la ganaderia en calèche. S. et moi mettons ensuite le cap sur Saint-Etienne avant que la nuit ne tombe.
Mardi 14 novembre
J’appelle ma mère tous les jours pour prendre de ses nouvelles et surtout de celles de mon père. Ces derniers jours, les choses ne s’arrangent pas. Il ne va pas mal. Les infirmiers qui depuis lundi de la semaine dernière viennent le laver le matin constatent qu’il est en assez bonne santé. Mais malgré les arrêts des piqûres d’insuline rapide et aussi de certaines piqûres d’insuline lente, son taux n’évolue pas. Ce qui veut dire qu’il risque à tout moment une hypoglycémie. Ma mère est anxieuse. Je sens qu’elle s’attend à sa mort rapide et surtout brutale. Mais elle ne le dit pas. Elle constate juste que ça ne progresse pas dans le bon sens.
Ce matin, je dois être à Lyon à 10h00 pour un cours à l’ESAM (Vaise). Mais l’autoroute est coupées à Givors par un grave accident et impraticable. Lyon est une fois de plus inaccessible. Je fais demi-tour et donne mon cours à distance. Un peu avant 10h00, j’appelle le portable de ma mère et c’est mon père qui répond. Elle est allée faire des courses et a laissé l’un des deux téléphones à mon père en cas d’urgence. Elle n’ose pas l’abandonner trop longtemps. Il me parle comme d’habitude. Sa voix est assez tonique, presque enjouée. Je m’excuse de l’avoir réveillé. Il proteste : « Mais non, tu ne me réveilles pas. Je ne dormais pas. Je bouquine... Oui, ça va. Je suis bien quand je suis couché. Je continue de me lever pour les repas, mais après je me recouche. Je suis très fatigué. C’est pénible. Mais pas douloureux. » Il ne se plaint pas. Il sait ce que je pense mais ne veut pas me faire peur avec la mort qui rôde. Il me préserve comme il préserve ma mère. Il y a beaucoup de non-dit chez mon père. Il ne veut pas faire souffrir inutilement. Il pense beaucoup. Il passe son temps à cela. Et à somnoler. Il a l’air serein, à part dans de petits moments où il se prend la tête entre les mains, mais il évite.
Je lui souhaite une bonne journée, lui dis de bien manger même sans appétit. Je voudrais tant qu’il ne meure jamais.
Mercredi 15 novembre
« Tout me fatigue, même ce qui ne me fatigue pas. Ma joie est aussi douloureuse que ma douleur.
« J'aimerais être un enfant qui jette des bateaux en papier dans l'étang d'une cinquième avec une canopée rustique de filets de vigne mettant des échecs de lumière et d'ombre verte sur les reflets sombres de la petite eau.
« Entre moi et la vie, il y a un cristal trempé. Même si je vois et comprends clairement la vie, je ne peux pas la toucher.
« Ratiociner ma tristesse ? Pourquoi, si la raison est un effort ? Et qui est triste ne peut pas faire d'efforts.
« Je n'abdique même pas ces gestes banaux de la vie que j'aimerais tant abdiquer. Abdiquer est un effort, et je n'ai pas l'âme pour faire des efforts.
« Combien de fois je suis triste de ne pas être le pilote de cette voiture, le conducteur de ce train ! Toute autre supposition banale dont la vie, parce qu'elle n'est pas la mienne, me pénètre délicieusement de l'aimer et m'appuie sur quelqu'un !
« Je n'aurais pas l'horreur de la vie comme une chose. La notion de vie comme un tout ne m'étoufferait pas les épaules de la pensée.
« Mes rêves sont un abri stupide, comme un parapluie contre la foudre.
« Je suis si inerte, si pauvre, si manque de gestes et d'actes.
« Même si je suis en train de m'embrasser, tous les raccourcis de mon rêve vont prendre les clairs de l'angoisse.
« Même moi qui rêve tant, j'ai des intervalles où le rêve me fuit. Alors les choses sont claires pour moi. Le brouillard dans lequel je m'enferme s'estompe. Et toutes les arêtes visibles blessent la chair de mon âme. Tous les regards durs me blessent ce qui en moi les connaît durs. Tous les poids visibles des objets pèsent à l'intérieur de mon âme.
« Ma vie c'est comme si j'étais frappé avec. »
(Ferdinand Pessoa, Intervalle douloureux, Le Livre du désarroi)
Quand un garçon de 14 ou 15 ans découvre qu'il est plus donné à l'introspection et à la conscience de lui-même que la plupart des garçons de son âge, il commet facilement l'erreur de croire que c'est parce qu'il a atteint une maturité supérieure à celle de ses collègues. J'ai certainement fait cette erreur. En réalité, cette tendance à l'introspection était due, dans mon cas, au fait que j'avais plus besoin que les autres de me comprendre moi-même. Ils pouvaient se comporter selon leur façon naturelle d'être, alors que je devais jouer un rôle, ce qui exigeait une compréhension et une étude remarquables de moi-même. En conséquence, ce n'était pas dû à la maturité mais à mon sentiment d'incertitude, d'inconfort, qui m'obligeait à avoir pleinement connaissance de moi. Cette conscience était un pont qui me menait à l'aberration, et alors ma façon de penser devait se limiter à l'incertitude, à la formulation d'hypothèses.
(Yukio Mishima, Confessions d’un masque)
C’est fou ce que le vide parle. Parce qu’il se « plein » ?
Delearium, l’un des fan-clubs internationaux d’Amanda Lear, m’a gratifié d’une publicité sur mon essai sur la star, qui vient de sortir il y a deux jours. Sympa. Je les remercie chaleureusement.
On November 13, 2023 'Amanda Lear, celle qui n'existait pas' (Amanda Lear, the one who didn't exist) was published by Éditions Edilivre in Paris. This book in French has 190 pages and is written by Christian Soleil. The preface is written by French journalist Jean-Noël Mirande. It's available as a paperback and also as an ebook. To order the book go to : https://www.edilivre.com/amanda-le
Néron, l'empereur artiste revu à la hausse par les historiens les plus vaillants, avait beaucoup de mépris pour la secte cannibale
. Bien sûr, chez les cannibales comme ailleurs, il y a les ouverts, souvent très ouverts, et les intégristes, de plus en plus intégristes ; question d'époque.
J'avais noté, quand j'ai publié quelques livres sur des questions de tauromachie et quelques portraits de toreros français, que cette activité, bien que connaissant, depuis son introduction en France au milieu du XIXe siècle, une croissance continue et jamais démentie, pouvait déclencher, chez les pro-life, des hostilités exprimées à grands renforts d'insultes ou de menaces de mort. L'illettrisme fonctionnel qui gangrène la société française ne permet pas à chacun d'exprimer ses idées et ses nuances : permet-il seulement d'en avoir ?
Je ne pensais pas, en publiant un livre modeste et exigeant, il y a trois jours, sur Amanda Lear, revivre une expérience un peu similaire. L'ouvrage est à peine diffusé : il sera présent sur les librairies en ligne et dans les librairies physiques dans trois semaines environ. Il n'est donc pas encore lu, que déjà je reçois des messages d'intérêt (non pour mon livre mais pour son sujet, le personnage d'Amanda Lear, et principalement pour ses activités artistiques plus ou moins connues). Je suis moi-même surpris par le nombre de personnes qui, sans la connaître vraiment, se font une idée assez juste de sa créativité d'auteur (de romans, de textes de chansons, de biographies, de livres d'humour), de peintre ou de meneuse d'émissions de télévision pour ne parler que d'une petite partie des activités de cette artiste multiple (comme Cocteau, Lorca, Pasolini) . Paradoxalement, j'ai déjà reçu, aussi, quelques messages de vive voix ou sur les réseaux, de personnes qui, loin d'être capables de comprendre, jugent vite et par paresse, souvent parce qu'elles se prennent pour leur propre dieu unique qu'elles desservent de manière dramatique. J'ai donc déjà été envoyé au diable (celui de la chanson de Brel ?) pour avoir écrit sur une personne qu'ils imaginent sans la connaître, comme ces paysans russes qui insultaient Marina Vlady quand, dans les débuts de la télévision, ils la confondaient allègrement avec ses rôles, ne disposant pas de la culture nécessaire à une salutaire prise de recul.
Amanda Lear, évidemment, serait indifférente à cette valse des cons qu'elle dut sûrement
