Amy Winehouse, Enfant de Londres
Par Christian Soleil
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À propos de ce livre électronique
Amy Winehouse n'a jamais vraiment quitté Londres.
Elle en fut l'enfant rebelle, la voix trop vaste pour les trottoirs de Camden, l'étincelle fragile qui transformait chaque nuit en promesse, chaque concert en confession. Dans Amy Winehouse, Enfant de Londres, Christian Soleil remonte le fil de cette trajectoire fulgurante, sensible comme une corde de guitare qu'on accorde au cœur battant de la ville.
Entre pubs enfumés, studios bricolés et amitiés indociles, il raconte une artiste qui chantait comme on respire : par nécessité. Une jeune femme dont la grâce désaccordée disait les excès, les élans, les blessures, mais aussi l'humour tranchant, le panache, et cette façon d'avancer coûte que coûte, même quand la nuit pesait plus lourd que la scène.
Ce livre est un hommage — tendre, lucide, vibrant — à une Londonienne dont la légende n'a rien effacé de l'humanité. Un portrait où la musique, la ville et le destin se mêlent pour rappeler que certaines voix ne s'éteignent jamais : elles continuent d'errer, libres, dans les rues qu'elles ont aimé brûler.
Christian Soleil
Christian Soleil est écrivain, essayiste et dramaturge. Auteur de plus d'une soixantaine d'ouvrages, il explore depuis plusieurs décennies les zones de rencontre entre l'histoire, la littérature et la psychologie humaine. Ses livres, souvent nourris de figures illustres — d'Alexandre le Grand à Napoléon, de Cléopâtre à Jules César — questionnent la part d'ombre et de lumière qui guide les destins exceptionnels. Conférencier passionné, homme de culture et de transmission, il mêle érudition et sens du récit, offrant au lecteur une écriture à la fois documentée, vivante et sensible.
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Avis sur Amy Winehouse, Enfant de Londres
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Aperçu du livre
Amy Winehouse, Enfant de Londres - Christian Soleil
Christian Soleil
Amy Winehouse, enfant de Londres
Cosmo édition
Pour Christine de Carvalho, rencontrée en 1980 sous le signe de la musique.
‘‘We are asleep.
Our life is like a dream.
But in our better hours we wake up just enough to realise that we are dreaming."
Ludwig Wittgenstein.
Les lumières de Tokyo
––––––––
Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai entendu la voix d’Amy Winehouse. C’était au cours de l’été 2003. Je sortais de l’Arty Farty, une boîte du district de Shinjuku Nichôme, à Tokyo, les oreilles remplies des musiques passées ce soir-là, qui allaient de Michael Jackson à Yoshiki, le chanteur-pianiste-batteur de X-Japan. L’ami qui m’accompagnait, Mario Iwanaga, un jeune homme d’une vingtaine d’années, à la double nationalité péruvienne et japonaise, a brusquement placé ses écouteurs sur mes oreilles en me disant en japonais : « Il faut que tu écoutes ça, Christian. C’est puissant. Je suis sûr que ça va changer ta vie. » Il avait raison. Ce moment reste marqué dans ma mémoire comme peuvent l’être les instants-clefs de nos vies : la mort d’Hervé Guibert, l’accident de Lady Diana sous le pont de l’Alma, l’attentat du World Trade Center, la mort de Michel Tournier, celle de David Bowie. Une voix venue de très loin se mit à résonner dans tout mon cerveau. C’était comme plonger dans une piscine. Une voix sans âge. Une voix sans époque. Une voix qui transcendait tout ce que je connaissais. J’avais le sentiment qu’elle éveillait en moi à la fois des pulsions archaïques et des sentiments sophistiqués. C’était une musique semblable à une sculpture de Picasso inspirée d’arts premiers africains.
Mais diable, qu’avait-elle donc, cette voix ? Une voix puissante mais fragile, offerte mais brisée, généreuse mais prudente à la fois. Une voix lancinante comme un chant religieux, à la manière des mantras bouddhistes que l’on peut entendre au temple Daishô-in, au plein cœur d’août, dans la forêt vibrante d’insectes, sur l’île de Miyajima, près de Hiroshima. Une voix détachée, hésitante et sûre d’elle à la fois. Hésitante en apparence seulement, parce qu’elle ne semblait jamais tout à fait là où elle devrait être. Rebelle par essence. Sûre d’elle parce qu’elle se contentait, sans le moindre effort apparent, de poser le texte par petites touches impressionnistes, un peu comme le peintre postimpressionniste Duncan Grant, dans son jardin de Charleston, posait ici et là, l’air de ne pas y toucher, de petites taches de couleur qui à la fin constituaient un paysage du Sussex fidèle au regard de l’enfant qui le voit pour la première fois.
Oui, Amy Winehouse, puisqu’il s’agissait d’elle, embrasait tout Tokyo. Elle se fondait dans les lumières au néon de Shinjuku, elle s’immisçait dans les coins les plus reculés de mon cerveau, elle pénétrait des zones inconnues de moi-même et réveillait des douleurs enfantines, les pansait et me souriait. La voix d’Amy me renvoyait à celle de ma mère, les après-midis d’été, dans l’appartement de la rue Fougerolles, à Saint-Etienne : fenêtre ouverte sur la rue de derrière, le soleil pénétrant dans la cuisine par vagues successives, une sorte de musique céleste. Cette voix me disait que rien ne dure mais que tout est éternel. De fait, je peux en fermant les yeux revoir précisément chaque instant de notre lente déambulation dans les rues de Tokyo, revoir le visage de Mario et chaque détail de son corps sous le tissu moulant de son tee-shirt et de son short en jean.
Mario et moi avons pris le métro à la gare de Shinjuku. Je ne lui avais pas rendu ses écouteurs mais il avait gardé, attaché à la taille, son petit appareil MP3. Nous étions reliés par un fil, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Je n’ai pas de goût pour les laisses mais là, j’étais transporté, donc indifférent au contexte. Présent aux perceptions du moment par tous les pores de ma peau. Vivant. Dans l’étonnement du premier jour. Exactement comme quand on tombe amoureux et qu’on a l’impression que le monde, jusque-là informe et vide comme une espèce de soupe sans saveur, gigantesque et insipide, se met à ressembler enfin à quelque chose. J’étais amoureux, en effet. Et comme le disent les Japonais, « suki desu », « il y a de l’amour ». Sans sujet et sans objet. Une vérité qui s’impose. Alors, amoureux de Mario, de Tokyo ou d’Amy. Tout cela à la fois, sans limites et sans distinction. Sans liites, c’est une bonne manière de débuter un livre sur Amy. C’est d’ailleurs le titre de la biographie qu’un Français lui a consacrée : No Limit.
Me voilà donc marchant aux côtés de Mario à l’orée du Golden Gaï, Amy sur les oreilles et dans le cerveau. Ella Fitzgerald rejoignait Billie Holiday, les pulsions de vie tricotaient autour des pulsions de mort, à moins que ce ne fût l’inverse, un univers singulier qui touchait à l’universel. Ce n’était pas un album. C’était un univers. Dans le métro pour Asakusa, tandis que la tête de Mario basculait lentement sur mon épaule et que dehors défilaient les lumières de Tokyo, je pensais à la célèbre phrase de Picasso : « Tout ce que nous pouvons imaginer est réel. » Me revenait aussi en mémoire le « rêve de Ludwig Wittgenstein : « Nous dormons. Notre vie est comme un rêve. Mais dans nos meilleures heures nous nous éveillons juste assez pour réaliser que nous rêvons. » En effet, j’étais dans un rêve : le rêve de Tokyo, le rêve de Mario, qui m’accompagnait depuis un an de Tokyo à Kyoto, de Paris à Londres, de Saint-Pétersbourg à New York, le rêve d’Amy WInehouse, cette illustre inconnue qui commençait de percer le ciel de la célébrité, qu’elle allait traverser comme une comète dans les prochaines années. L’album s’intitulait Frank.
Une gouaille londonienne
––––––––
Elle s’appelle Amy Jade Winehouse. Elle naît le 14 septembre 1983 à Southgate, un quartier de l’arrondissement d’Enfield à Londres, dans une famille juive où l’on écoute du jazz du matin au soir. Son père, Mitch Winehouse, est installateur de fenêtres avant de devenir chauffeur de taxi. Sa mère, Janis Seaton-Levy, employée dans une pharmacie. Quant à Alex, son frère aîné, il est né en 1979. Amy Winehouse étudie d’abord à la Southgate school puis à l'Ashmole school, dans son quartier.
Southgate, contrairement à ce que son nom semble indiquer, est un quartier du nord de Londres, qui se développe principalement dans l'arrondissement londonien d'Enfield, bien que certaines parties de ses franges occidentales se trouvent dans celui de Barnet. Il est situé à environ 12,9 km au nord de Charing Cross. Le nom est dérivé de la porte sud (« south gate » en anglais) à Enfield Chase. C'est une banlieue de larges routes bordées d'arbres. C’est là qu’est né le célèbre auteur Leigh Hunt et qu’a vécu le non moins
