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Entre deux feux: La Porteuse de Lumière
Entre deux feux: La Porteuse de Lumière
Entre deux feux: La Porteuse de Lumière
Livre électronique341 pages4 heuresLa Porteuse de Lumière

Entre deux feux: La Porteuse de Lumière

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À propos de ce livre électronique

Les problèmes ont tendance à ne pas vouloir nous lâcher, le clan et moi. J’ai même franchement l’impression que tout part à vau-l’eau.

Comme je ne suis pas du genre à me laisser faire, je vais me jeter dans la gueule du loup, même si ça signifie perdre celui que j’aime et défier ma propre nature.

Je suis prête à tout pour sauver les miens !

Mais, parfois, à quelque chose malheur est bon, parce que je vais faire d’étonnantes découvertes.

Et recevoir l’enseignement du plus ancien des vampires que la terre a portés

À PROPOS DE L'AUTRICE

Née à Paris en 1968, Frédérique de Keyser met à profit une période d’inactivité pour tenter l’aventure de l’écriture.

Férue d’ésotérisme et de spiritualité, fascinée par les créatures fantasmagoriques de tous horizons et éprise de la langue française, ses mots la conduisent tout d'abord vers un genre littéraire où hermétisme, mythes, sentiments et sensualité peuvent s’unir.

Elle est notamment l'auteur du roman Le Jardin d'hiver, La Morsure d'Eros, de la série "Luxuria" (aux éditions Erato), de novellas numériques, parues chez J'ai Lu pour Elle, collection Crépuscule, et de la série "Siana, Vampire Alchimique".











LangueFrançais
ÉditeurErato Editions
Date de sortie21 nov. 2025
ISBN9782374476667
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    Aperçu du livre

    Entre deux feux - Frédérique De Keyser

    Frédérique De Keyser

    La Porteuse de Lumière

    Entre Deux Feux

    Roman

    Erato-Editions

    ISBN format papier : 978-2-37447-667-4

    ISBN numérique : 978-2-37447-666-7

    Septembre 2023 © Devah.fr - Tous droits réservés

    Couverture et Graphisme: ©Devah.fr - Adobe Stock

    Suivi éditorial : Eva Saracino

    Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales

    Erato-Editions est une marque commerciale de Devah.fr

    Chapitre 1

    Encore un réveil en sursaut.

    Encore un cauchemar.

    Encore une intrusion de l’Alchimiste et toujours cette sensation poisseuse qui me colle à la peau et à l’âme.

    Pas moyen de me débarrasser de la vision.

    Pourquoi et comment Pierre s’insinue-t-il dans mon sommeil ?

    À cause de mon don ou du dégoût qu’il m’inspire ?

    Je ne suis pas la seule à ne pas l’apprécier, Søren ne le supporte pas non plus, mais dans son cas, la répulsion s’est manifestée dès le début. À noter que c’est réciproque ; ces deux hommes ne peuvent pas se blairer.

    Ce n’est pas la seule chose qu’ils ont en commun.

    L’Alchimiste me veut et me désire.

    Mais c’est le vampire qui m’a séduite et lui aussi me désire.

    Enfin, aux dernières nouvelles, parce que mon amant s’est mis dans la tête que j’ai un lien magique et intime avec cet homme, ne serait-ce qu’en raison de notre nature identique, et reste persuadé que là réside la cause des rêves qui habitent mes nuits depuis plus d’une semaine. Depuis la fuite de Pierre après sa cuisante défaite.

    Très jaloux, mon compagnon se fait facilement des idées et lui faire entendre raison relève de l’épreuve de force. Je n’ai d’ailleurs toujours pas réussi à convaincre cette tête de bois qu’il se trompe.

    À croire que cet homme a fait le vœu de m’en faire baver même s’il peut être un amour quand il veut. En revanche, vampire, sexy et lubrique, ça, il l’est h24.

    Le sommeil me fuyant toujours, je me tourne vers Søren. Sa présence à mes côtés me rassure et contempler sa beauté est un réel plaisir. Sans doute a-t-il senti mon malaise grâce au lien de sang qui nous unit, car il ouvre les yeux, me prend dans ses bras me demande ce qu’il m’arrive.

    Pas question de lui avouer que j’ai encore rêvé de Pierre. Mon silence suffit pourtant à le lui faire comprendre et il me demande tout bas :

    — Siana, quels sont tes sentiments pour lui ?

    — De la haine, de la terreur et du dégoût.

    En toute franchise, ça n’a pas été toujours le cas et Pierre est un homme physiquement splendide ; je ne suis cependant pas assez stupide pour avoir dit à Søren ce que je pensais du physique de ce grand Celte aux yeux vairons. D’autant que sa beauté ne compte pas, plus depuis que je connais l’ignominie de son être.

    — Quand je pense qu’il a posé les mains sur toi ! gronde-t-il une fois de plus.

    Ça tourne à l’obsession chez lui, mais je comprends et apprécie que Søren ait envie de faire payer à Pierre tout ce qu’il s’est permis sur moi.

    De fait, il m’a bien fait comprendre que je lui plaisais et si nous avons eu des contacts un peu rapprochés, ce n’était que pour les besoins de l’élaboration du philtre qu’il a conçu.

    Et ça, Søren le sait, je me suis montrée honnête avec lui sur ce point, lui racontant tout ce qui s’est passé entre nous.

    J’ai toutefois la très désagréable impression qu’il m’en veut de plaire à l’Alchimiste, comme si c’était ma faute et comme si j’y pouvais quelque chose.

    Comme si j’étais aussi responsable de ce que je suis et de l’effet que je fais à autrui, vivant ou vampire.

    Il est d’ailleurs probablement conscient que c’est faux, mais ces derniers temps, il n’est plus aussi attentionné ni démonstratif.

    Comme s’il avait baissé les bras.

    Sans être ouvertement distant, je le sens malgré tout s’éloigner de moi.

    Déjà.

    Ne pouvant me rendormir, je m’écarte à regret de Søren qui n’a plus dit un mot. Son air pensif s’est fait maussade et m’indique qu’il est inaccessible, alors je quitte le lit pour gagner la salle de bain.

    Je commence à savoir comment réagir pour ne pas provoquer sa colère. Sans être brutal, avec moi en tout cas, son caractère en fait un être secret, sombre et volcanique qui peut être violent dans ses paroles.

    Søren a fini par se lever et va s’enfermer dans la salle de bain peu après que j’en suis sortie. Je n’ai eu droit à rien, aucun baiser, aucune une petite attention ou signe. Pas même un regard. J’ai tout à coup l’impression d’être transparente, exclue de son monde.

    Une fois arrivés au siège du clan, une belle demeure située à la lisière du quartier du Marais à Paris, Søren et moi descendons directement dans la grande salle du sous-sol.

    Comme il le fait toujours, Karl nous ouvre la porte juste au moment où nous nous y présentons puis la referme derrière nous.

    Depuis son bureau tout au fond de la pièce, Niall patiente au téléphone et nous fait signe de nous asseoir.

    La veille, il s’est décidé à révéler au Conseil des Anciens tout ce qu’il avait tu jusqu’ici. Il est pleinement conscient que son silence lui coûtera très cher, mais n’a d’autre choix que de couper l’herbe sous le pied de l’ennemi. Cela ne déviera pas Pierre de son but, mais Niall préfère nettement prendre ses responsabilités plutôt qu’être vendu.

    Faute avouée…

    Ou pas.

    Son visage se décompose, il prononce deux ou trois oui et raccroche. Comme il ne semble pas disposé à nous dire quoi que ce soit, nous n’avons d’autre choix que gérer notre inquiétude comme nous le pouvons en attendant qu’il se décide à cracher le morceau.

    — Le Conseil se déplace, nous annonce-t-il, consterné.

    Horrifié, Søren s’exclame :

    — Quoi ?

    Niall se prend la tête entre les mains puis ramène sa longue chevelure acajou en arrière.

    — Trois d’entre eux, précise-t-il. Adar, Kanila et Nabu.

    — Eh merde ! s’écrie encore Søren qui visiblement n’en croit pas ses oreilles. Bordel, c’est la merde.

    Ce que Niall ne confirme pas verbalement, mais vu sa mine, ce doit être le cas.

    Søren se mure dans le silence, sa colère se manifestant par un air prodigieusement sombre.

    J’ignore quant à moi totalement qui sont ces trois vampires tant redoutés par Søren et Niall, mais cela ne présage rien de bon. Je n’ose pourtant pas poser de question.

    — Adar et Kanila sont les pires parmi tous les membres du Conseil, m’informe néanmoins Niall. Nabu en est le chef ; il est extrêmement ancien et si lui se déplace en personne, c’est que ça va barder pour mon matricule, bien qu’il ait la réputation d’être plutôt juste. Ils veulent te voir aussi, ils arrivent demain.

    Glurps.

    Il va sans dire que je n’ai aucune envie de rencontrer ces créatures antédiluviennes, surtout si Niall lui-même les craint à ce point.

    — Et je risque une sanction ? m’inquiété-je.

    — Tu n’as fait qu’obéir à mes ordres, je prendrai donc tout sur moi.

    — Mais non ! m’exclamé-je. Sans moi…

    — Je crois que Nabu est surtout curieux de te rencontrer, conclut-il.

    Ce qui, je suppose, est censé me rassurer.

    Pas très concluant.

    Je n’insiste pourtant pas.

    Niall réquisitionne Karl, Alice et Lucas pour préparer les suites devant accueillir les membres du Conseil ainsi que les chambres pour l’huissier et le service de sécurité dont s’entoure le Conseil lors de ses déplacements ; les trois anciens logeront au-dessus du bar, les autres occuperont les chambres des premier et second étages, la grande salle du troisième étant réservée aux réunions et audiences.

    En sortant de la grande salle, les trois vampires sont bousculés par une tornade blonde qui se rue dans notre direction en hurlant des imprécations. Laquelle n’étant autre qu’Amandine, la compagne de Daniel.

    Contrairement à ce que Niall affirme, dans mon esprit je suis aussi responsable que Pierre de la disparition de Louise et de Daniel et il y a fort à parier qu’il en est de même dans celui de cette femme.

    Par conséquent, elle ne peut en avoir qu’après moi.

    Ce qu’elle me confirme juste après nous avoir rejoints en me hurlant dessus :

    — Espèce de pourriture ! Tout est ta faute !

    Je me lève d’un bond et instinctivement recule en direction de la chambre secrète.

    Søren intercepte la furie blonde et l’empêche de me sauter à la gorge en la prenant dans ses bras pour la maîtriser.

    Elle me lance un regard rempli de haine avant de se blottir tout contre lui.

    Effarée par sa violence, tant en geste qu’en parole, je suis aussi choquée et très irritée par sa manière de se lover contre mon amant.

    L’étreinte de Søren a le mérite de la dompter, ce qui ne l’empêche pas d’exiger des explications de la part de Niall… qu’elle accuse presque d’avoir délibérément sacrifié deux des siens.

    Quant à moi, elle me réclame carrément des excuses. Autant dire qu’elle peut se les m… toujours attendre. D’autant que, encore sous le coup de la surprise de son arrivée et de son attitude, une vision me paralyse à ce moment-là : Pierre est dans la pièce, juste en face de moi. Il rit puis disparaît.

    Dédaignant les exigences de la demoiselle, Niall s’est aperçu de mon malaise et se rapproche de moi. Toujours traumatisée par la terreur et le dégoût que la vue de l’Alchimiste a fait ressurgir, je suis incapable de répondre à la question muette de son regard. M’adossant au mur, ma tête dans mes mains, je ferme les yeux pour tenter de me reprendre. Mon cœur bat à tout rompre.

    — Je viens de voir Pierre, finis-je par lui avouer. Il était là, juste devant moi.

    — Ah, vous voyez ! persifle Amandine dans un rire mauvais. Elle est de mèche avec lui. Je suis sûre qu’elle lui raconte tout ce qui se passe ici.

    — Encore lui ? grogne ensuite Søren.

    Manifestement insensible à ce que je peux ressentir, il s’approche de Niall et moi et ajoute sombrement :

    — Ça devient une obsession.

    Je lui jette un coup d’œil blessé et un reproche qui me vaut un regard empli de rancœur :

    — Merci du soutien.

    Niall détourne mon attention de mes problèmes avec mon amant avec une remarque :

    — J’ai l’impression que ton pouvoir se développe.

    Je ne suis pas en état d’apprécier ce « progrès » et m’énerve :

    — Ouais, beh, si c’est pour voir ça, je m’en passerais volontiers !

    Niall, lui, reste calme et me conseille de sa voix douce :

    — Tu devrais apprendre à le contrôler.

    Puis, soucieux de mon état, lui, il me demande :

    — ça va mieux ?

    — Ouais, grommelé-je en jetant un coup d’œil mauvais à Amandine.

    Søren l’a carrément enlacée cette fois-ci et tous deux discutent à voix basse.

    Je me redresse puis reporte mon attention sur Niall avant de soupirer :

    — Je vais à la bibliothèque.

    Travailler me changera peut-être les idées ? Quoi qu’il en soit, j’ai besoin d’être tranquille.

    Lorsque je passe à leur niveau, Amandine me jette un coup d’œil qui ne me plaît pas du tout. Dans son regard haineux brille une autre lueur que j’interprète comme du sarcasme.

    Søren quant à lui m’ignore si superbement qu’il me faut lutter pour interdire à la jalousie de me dominer. Je sais qu’Amandine et lui se connaissaient déjà avant que Daniel ne devienne un disciple forcé de Pierre, mais je les trouve tout de même un peu trop proches et trop complices.

    Seule dans la bibliothèque, je tente de me calmer en me concentrant sur mon travail : organiser la superbe collection de livres du clan, très anciens, très précieux et très en bordel qui s’entassent dans les pièces du rez-de-chaussée et du premier étage.

    J’en suis empêchée par Søren qui se souvient tout à coup de mon existence et vient voir si je vais bien. Au bout d’une heure. J’ai la douloureuse impression qu’il s’enquiert de mon état par acquit de conscience plutôt que par réelle inquiétude. D’ailleurs, son ton dénué de chaleur aurait démenti une quelconque crainte qu’il aurait pu éprouver.

    — Tu te sens mieux ?

    — Pas vraiment, marmonné-je. Je… Je peux te demander quelque chose ?

    — Je t’écoute.

    — Tu connais bien Amandine ?

    — Oui.

    — Et tu la connais comment ?

    — L’Alchimiste, tu le connais comment ? rétorque-t-il d’un ton venimeux et plein de sous-entendus.

    Son regard assombri par la colère me transperce le cœur autant que son insinuation bien entendu motivée par des représailles pour la mienne. Il ne s’attarde pas et me laisse seule avec mes doutes et mon dépit. Deux sales bêtes capables de ronger un cœur aussi bien qu’un esprit.

    Søren est une fois de plus furieux contre moi alors que je n’ai rien fait de mal.

    Est-ce ma faute si ces visions me viennent et si Pierre s’y trouve ? J’espérais recevoir un peu de réconfort et de compréhension, je n’ai eu qu’aigreur et suspicion.

    Retenant des larmes de frustration, je me remets au travail, sans aucun entrain.

    Quelques heures plus tard, mon rangement n’a pas beaucoup avancé.

    Assise par terre en tailleur, un gros volume en appui sur mes genoux, je réfléchis. J’aurais dû me préoccuper de savoir dans quelle catégorie le classer, mais j’ai la tête ailleurs et n’arrête pas de ruminer, de penser au comportement de Søren. À celui d’Amandine aussi.

    Des voix résonnant dans le hall m’incitent à abandonner ma tâche qui ne m’a jamais paru aussi fastidieuse. Et pourtant je les aime tous mes compagnons prolixes, bien que silencieux.

    Si je ne me trompe pas, Karl, Alice et Lucas descendent, croisant Amandine et Søren qui remontent de la grande salle du sous-sol.

    — Je raccompagne Amandine, me lance Søren sans avoir le courage de me regarder en face. Ça te dérange de rentrer seule ?

    Ben voyons !

    Scandalisée, je préfère ne pas répondre. Mieux vaut ne pas lui exposer le fond de ma pensée. Mon silence pousse pourtant Søren à affronter mon regard, mais il le détourne juste après, comme s’il avait quelque chose à se reprocher ou peur que j’y voie ses réelles intentions.

    Leur tournant délibérément le dos sans avoir prononcé un mot, je rejoins ce qu’il reste de notre clan en bas. J’ai malgré tout eu le temps de surprendre le petit sourire narquois esquissé par Amandine.

    Je commence à me demander si elle n’a pas toujours eu des vues sur Søren, la disparition bien pratique de Daniel lui permettant de parvenir à ses fins. Ou alors, elle veut les deux. Ou encore, ses manœuvres ne sont destinées qu’à me tourmenter, moi. J’ai bien compris qu’elle me hait et compte me faire payer pour tout ce qui est arrivé.

    Elle a trouvé le moyen parfait de me faire du mal.

    Quant à savoir si elle envisage d’aller plus loin…

    — Tu n’es pas partie avec eux ? s’étonne Niall en me voyant franchir le seuil de la grande salle.

    — Comme tu vois, je n’ai pas été invitée, réponds-je avec lassitude en m’affalant sur une chaise.

    — Je te raccompagne, m’informe-t-il dans un soupir, comme si l’attitude de Søren le chagrinait autant que moi. Je tourne en rond ici.

    Le voir si abattu m’incite à m’excuser :

    — Je suis désolée,

    — Laisse tomber, Siana, tout est ma faute. J’aurais dû tout leur raconter dès le début.

    Pendant que Niall achève ce qui l’occupe, je ressasse d’amères pensées. Encore.

    Si Søren m’apprécie autant qu’il me l’a dit, pourquoi agit-il ainsi ? C’est pourtant bien lui qui a parlé en premier de nous lier. Lui qui m’a avoué vouloir devenir mon compagnon !

    Alors quoi ? S’est-il déjà lassé ? Ne voulait-il en fin de compte qu’une expérience avec quelqu’un comme moi ? Était-ce de la curiosité ou a-t-il cédé à l’étrange influence que je produis sur les autres vampires comme on cède à la magie d’un filtre ? Et, les effets s’estompant, il se rend compte un peu plus chaque jour que la situation ne le satisfait pas ?

    Ne pas savoir me ronge.

    Savoir qu’il ne répondra sans doute pas si je le questionne aussi.

    Niall est fatigué et morose, moi-même n’ayant pas le cœur à discuter, le trajet de retour est des plus silencieux. S’arrêtant en bas de notre immeuble, sans couper le moteur, il me donne rendez-vous pour le lendemain à 21 heures pour notre audience devant le Conseil.

    — Tu ne rentres pas ? m’étonné-je.

    — Non, je vais faire un tour sinon je vais devenir fou. À demain, Siana.

    Découvrant Søren assis dans le canapé, tout près d’Amandine, je marque une pause sur le pas de la porte. Je n’en crois tout simplement pas mes yeux. Il ne l’a pas raccompagnée chez elle, mais ramenée chez nous !

    Chez lui, rectifié-je mentalement en me demandant si j’y ai encore ma place.

    Mon arrivée semble avoir interrompu une discussion qu’ils n’ont manifestement aucune intention de poursuivre en ma présence.

    Je me laisse tomber dans l’un des fauteuils, parce que je suis claquée, mais aussi parce que je refuse de faire le plaisir de mon absence à Amandine.

    — Nous devons absolument retrouver Daniel ! s’exclame-t-elle justement, comme si elle était la maîtresse des lieux et avait une quelconque autorité sur moi.

    — Et Louise, ajouté-je en la regardant droit dans les yeux.

    — Au plus vite ! Bougez-vous, faites quelque chose !

    Je reporte mon attention sur Søren qui se tient tête baissée, mais ne juge pas opportun d’intervenir.

    — C’est à elle de retrouver cet Alchimiste, insiste-t-elle en se tournant vers lui. Tout est sa faute, elle doit assumer, peu importe les conséquences.

    — Je peux tenter de le retrouver, conviens-je. Je suis en effet en partie responsable de la situation, mais…

    — En partie ? me coupe-t-elle, fielleuse. Sans vous, rien de tout ceci ne serait arrivé !

    — … mais il est absolument hors de question que je tombe entre ses pattes, poursuis-je sans tenir compte de son interruption.

    Elle a raison, sans moi, Pierre ne serait jamais entré dans nos vies pour les saccager. Toutefois, qui est venu me chercher alors que je ne demandais rien à personne ? Hein ? Qui ?

    Sans prendre la peine de la faire remarque, je me lève et prends un instant pour regarder Søren qui visiblement n’a toujours aucune intention d’intercéder en ma faveur.

    Le mieux est donc de quitter la pièce avant d’en venir aux mains avec cette insupportable greluche, ce que ma colère et ma rancœur grandissantes m’auraient poussée à faire.

    Après avoir préparé mes affaires pour l’entrevue du lendemain : un sobre tailleur-pantalon noir assorti d’un chemisier rose poudre, je m’étends sur le lit avec un bouquin, mais je suis incapable de me concentrer ; mon esprit se tourne inévitablement vers Søren et son attitude.

    Même si je peux comprendre sa jalousie, ce n’est pas une excuse pour se jeter dans les bras d’une autre une semaine à peine après m’avoir dit qu’il m’aimait.

    D’ailleurs, non, il ne m’a jamais rien dit de tel !

    Toute à mon bonheur, j’ai cru qu’il éprouvait quelque chose d’aussi fort que de l’amour pour moi, ses paroles et ses actes me laissant à le penser. Ou alors, ce n’était qu’un mirage né de mon espoir.

    Je crains de l’interroger à ce sujet, à supposer qu’il réponde, bien entendu. Non, en fait, c’est de sa réponse que j’ai peur.

    J’entends le cliquetis de la porte d’entrée qui se referme et suis surprise de voir Søren apparaître sur le seuil de la chambre peu après ; je le croyais parti avec Amandine.

    — Tu as eu d’autres visions ?

    Sa question sonne comme une accusation tant son ton est suspicieux.

    Je fais non de la tête puis lui demande :

    — Søren, pourquoi tu t’éloignes déjà de moi ?

    — Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

    Il semble si sincèrement surpris de ma question que je reprends espoir.

    Je me fais donc des idées ?

    — Je me demande si c’est bien Daniel qu’Amandine convoitait ? me risqué-je à insinuer.

    Rien qu’à son regard et ses sourcils froncés, je devine qu’il va s’emporter.

    — ça veut dire quoi exactement ? Elle est inquiète pour lui, tu peux le comprendre quand même ? Tu ne le serais pas à sa place ?

    — Je serais folle d’angoisse, conviens-je. Mais je ne me jetterais pas dans les bras d’un autre pour autant, j’ai l’impression qu…

    — N’importe quoi ! Elle sait que nous sommes ensemble.

    Et toi ?

    — Ah bon ?

    Søren ne relève pas et m’informe :

    — Demain, je vais tenter de trouver une piste pour les retrouver.

    — ça veut dire que tu ne m’accompagnes pas à l’audience devant le Conseil ?!

    À nouveau, il évite mon regard.

    — Je lui ai promis…

    — Elle est quoi exactement pour toi, Søren ?

    Sa réponse est de sortir de la pièce en claquant la porte.

    J’ai aussi ce don : le mettre en colère.

    Chapitre 2

    Je suis arrachée du sommeil par un hurlement. Le mien. J’ai fait un nouveau cauchemar ; Pierre y exposait un vampire aux rayons du soleil et l’y maintenait. Pas n’importe quel vampire. Søren.

    Étendue sur le dos, pétrifiée et terrifiée par cette vision, je fixe le plafond.

    — Encore un rêve ? murmure Søren que mon cri a dû réveiller.

    Je lui jette un coup d’œil de biais. S’il a fini par s’allonger à mon côté, il est toujours habillé et allongé sur la couette.

    Je me contente de répondre par un sobre oui.

    — Lui ?

    Là, je ne réponds pas. Je ne peux pas.

    — Qu’as-tu vu ?

    — Je ne suis pas sûre que tu veuilles le savoir, marmonné-je.

    Mais il m’ordonne d’un ton sans réplique :

    — Raconte !

    Je le fais à contrecœur et le sens se raidir de rage à mesure que je parle.

    — Tu es certaine qu’il s’agit d’une vision et pas plutôt d’un désir ?

    Sidérée qu’il me sorte un truc pareil, je me redresse et le foudroie du regard :

    — ça va pas, non !? Comment peux-tu croire que…

    Je suis tellement choquée que j’en perds mes mots. Et je n’essaye même pas de les retrouver :

    — Oh, et puis va te faire voir !

    Hors de moi, je me lève, quitte la chambre en claquant la porte pour manifester ma colère et vais me réfugier sur le canapé.

    Recroquevillée en position du fœtus, outrée par ce qu’il a osé insinuer, je ne parviens pas à me calmer ni à faire cesser le tremblement de mes mains.

    Quelques instants plus tard, la porte de la chambre s’ouvre sur Søren qui reste dans l’encadrement de la porte et me regarde un moment en silence avant de me déclarer :

    — Siana, je suis inquiet pour toi et je n’aime pas ce lien qui t’unit à l…

    — Mais je n’ai pas de lien avec lui ! le coupé-je, exaspérée. Je subis tout ça et je m’en passerais bien, crois-moi ! En plus, je ne suis pas du tout convaincue que cela vient de

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