Lumineuse traversée: Avec Jean-Paul II au sommet des 5 continents
()
À propos de ce livre électronique
Les événements que j'ai vécus sur les 5 continents durant son pontificat sont relatés ici, en voici le témoignage. Je tiens à partager la spontanéité et l'hospitalité planétaires, l'accueil dans toutes les confessions et l'élan fraternel de religieux et de laïcs dont j'ai bénéficié du fait de ma nationalité polonaise.
Les premiers chapitres s’ouvrent sur une interview retraçant l’accomplissement du voeu de mon mari de disperser ses cendres au Sahara. Ensuite ma passion pour la montagne est couronnée par l’histoire de mon ascension au Mont Blanc en dépit des obstacles que j’ai dû franchir, suivie de l’ascension dramatique du sommet de Covadonga en Espagne et du sauvetage de ma compagne d'ascension.
Le vécu d’un événement particulier du pontificat de Jean Paul II, soit la consécration de l’église Notre Dame de Fatima en Pologne, sera l’apogée de ce récit.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Née en Pologne pendant la deuxième guerre mondiale, Lucia Dorota Etchecopar a épousé un Français, ornithologue et, avec lui, a parcouru le monde. La popularité de Jean-Paul II lui a permis de fraterniser avec les personnes rencontrées dans différents pays, au-delà de leurs cultures et de leurs confessions, illustration de la rencontre œcuménique d’Assise.
Lié à Lumineuse traversée
Livres électroniques liés
Ouvrages autobiographiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEn quête de plus grand: Montagnes et explorations d'une vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMes pieds, mon sac à dos et moi: Rencontres et expériences lors d'un pèlerinage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOrthodoxy: Chesterton's Vision of Christianity's Timeless Truths (french edition) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Appel des Îles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’étrange voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHonneurs du Soleil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe chemin de l’archange - Tome 1: Sur l’échine du dragon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe hasard ou le destin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉnigmatique Siddha Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDis-Le Toi-Même: Journal Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJardin de béatitude: Cultiver son paysage intérieur pour découvrir qui l’on est Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationANGE, QUEL EST TON NOM ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’ogre, le moine et la jeune fille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn temps pour se taire: Voyage au cœur de la vie monastique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Contes de Saint Germain | À Paris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes veines du coeur au sommet de la pensée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Survie D'une Civilisation. Le Cercle de Feu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAurélia ou le Rêve et la Vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLueurs d'ermitage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ l'Est, toutes !: Marginales - 243 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne Nouvelle Opportunité Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSouvenirs d'une globe-trotteuse: Hymne à la liberté et à la joie de vivre l'instant présent Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLiaison Belge Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon Voyage Émotionnel Et Spirituel: Embrasse L’Amour La Haine Est Un Fardeau Trop Lourd Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAurea Sapientia: Le baiser de la Sagesse humaine et de la Sapience éternelle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPRÉSENTATION ÉCOLE SAINT-ESPRIT - Édition française Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Jérusalem délivrée: Épopée de la Première Croisade entre héroïsme et passions Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLekh Lekha: "Va vers toi" Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÔ, j'ai vu!: Ma malle aux souvenirs et mon carton de photographies Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Mémoires personnels pour vous
Possédé par un djinn: Une victime raconte son enfer Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Cosa Nostra: L'entretien historique Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Stick Action Spéciale: Un opérateur du 1er RPIMa raconte Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Mémoires de Casanova Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGIGN : confessions d'un OPS: En tête d’une colonne d’assaut Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Victime d'un accro au sexe: Manipulée par amour Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMémoires d'outre-tombe (L'édition intégrale - Tomes 1 à 5): Édition intégrale en 5 tomes: récit autobiographique, histoire familiale et naissance du romantisme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationKabazal - Les Emmurés de Tazmamart: Les Témoignages de Salah et Aïda Hachad sur l'enfer carcéral au Maroc Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5S'aimer soi-même à l'image de Dieu: Un chemin de guérison Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAventures et mésaventures d'une aide-soignante à domicile: Anecdotes de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationC’est mon foie, ma bataille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMariée au KGB Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'opérateur: Autobiographie d'un Navy SEAL Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation« Je veux divorcer » Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes péchés mignons de l'anorexie: Un témoignage décalé sur ce trouble alimentaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire secrète du PS liégeois: Cools, Mathot, Onkelinx, Daerden et les autres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProstituées alimentaires: Epouses, mères, étudiantes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGIGN, le temps d'un secret: Les coulisses du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa fille pas sympa: La vie chaotique et turbulente d'une jeune autiste Asperger Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Mémoires de la marquise de la Rochejaquelein Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa terre n'est qu'un seul pays: 400 000 km autour du monde en stop Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Résilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLâcher prise, c'est vivre: Un témoignage bouleversant Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Avis sur Lumineuse traversée
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Lumineuse traversée - Lucia Dorota Etchecopar
Page de titre
Lucia Dorota Etchecopar
Lumineuse
traversée
Avec Jean-Paul II
au sommet
des 5 continents
Préface de Remo Vescia
Préface
J’ai été à la fois fort ému et plein de joie quand Lucia Dorota Etchecopar m’a demandé de préfacer sa « Lumineuse traversée ». En effet, en véritable globe-trotter et en Polonaise, elle a été le témoin, sur tous les continents, de multiples témoignages de la vénération qui a accompagné Jean-Paul II durant son pontificat, et qui ne faiblit pas.
Son parcours a été marqué par l’ascension des sommets de montagnes célèbres, de même que par une élévation spirituelle encouragée par l’admiration et la révérence à l’égard du Pape polonais sur tous les continents.
Elle nous entraîne avec elle dans cette recherche de convergence à la suite du Christ, à l’œuvre dans toute la création et dans toutes les civilisations, malgré l’opposition entre la finitude humaine et l’aspiration vers l’infini que nous ressentons tous. Ce sont des convergences d’esprit religieux qu’elle a trouvées dans toutes les rencontres relatées ici, dans des moments de grâce et de richesse spirituelle, partagés par une grande variété de personnages, où que ce soit.
Je remercie Lucia Dorota, pour ce partage d’une expérience physique et mystique, pour cette évocation des sommets de vie qu’elle a eu le bonheur de vivre !
Remo VESCIA
Chargé de mission pour le mécénat auprès du Ministère
de la Culture puis aux Affaires culturelles de la Ville de Paris,
Commissaire de l’Exposition Ensemble construisons
la Terre autour de Pierre Teilhard de Chardin,
Saint François et François Cheng
Remo Vescia nous a malheureusement quittés en mars 2025.
Introduction
To see a World in a Grain of Sand,
And a Heaven in a Wild Flower.
Hold Infinity in the palm of your hand
And Eternity in one hour. (William Blake)
Voir le Monde dans un Grain de Sable
Et le Paradis dans une Fleur Sauvage
Tenir l’Infini dans la paume de sa main
Et l’Éternité dans une heure.
Les astrophysiciens nous enseignent que les étoiles depuis longtemps disparues émettent toujours de la lumière. À l’instar de celles-ci, les éblouissements lointains de certains moments de ma vie transcendent les émotions éphémères et traversent le temps avec la même intensité d’émerveillement. Dans certaines circonstances, ils peuvent resurgir de manière inattendue reliant le présent au passé. Ces « instants suspendus » dans le temps sont toujours une ineffable source de félicité.
J’ai longtemps différé l’écriture de ces pages. Aujourd’hui, le cœur débordant de gratitude, je chante avec le psalmiste : « Seigneur, comment vous rendre grâce pour tant de merveilles ? ». À l’heure où le soleil décline, j’ai souvent contemplé, au phare de Biarritz, le « rayon vert », ces secondes d’une fulgurante communion entre l’astre et l’océan. C’est l’instant où l’orange du disque solaire plongeant dans le bleu de l’océan durant une fusion silencieuse, se métamorphose devant nos yeux pour nous combler d’un sentiment océanique de plénitude et nous éblouir d’un vert émeraude annonciateur de beau temps pour demain.
Aujourd’hui le soleil décline dans ma vie, « il se fait tard et le jour baisse… » Je me prépare à plier les voiles pour rentrer à la maison du Père, ce port d’éternité où le Maître du temps me donnera rendez-vous quand Il le décidera.
Que ces pages vous accueillent et vous apportent les étincelles de lumière et de joie que je souhaite partager. Que cette joie puisse faire en vous sa demeure. Selon un dicton polonais, la joie partagée est une double joie, elle grandira, fleurira et produira des fruits succulents en son temps.
Je n’écris pas pour me répandre mais pour répandre l’espérance en partageant des fragments de ma vie où la Providence fut à l’œuvre et l’imagination surpassée. Le choix de ces fragments est sacrificiel. Je dois limiter le choix des « cadeaux reçus » pour ne pas vous saturer. Vous trouverez une mosaïque aux couleurs de l’arc-en-ciel et avec elle la marée haute de ma gratitude qui me porte aux sommets des vagues dans une déferlante de joie.
Née en Pologne, pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que mes parents étaient engagés dans la résistance (Général Sikorski) leur vie et ma vie étaient en danger quotidiennement. Dès ma naissance en 1942, j’ai bu la résistance et l’espérance avec le lait maternel. Malgré le pronostic très réservé quant à ma survie pendant l’hiver de Stalingrad j’ai vu le printemps fleurir. Dans l’adolescence une phtisie galopante a failli m’emporter dans son galop, mais la vigilance de mes parents et de ma sœur : amour, tendresse et espérance, et la thérapie d’admirables médecins furent vainqueurs.
« Vivre » est le fil d’Ariane de ces pages. Dans le labyrinthe de mon existence, depuis mon enfance la mort rôdait tout près de moi. Mais au matin clair l’espoir de vivre était toujours chevillé au corps. Puis la chance de vivre me comblait d’enthousiasme. Je trouvais la joie de vivre en tout et partout ! Plus tard, durant les tragédies et les « tsunamis » qui ont émaillé ma vie, le courage de vivre m’a permis de cueillir le jour nouveau. Lentement a germé la graine de la raison de vivre et avec elle la force de vivre. Le temps, le grand guérisseur, m’a réconciliée avec la vie, m’offrant le goût de vivre en métamorphosant ma vie en grâce de vivre.
Cultivant l’art de vivre et la liberté de vivre durant les longs mois d’hiver polonais, la lecture était mon royaume sans frontières, sans passeport, sans visa. J’avais un appétit insatiable de connaître, d’explorer pour tenir dans l’adversité, comme mes parents. Ils m’apportaient les livres de bibliothèque dans lesquels je trouvais l’évasion dans le temps, à travers les civilisations et les continents et ils fertilisaient ma débordante imagination. « Voyageur sédentaire », je tutoyais les dieux de la mythologie. Égypte, Grèce, Italie étaient les pays où j’avais des « familles nombreuses ». Je me voyais déjà au bord du Nil, sur le Mont Olympe ou sur le Mont Kosciuszko. La devise de ma famille était : « Nihil desperandum » auquel j’ajoutai « il n’est pas interdit de rêver ». Avec Marco Polo, Magellan, Christophe Colomb, Alexandra David-Neel ou Edmund Hillary, je naviguais, chevauchais les yacks ou gravissais les sommets sur toutes les chaînes des montagnes.
Aujourd’hui ma vie est une action de grâce et je la célèbre avec toutes les créatures, comme François d’Assise. L’enthousiasme aidant l’ordinaire à devenir extraordinaire, il me suffisait de m’émerveiller pour arpenter la lisière de l’Infini… Par un insondable mystère, la Providence m’a permis de me métamorphoser de voyageur sédentaire en voyageur planétaire. L’accomplissement de mes rêves s’est réalisé dans les hauts lieux de tous les pays du monde qu’il m’a été donné de « revisiter », car avant d’y être en chair et en os, j’avais déjà vécu les joies et les drames de ces hauts lieux que l’histoire, l’archéologie, la littérature et la peinture ont sauvés de l’oubli. Le temps était aboli, l’harmonie entre hier et aujourd’hui attestait le génie de l’endroit et m’apportait un sentiment profond de plénitude. Souvent mon imagination a sauvegardé les sites dans leur magnificence. Qu’importe si le temps les a lézardés, l’âme des lieux demeure, la mienne exulte et jubile à la fois. Mon regard est ébloui et unifié par leur permanence où immanence et transcendance cohabitent… Un proverbe tibétain dit : quand tu atteins le sommet continue de grimper… d’autres horizons vont se dévoiler au-dedans de toi.
Une tapisserie de mille fleurs fut tissée au cours d’un millénaire au fil des affinités et des complicités entre la France et la Pologne. La France, « fille aînée de l’Église » fut notre sœur aînée dans une infinité de domaines. Rois et reines, architectes et peintres, musiciens et hommes politiques consolidaient cet ouvrage de l’Histoire ajoutant une fleur aux couleurs chatoyantes à chaque époque.
La Pologne a disparu de la carte de l’Europe pendant 123 ans, selon Alfred Jarry « en Pologne, c’est-à-dire nulle part ». Elle a survécu grâce à l’amour exacerbé de son peuple pour la mère patrie que mes compatriotes ont su transmettre à toutes les générations. Ma vie en Pologne, d’abord sous l’occupation allemande, puis sous l’occupation soviétique, était dépendante officiellement de l’enseignement imposé par les autorités. Cependant j’ai reçu une éducation « clandestine » de mes parents et de l’Église. Elle était orale car les livres d’histoire véridique étaient interdits par les tsars puis par les communistes. Toute la diaspora polonaise transmettait à chaque génération les trésors nationaux occultés par les occupants.
En 1920, de Gaulle, attaché militaire à l’ambassade de France à Varsovie a participé à la défense de la ville durant l’envahissement bolchévique et a fait preuve d’intelligence stratégique et d’audace, face à l’armée soviétique. Sa vaillance est devenue proverbiale en Pologne avec beaucoup d’expressions jouant sur son nom comme : toute la Gaule est venue à notre secours pour nous conduire à la victoire.
Lors de sa visite en Pologne en 1967, le Général de Gaulle exprima sa vision des relations entre nos deux pays : « Polonais, Français, nous nous ressemblons tant et tant ! C’est vrai pour l’économie, la culture, la science. C’est vrai aussi pour la politique. De siècle en siècle, il n’arriva jamais que nos deux peuples se soient combattus. Au contraire le succès ou le malheur de l’un a toujours été lié au succès ou au malheur de l’autre ».
Francophile et francophone, j’ai grandi dans l’admiration de la France, patrie des arts et de l’art de vivre. Le dicton polonais « Dieu est trop haut et la France trop loin pour sauver la Pologne » fut le soupir de plusieurs générations et fut aussi le mien.
Durant mes études à l’université de Varsovie, étant assidue auprès de tous les organismes français, je fus invitée à me présenter au concours de l’ambassade de France qui offrait des bourses pour faire des études supérieures en France. À la fin de mon examen le jury me demanda de faire le portrait de trois hommes polonais qui contribuèrent à la construction de passerelles entre les deux pays et qui entrèrent dans l’histoire française à l’exception de Chopin, Poniatowski et Mickiewicz, trop connus. Posant au jury la question de savoir si je pouvais présenter trois femmes au lieu de trois hommes, le jury parut intrigué et me demanda des noms. Je donnai les noms : Maria Leszczynska, Maria Walewska et Maria Skłodowska. Mais ces noms polonais ne disaient rien au jury. En réitérant la question : quelle contribution historique ont-elles apporté à la France, je précisai alors le contexte de mes trois Marie : Leszczynska épouse de Louis XV, Walewska épouse inépousée de Napoléon Bonaparte et Marie Skłodowska, épouse de Pierre Curie. Mes portraits de ces Polonaises devaient être intéressants puisque le jury m’accorda beaucoup d’attention et de temps. Une semaine plus tard j’apprenais que le jury m’avait attribué une bourse pour préparer une thèse à la Sorbonne. Grâce à mes célèbres compatriotes méconnues par le jury ma vie a pris alors son envol.
Arrivant en France, j’ai découvert le pays de Cocagne qui me révélait monts et merveilles au quotidien. Je m’enivrais de soirées à la Comédie Française, écoutant Racine, Corneille, Molière, Rostand ou Montherlant. Ce festin des yeux et des oreilles m’enseignait une histoire vivante, vibrante, avec ses splendeurs d’architecture, de peinture, de musique où la culture est d’abord un savoir-vivre.
J’allais découvrir le pays qui avait témoigné compassion et solidarité à la Pologne durant notre douloureuse histoire. Au xixe siècle, Paris est devenu la capitale de la Pologne en exil. Les Polonais ont fondé des associations, une école, une librairie, un journal, et l’archevêché leur attribua l’église Notre Dame de l’Assomption, rue du faubourg Saint Honoré. Toutes ces créations fonctionnent toujours.
Gagnant la bourse pour les études à la Sorbonne, j’étais aux anges. Je pouvais respirer, selon l’expression de Jean-Paul II, avec mes deux poumons.
La langue française était si connue en Pologne, grâce aux gouvernantes françaises qui y sont venues nombreuses, qu’il n’existait même pas de traduction de sa littérature. C’est seulement au xxe siècle que Boy-Zelenski, un médecin polonais venu à Paris pour faire des stages, a entrepris de la traduire. C’est une œuvre monumentale, allant de « la Chanson de Roland » jusqu’à Marcel Proust. Il a reçu de nombreuses décorations parmi lesquelles la légion d’honneur. (Il a été tué par les Allemands en 1941.) Ce travail monacal et magistral fut le sujet de ma thèse de doctorat à la Sorbonne.
C’est aussi dans ce pays que j’ai rencontré Robert-Daniel Etchecopar « l’homme ailé » qui a voué sa vie à l’oiseau et à ses mystères. En l’épousant quelques années après mon arrivée en France, je partageai aussi sa passion pour les oiseaux migrateurs qui nous faisaient rêver en Pologne, car ils n’avaient pas besoin de passeport pour traverser les frontières. Grâce à mon époux, responsable d’un Centre de recherche (CRMMO) sur les migrations des mammifères et des oiseaux au MNHN (Museum National d’Histoire Naturelle) et à mon passeport français, je pus suivre avec lui « les autoroutes du ciel » de nos frères ailés sur tous les continents.
Mon époux était passionné par le désert, où tel le Petit Prince, il était comblé par la plénitude, plénitude de lumière, de silence et d’espace. J’ai donc introduit ce livre par l’hommage que je lui ai rendu en allant disperser ses cendres au Sahara, selon sa volonté, à l’endroit où il a fait une découverte majeure pour la science ornithologique.
Mon « ancrage » polonais est omniprésent dans les pages que vous allez lire. Si la Pologne disparue de la carte pendant 123 ans, puis occupée comme un des pays satellites de l’empire soviétique, n’a pas attiré l’attention durant des décennies, soudain, le 16 octobre 1978 à 17 h 15 le monde entier a appris que le successeur de saint Pierre venait de Pologne, et à partir de ce moment, en tant que compatriote de Jean-Paul II, ma vie a radicalement changé. Naître sur la même terre m’octroyait le titre de « nièce du pape » lors de mes pérégrinations sur tous les continents. L’amour et la fraternité que Jean-Paul II a suscités dans le cœur des hommes dépassent la chrétienté. Il a aboli les frontières des pays et des générations pour bâtir une fratrie universelle. Grâce à lui, ma « polonité » est aussi métamorphosée en universalité.
Lors d’une audience avec Jean-Paul II je demandai au Saint-Père comment je pourrais rendre grâce pour son pontificat, sa réponse a jailli : Chante Le Magnificat ! Dorénavant je répète quotidiennement « Fecit mihi magna » et mon existence est transfigurée par les événements que je vais partager avec vous.
Enthousiasme, émerveillement et espérance dans mes « vies » sont condensés dans ces quelques chapitres, et les pages devant vous révèlent les moments que j’ai vécus frôlant l’Invisible, l’Indicible et l’Infini.
Nota Bene – Avant d’entamer mon récit, je tiens à rendre hommage à Remo Vescia, qui a bien voulu préfacer ce récit, et à sa famille, qui m’ont soutenue dans cette rédaction. Mes témoignages déroulés au fil des semaines ont trouvé auprès d’eux un vibrant écho. Remo a enrichi nos dialogues par sa culture pluridisciplinaire, apportant une connaissance approfondie de ses auteurs de prédilection.
Le Sahara
Accomplissement d’une promesse
Émission de radio avec sœur Nathanaëlle responsable de la clinique Claire Demeure à Versailles où mon époux a rendu son dernier souffle.
Sœur Nathanaëlle :
Bonjour, je suis aujourd’hui avec Madame Etchecopar (D ci-après) et nous allons avoir un entretien qui va changer de nos entretiens habituels. C’est pour Dorothée une journée particulière puisqu’elle est dédiée au souvenir du décès de son mari que nous appellerons Etche, Monsieur le professeur Etchecopar, ornithologue et explorateur.
Bonjour Dorothée.
D : Je vous salue Sœur Nathanaëlle !
Sœur Nathanaëlle : Alors Dorothée va se présenter à vous, son petit accent nous vient de Pologne et nous allons avoir la chance, le plaisir de partager ce qu’elle a vécu au moment du décès de son mari avec notre association, avec ceux qui accompagnent des personnes en fin de vie et avec tous ceux qui sont peut-être au soir de leur vie. Il va sans doute être tout à fait capital d’entendre le témoignage de Dorothée. Elle a accompagné son mari jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la dispersion de ses cendres dans le désert de Sahara en Tunisie. Nous allons en savoir plus. Dorothée voulez-vous présenter votre mari ?
D : Volontiers, car mon cœur reçoit particulièrement aujourd’hui une marée haute d’émotion parce que c’est l’anniversaire du décès de mon mari Etche. Je ne l’appelle pas par son prénom Robert qui a deux « R ». Vous avez deviné que mon accent n’est pas un accent basque mais en roulant trop les « R », j’ai écorché les oreilles de mon mari et pour le monde entier il est devenu Etche. Il a passé l’automne de sa vie sous l’égide protectrice de Sœur Nathanaëlle et de la clinique Claire Demeure à Versailles. Ceux qui connaissent Claire Demeure sont très conscients que je parle d’une oasis de bienveillance, de sérénité, de beauté, prodiguant des soins de très haute compétence et d’une dimension humaine que je rencontrais pour la première fois. Etche était très heureux d’être soigné par les sœurs et voyant la beauté de leurs habits et leur attitude, il les a appelées « grands oiseaux bleus » au beau plumage qui veillaient sur lui et qui étaient clémentes, indulgentes, tolérantes et bienfaisantes à son égard. Il considérait que les Diaconesses de Reuilly lui apportaient le « nec plus ultra » en matière de soins. Il s’est éteint à trois heures du matin le dimanche 14 janvier 1990 à Claire Demeure.
Sœur Nathanaëlle : Nous sommes donc au jour anniversaire de cet événement et peut-être qu’il faut quand même expliquer que votre mari était professeur à l’Institut…
D : Il était ornithologue et il a créé le « Centre de recherche sur les migrations des oiseaux et des mammifères », CRMMO, au Muséum d’Histoire Naturelle.
Sœur Nathanaëlle : Voilà ce qui signifie que vous avez beaucoup voyagé avec lui pour suivre les oiseaux qui migraient dans les cieux du monde entier.
D : En effet, nous étions souvent sur « les autoroutes du ciel » tracées par les oiseaux dans le monde entier, mon mari considérait que baguer des oiseaux ce n’était pas une profession, c’était la joie, parce que c’était un bon prétexte pour baguer les petites hirondelles à Paris pour les retrouver ensuite en Afrique du Sud.
Sœur Nathanaëlle : Voilà. Alors, ce qui m’a incitée à vous demander de nous raconter c’est ce que vous avez vécu autour du dernier exaucement du désir d’Etche. Nous allons entendre ce qui peut se passer pour quelqu’un qui va continuer à vivre quand elle décide loyalement, honnêtement, d’accomplir jusqu’au bout ce que son cœur lui dit de faire pour la personne qu’elle aime.
D : C’est très joliment tourné parce qu’il s’agit bien sûr de l’amour, et dans cette histoire il s’agit de l’amour humain, je ne dirais pas amour divin parce que mon entendement du divin est limité aux cinq sens, donc me dépasse. C’est de l’indicible que je veux parler, mais l’indicible comment le décrire ? Comment cerner l’indicible ? Et pourtant j’ai répondu de tout cœur à votre invitation pour partager avec les auditeurs l’émotion et l’expérience que j’ai vécues dans le désert et ensuite que je partagerai avec tout le personnel de Claire Demeure qui m’a toujours réservé la plus grande écoute et bienveillance.
Sœur Nathanaëlle : Votre époux est décédé. Il y a eu la messe des obsèques à l’église et puis vous savez qu’il vous a demandé de disperser ses cendres dans un endroit très particulier. Vous devez, vous savez que vous devez répondre à cette demande.
D : Etche a formulé cette demande de disperser ses cendres dans l’endroit où il a été le plus heureux sur terre. C’était sa définition, il soulignait « doublement heureux » au sens scientifique et spirituel. Parce que c’est l’endroit où il a fait une découverte magistrale pour l’ornithologie. Là aussi s’est réalisée sa définition du désert sur le plan géographique et sur le plan intime. Puisqu’il était le spécialiste des oiseaux migrateurs et de ceux du désert, il considérait que le désert était la terre aride la plus fertile pour la quête d’Absolu et pour la quête d’Infini. Cela me paraissait grandiloquent et très prétentieux quand j’écoutais ses récits, jusqu’au jour où je me suis retrouvée au cœur d’un désert passant la nuit sous le firmament scintillant et sous les étoiles que j’avais l’impression de toucher. Au Père-Lachaise, prenant l’urne avec les cendres d’Etche, j’ai tout de suite pensé à organiser mon voyage pour la Tunisie pour accomplir la mission demandée par mon époux.
En allant demander la réservation de mon billet à Air France, on m’a répondu qu’il y avait des pluies diluviennes dans le Sud tunisien et que l’aéroport de Tozeur, au pied du Sahara, était fermé et qu’il resterait fermé assez longtemps parce qu’un vrai cataclysme s’était abattu sur le désert. On m’a promis de me prévenir dès que l’aéroport serait rouvert pour que je puisse accomplir cette mission. Je suis partie de Paris un mois et demi après son décès sur un vol pour Tunis, et puis je devais ensuite prendre un vol intérieur pour l’extrême sud. À cause des pluies et comme ce n’était pas une période touristique, je me suis trouvée à bord d’un petit avion avec un seul passager et, bien sûr, la conversation était inévitable.
« Où allez-vous, qu’allez-vous faire là-bas ? »
Ma mission était officieuse et j’allais découvrir officiellement le Sud tunisien.
« Ah très bien » et l’homme se présente. Il était Directeur du Club Méditerranée et allait préparer les vacances de touristes qui commencent à arriver pour Pâques, et nous nous sommes alors quittés. Je suis descendue au Club Med, c’était le seul endroit ouvert en cette période. Et le lendemain, très tôt, au petit-déjeuner j’ai retrouvé le Directeur du club qui me posait la question :
« Que faites-vous là à cette heure-ci ? Je pars pour situer les endroits intéressants pour les touristes, voulez-vous vous joindre à nous ? »
Je ne demandais qu’à être greffée sur cette mission. Et là je suis partie de Tozeur dans une jeep, en compagnie d’un chauffeur et du Directeur du Club qui m’a très gentiment offert sa place à côté du chauffeur. En sortant de Tozeur, je commençais à me poser des questions sur le paysage que je voyais, qui me paraissait assez surréaliste et assez pittoresque car je voyais des dunes avec des versants jaunes, oranges, roses ou roses violacés avec des couleurs inattendues. Je me suis dit : qu’est-ce qu’ils font avec les sables, qu’y a-t-il dans les versants de ces petites dunes, pourquoi les peignent-ils ? Et je demande au chauffeur : « Que veulent dire toutes ces couleurs ? »
Et j’ai vu une très grande émotion, je lisais le visage blême du chauffeur qui me dit que j’ai la chance de vivre ces moments-là, parce que ce n’est qu’une fois dans une vie que l’on voit le désert en fleurs comme actuellement. Je ne voulais pas en croire mes yeux et comme nous étions hors-pistes nous sommes allés nous approcher d’un endroit qui était un condensé de jaune. Effectivement, des fleurs avec une tige d’un centimètre couvraient les dunes. Le désert avait fleuri et selon l’exposition plein sud ou plein nord les fleurs étaient différentes, mais toutes les dunes étaient en fleurs. Ce fut la joie, vous imaginez, c’était magique, inattendu, féerique. J’étais aux anges en voyant ce spectacle et demandai « Ne roulons surtout pas sur ces fleurs pour que d’autres graines qui sommeillent depuis très longtemps puissent éclore ». C’était un endroit pour se recueillir, le chauffeur de jeep qui était tunisien et le Directeur du Club français partageaient mon émerveillement.
Sœur Nathanaëlle : C’est donc le premier cadeau que vous avez reçu en accomplissant cette mission extraordinaire et en voyant le désert en fleurs.
D : Sœur Nathanaëlle, je me sentais vivre un conte de fées, vivre quelque chose où l’imagination est dépassée. Dans mes rêves les plus osés, je n’aurais jamais pu peindre les dunes de ces couleurs-là. Et ensuite j’ai passé toute la semaine avec le Directeur de club à parcourir le Sud tunisien dans toutes les directions.
Sœur Nathanaëlle : Vous saviez bien où vous vouliez aller ?
D : J’avais eu des précisions de la part d’Etche, je devais disperser ses cendres dans le désert à une vingtaine de kilomètres au sud de Nefta. Toute la journée j’étais en voiture avec le Directeur et le soir en revenant à Tozeur je cherchais un taxi pour me conduire dans le désert et la réponse était toujours négative. Aucun chauffeur n’allait dans le désert… c’était trop dangereux. Et jusqu’au dernier jour, un vendredi soir, le chauffeur du Club m’a accompagnée à Nefta où je suis descendue dans l’unique hôtel ouvert. Je devais partir le samedi pour passer la nuit dans le désert, je n’ai pas trouvé de chauffeur, je rencontrais un non catégorique. Personne ne voulait s’aventurer dans les territoires où vivaient les Nomades car c’était dangereux. J’étais désemparée et je proposai au concierge de l’hôtel :
« Votre prix sera mon prix et vous me trouvez quelqu’un qui peut m’accompagner » Mais le concierge m’a répondu : désolé, je ne peux pas vous aider !
Soudain j’ai vu un homme qui s’est approché de moi et qui m’a dit :
« Madame j’ai entendu toute votre conversation et je vois qu’il n’y a pas d’autre solution pour vous que mon chauffeur qui est Berbère, qui connaît le pays et qui peut vous amener. Permettez-moi de vous le proposer. Il travaille le samedi jusqu’à midi et pas les dimanches, il est disponible pour vous et je mets ma jeep à votre disposition. Vous avez manifesté le désir de passer la nuit dans le désert. Je pourrai vous préparer des couvertures je vais vous préparer un pique-nique, et de l’eau pour vous ».
L’homme se présente, il était architecte et construisait à Nefta un très grand centre touristique, « Les Hirondelles », et c’est ainsi que, j’ai trouvé quelqu’un grâce à qui je pouvais accomplir ma mission. C’était providentiel.
Sœur Nathanaëlle : Et donc vous êtes partie avec le chauffeur et vous vous êtes installée et ce dont je me souviens, pour passer la nuit sur une des plus hautes dunes avec l’urne des cendres de votre
