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Le Seuil des mondes
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Livre électronique277 pages3 heures

Le Seuil des mondes

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 Le Seuil des mondes : là où l'histoire rencontre l'infini

**Découvrez un voyage littéraire qui redéfinit la réalité**

Le Seuil des mondes de Hichem Karoui est une œuvre littéraire profonde qui mêle avec brio le mysticisme moyen-oriental, la conscience quantique et le mystère historique dans un récit inoubliable. Ce roman qui défie les genres invite les lecteurs à s'interroger sur la nature même du temps, de la réalité et du potentiel humain.

**Le voyage commence**

Le Dr Ahmed Ridha, historien du Moyen-Orient spécialisé dans T.E. Lawrence, voit sa vision rationnelle du monde voler en éclats lorsque sa voiture tombe mystérieusement en panne près de Clouds Hill, dans le Dorset, la retraite légendaire de Lawrence d'Arabie. À la recherche d'un abri, il rencontre Lady Edith Carrington, une aristocrate énigmatique dont les récits dévoilent une réalité cachée sous la surface de l'histoire officielle.

**Révélation de vérités cachées**

À travers des journaux intimes et des artefacts authentiques, Lady Edith révèle que la célèbre dédicace de Lawrence « À S.A. » dans *Les Sept Pillars of Wisdom* ne s'adressait pas à une personne, mais à « Sahra Al-Zaman », le désert du temps. Elle explique que Lawrence était bien plus qu'un stratège militaire ; c'était un explorateur clandestin des anomalies temporelles et des phénomènes altérant la conscience, qui enquêtait sur des lieux où le tissu de la réalité s'amincissait.

**La révélation cosmique**

À 7 h 03 précisément, « l'heure de Lawrence », Ahmed est témoin de l'impossible : des êtres lumineux descendant d'un vaisseau cristallin. Ces gardiens cosmiques révèlent que la Terre se trouve à un seuil évolutif critique. Le temps lui-même n'est pas linéaire, mais un océan liquide de possibilités infinies, navigable grâce à la conscience, la force créatrice première de l'existence.

**Une mission transformatrice**

La quête savante d'Ahmed devient une vocation cosmique. Il n'est plus seulement un historien, il doit servir de pont entre les mondes et aider l'humanité à franchir son prochain cap évolutif. Ce roman explore avec brio les thèmes de l'identité culturelle, de la responsabilité du savoir et du pouvoir de la conscience pour façonner le destin.

*The Threshold of Worlds* séduira les lecteurs qui apprécient la profondeur philosophique, le réalisme mystique et les récits qui remettent en question les idées reçues. Il est parfait pour ceux qui sont attirés par des auteurs tels que Paulo Coelho, Umberto Eco ou Jorge Luis Borges, offrant à la fois une stimulation intellectuelle et un éveil spirituel.

Franchirez-vous le seuil vers des possibilités infinies ?

 

LangueFrançais
ÉditeurGlobal East-West LTD
Date de sortie10 juil. 2025
ISBN9798230909569
Le Seuil des mondes
Auteur

Hichem Karoui

Writer /Journalist/ Senior Researcher Published over 30 books and counting, (translations not included). Authored co-authored, edited, and published hundreds of daily/ weekly/ monthly briefings, reports and analyses, peer-reviewed articles, monographs, and books, about MENA region and international politics. Participated in many international conferences, either on the panel, as a member of the organizing team, or as a journalist.  Has been involved with the media since his early career, thus serving in different posts: reporter, investigation journalist, copy editor, cultural journalism, political journalism, editorialist, and Executive Editor.  Translated several books/documents. Also reviewed translations for publishers. Member of several academic boards.  Veteran columnist and commentator for the media.  Ranking in the top 10%of Authors by all-time downloads on Social Science Research Network.

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    Le Seuil des mondes - Hichem Karoui

    Le seuil des mondes

    Roman

    Hichem Karoui

    Global East-West LTD

    Copyright © 2025 par Hichem Karoui.

    Global East-West. LTD.

    Tous droits réservés.

    Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans l'autorisation écrite de l'éditeur ou de l'auteur, sauf dans les cas autorisés par la loi sur les droits d'auteur.

    Contents

    Épigraphe

    1.Prologue

    1. Les ombres du passé et le murmure du seuil

    2.La boussole brisée

    2. Déplacement et recherche de la vérité

    3.La lande de Bovington au crépuscule

    3. Franchir le seuil

    4.Le bungalow caché

    4. Architecture de la mémoire et du temps

    5.Chroniques de Lady Edith

    5. Chuchotements à la lisière du temps

    6.Dévoiler les journaux

    6. Des mots qui jettent un pont entre les dimensions

    7.Le désert du temps

    7. Mythe, réalité et frontières invisibles

    8.Gardiens du Nexus

    8. Les serviteurs des courants invisibles

    9.L'océan infini

    9. Le temps comme royaume liquide

    10.La conscience, première force créatrice

    11.Le seuil révélé

    11. Le passage dimensionnel du Dr Ridha

    12.Les multiples probabilités de la Terre

    12. Les futurs se dessinent

    13.La responsabilité de la conscience

    13. Connaissance et pouvoir

    14.L'héritage de Lawrence

    14. Au-delà du mythe, vers l'infini

    15.Épilogue

    15. L'aube du seuil cosmique

    L’abstraction du paysage désertique me nettoyait et rendait mon esprit vide de sa grandeur superflue ; une grandeur obtenue non pas par l’ajout de la pensée à son vide, mais par sa soustraction.

    T.E. Lawrence : Les sept piliers de la sagesse

    1

    Prologue

    Les ombres du passé et le murmure du seuil

    Alors que la lumière déclinante projetait de longues ombres sur le paysage du Dorset, Ahmed se retrouva pris au piège dans un labyrinthe d’ombres et d’échos qui refusaient de s’estomper. L’air s’épaissit d’un calme qui murmurait des secrets longtemps enfouis sous la mousse et la bruyère, tandis qu’un courant d’énergie agitée vibrait en sourdine. La beauté accueillante du crépuscule qui approchait dissimulait la tension silencieuse qui montait en lui, chaque respiration n’étant qu’un écho superficiel de son dilemme grandissant. Son esprit, tourbillon de perceptions contradictoires, tentait de concilier les doutes rationnels avec l’étrange certitude qui prenait racine en lui. Entre le scepticisme et un sentiment viscéral de courants invisibles, il sentait que le tissu de l’histoire elle-même était en train de se déchirer, de s’effilocher comme une tapisserie usée par le temps.

    La panne de sa voiture, survenue près de Clouds Hill, n’était pas une simple malchance mécanique ; c’était un signe délibéré, une rupture dans son voyage qui l’invitait à aller plus loin dans l’inconnu. La maison qui émergeait de l’ombre ne ressemblait en rien à celle qu’il avait imaginée. Il était branlant, enveloppé de lierre et d’ombre, et ses fenêtres brillaient d’une lumière chaude et invitante qui laissait entrevoir des secrets au-delà de ce monde. Ahmed hésita, sentant le poids des siècles peser sur ses épaules, alors qu’il s’approchait. Le jardin, envahi par la végétation, semblait vibrer d’une vitalité silencieuse, comme s’il gardait des histoires trop immenses pour être racontées à voix haute. Le sentiment d’être à la fois observé et accueilli conférait à l’instant une étrange clarté à double tranchant, une invitation et un avertissement résonnant simultanément dans la brise fraîche du soir.

    Sur la véranda, la personne qui se trouvait là était une apparition, sa silhouette rappelant la grâce aristocratique raffinée transmise de génération en génération. Le calme de Lady Edith Carrington, une grâce lente et mesurée, contrastait fortement avec le paysage sauvage et enchevêtré qui se trouvait derrière elle. Ses yeux avaient des profondeurs qui faisaient appel à une part insondable d’Ahmed, luisants de connaissances secrètes et d’un millier de vérités inavouées. Avec aplomb, elle se leva de son siège, tendant une main délicate qui semblait vibrer d’une énergie subtile, comme si elle portait en elle le poids d’un nombre incalculable d’histoires. Ses paroles s’écoulaient doucement, mais elles avaient l’autorité de quelqu’un dont l’existence transcendait le temps ; elle l’accueillit comme s’il était issu d’un passé lointain et inaccessible. Il y avait une cadence presque musicale dans son discours, un rythme qui dansait entre les lignes de la réalité et du mythe, poussant Ahmed à se demander s’il se trouvait dans les limites de sa compréhension ou au seuil de quelque chose de bien plus grand.

    L’intérieur révélait un sanctuaire de curiosités défiant la modestie de l’extérieur, chaque objet chuchotant les secrets d’un univers autrement invisible. Les étagères garnies des premières éditions des Mille et une nuits de Burton et de l’Arabia Deserta de Doughty témoignent d’une passion pour les histoires qui traversent les siècles et les cultures. Les miniatures persanes, aux détails complexes, semblaient briller d’une vie silencieuse et raconter des histoires qui dépassaient les limites du temps connu. Des pièces d’argenterie, patinées par le temps, décoraient les étagères, chacune semblant être un artefact d’un rituel oublié depuis longtemps ou d’une réunion clandestine. Ahmed s’attarda sur ces reliques, chacune faisant allusion à une couche plus profonde de la réalité, un royaume où l’histoire et la conscience s’entremêlaient d’une manière qu’il n’avait fait que théoriser. Lady Edith lui servit une tasse de thé, un Pu-erh rare, dit-elle, un cadeau de « Ned », un nom qui résonnait de manière cryptique dans le calme sacré de ce monde caché. Sa voix, à la fois apaisante et chargée d’histoire personnelle, remettait en question les hypothèses d’Ahmed et l’entraînait dans un dialogue intime qui brouillait les frontières entre l’historien et le mystique.

    À mesure que la nuit s’épaississait, les récits d’Edith se déployaient comme de délicats fils de soie tissés à travers l’étoffe du temps lui-même. Elle dépeignit des scènes vivantes de Lawrence, évoquant les nuits où ses pas agités emplissaient la pièce tandis qu’il récitait des passages du Coran dans un arabe impeccable, tandis que Sassoon griffonnait frénétiquement et qu’Augustus John esquissait ses mouvements erratiques. Sa voix portait l’écho de tasses de café lointaines, de débats passionnés qui s’étiraient jusqu’à l’aube, et de l’énergie volatile d’un homme toujours à la poursuite d’une vérité insaisissable. Les descriptions d’Edith laissent entendre que la retraite de Lawrence à Clouds Hill était plus qu’une évasion physique ; il s’agissait d’un acte visant à explorer la nature même des possibilités, en cherchant des passerelles au-delà des limites linéaires de l’histoire. Elle affirme que Lawrence a découvert l’existence d’« anomalies temporelles », des lieux où le temps vacille comme une bougie dans un courant d’air — des lieux où le passé et l’avenir peuvent être entrevus dans des moments fugaces, où les souvenirs peuvent s’infiltrer dans le présent comme l’encre dans l’eau. Le paysage du Dorset lui-même, insistait-elle, était tissé de ces fils, attendant que le bon observateur en dévoile les secrets.

    Avec la publication progressive des journaux de Lawrence, la pièce s’est alourdie de révélations. Edith tendit à Ahmed un volume relié en cuir, à l’aspect vieilli, mais dont l’écriture était indéniablement celle de Lawrence : nette, délibérée, imprégnée d’une clarté inébranlable qui défiait le simple gribouillage. Les mots qui s’y trouvent sont plus que de simples notes militaires ; ce sont des cris de la conscience elle-même. Des rapports sur des « événements de déplacement », des références à des « flux chronologiques » et des croquis d’engins aériens méconnaissables laissaient entrevoir des secrets cachés derrière les récits acceptés. Les journaux parlent d’« états de conscience supérieurs », de portails qui peuvent s’ouvrir à des moments précis de l’espace et du temps, grâce à la capacité de l’esprit humain à transcender l’ordinaire. Ahmed, à la fois absorbé et troublé, a été frappé par l’intensité du ton scientifique, qui contrastait fortement avec le rythme poétique de l’écriture. Cela indiquait que Lawrence percevait la réalité comme une série de couches, une mosaïque complexe de dimensions qui attendaient d’être découvertes.

    La révélation la plus surprenante fut peut-être l’explication d’Edith sur la véritable signification de la phrase « À S. A. », si célèbre dans Les Sept Piliers de la sagesse. Elle a expliqué que les initiales ne faisaient pas référence à une personne ou à une simple dédicace, mais à « Sahra Al-Zaman » — le « Désert du Temps » —, un lieu mystique où les frontières de l’histoire se dissolvent. Selon elle, les expériences de Lawrence avaient révélé que certains lieux terrestres contenaient des « courants » — des flux puissants et invisibles où le temps s’écoulait de manière irrégulière, permettant d’entrevoir des futurs possibles et des réalités alternatives. Le désert, vaste et silencieux, incarnait ce principe : un lieu où la conscience pouvait s’étirer, se plier et se transformer. Elle a affirmé que l’obsession de Lawrence était motivée par la découverte de ces « courants » et que sa retraite dans le désert était plus qu’un retrait de la guerre ; c’était une quête pour comprendre l’essence même de l’existence, une tentative de forger un pont entre le mortel et le divin.

    Alors que l’horloge approche de 3 h 17 du matin — l’heure qu’Edith appelle « l’heure de Lawrence » —, un changement dans l’atmosphère annonce le début de quelque chose qui dépasse l’entendement. L’air vibrait d’une résonance subtile, d’une fréquence harmonique ressentie plus qu’entendue, qui s’enroulait autour de la conscience d’Ahmed et faisait disparaître les frontières entre le moi et l’environnement. À l’extérieur, le ciel au-dessus de la colline se fendait comme un parchemin ancien, des fissures de lumière ondulaient dans le ciel, révélant des formes impossibles à décrire. Une entité émergea : un être de pure luminance qui scintillait comme de l’argent liquide, et qui pourtant ressemblait étrangement à un être humain : grand, gracieux, évoluant au-delà des limites de la forme biologique. Sa présence donnait l’impression que la réalité elle-même s’effilochait momentanément, exposant les fils fragiles qui unissaient les mondes.

    Les êtres lumineux communiquaient directement, pensée par pensée, émotion par émotion, un échange qui traversa l’esprit d’Ahmed. Leurs voix étaient à la fois distantes et intimes, se réverbérant dans un langage qui transcendait les mots, mais qui semblait familier dans les recoins les plus profonds de la conscience. Ils se présentèrent comme les gardiens de la conscience humaine en évolution, les gardiens des seuils fragiles où les mondes se croisent. Leur message était à la fois un avertissement et une invitation, un murmure de changement imminent, un rappel que la Terre est au seuil d’une transformation profonde. L’humanité, expliquèrent-ils, a longtemps été guidée par ceux qui pouvaient naviguer dans ces courants — des héros, des mystiques, des visionnaires — et peut-être qu’un nouveau gardien avait été choisi. Ahmed sentit une vague de compréhension l’envahir : l’univers n’était pas un lieu statique, mais un océan liquide où la conscience, et non la matière, façonnait la réalité.

    En ce moment de révélation cosmique, les sens d’Ahmed se développèrent au-delà des limites ordinaires. Le temps se pliait et se dépliait comme un origami complexe, les flux de possibilités se ramifiant en d’infinies configurations. Les êtres lui ont révélé que l’avenir de la Terre dépendait de la reconnaissance de ces courants cachés et de la capacité à transcender l’illusion de la linéarité. Ils lui ont montré un univers de probabilités multiples, chacune étant une vague dans l’océan éternel, où la conscience de l’humanité peut s’élever ou sombrer dans le chaos. Lawrence, dans ce panthéon obscur d’entités supérieures, était un guide, un agent qui avait entrevu ces profondeurs et cherchait à préparer les autres au moment où les courants convergeraient. Le propre voyage d’Ahmed, tissé dans cette trame cosmique, s’est transformé en un appel à servir de pont — d’interprète — entre des mondes restés longtemps invisibles.

    Lorsque les premières lueurs de l’aube se sont répandues dans les ruines, Ahmed s’est réveillé en sursaut, comme s’il avait été projeté dans le monde matériel par une nécessité cosmique. Le paysage semblait inchangé, mais tout avait changé en lui. Il tenait dans ses mains un fragment, un minuscule objet cristallin vibrant d’une lumière intérieure, qui se refroidissait dans sa paume comme s’il était animé de la conscience elle-même. Les échos lointains de voix lumineuses résonnaient encore dans son esprit, murmurant des vérités trop vastes pour être exprimées par des mots. Alors qu’il examinait la relique, il comprit que son rôle ne se limitait plus à l’érudition ou à l’histoire. Il devait porter la mémoire de Lawrence, la connaissance des courants et la responsabilité de guider l’humanité au-delà du seuil, vers les possibilités infinies qui l’attendaient au-delà du voile du temps linéaire. L’éveil avait commencé, annonçant l’aube d’une nouvelle ère, où la conscience elle-même façonnerait le destin de l’univers.

    ***

    Le soir est tombé avec une lourdeur tranquille, tandis que le ciel du Dorset se teintait de nuances de violet profond et d’encre, enveloppant la terre d’un silence si profond qu’elle semblait retenir son souffle. La lande s’étendait comme un océan agité, avec ses collines ondulantes et ses buissons d’ajoncs qui vacillaient sous l’effet d’un vent chargé de chuchotements plus anciens que la mémoire. Assis en silence dans sa voiture dont le moteur était tombé en panne, Ahmed fixait l’horizon noirci, sentant un étrange tremblement sous sa peau. Ce paysage n’était pas une lande ordinaire ; il vibrait de forces invisibles, comme si la terre elle-même conservait les histoires de mondes oubliés, attendant qu’on les écoute.

    Il se souvint de la façon dont les mythes s’accrochaient à l’air ici, tissés dans chaque rafale et chaque ombre. Les légendes des voyageurs du royaume, ces figures spectrales errant dans les ronces brumeuses, et ces ancres anciennes qui reliaient ces champs à des mondes au-delà de la vue humaine. Son esprit rationnel, formé à la recherche rigoureuse de la vérité historique, luttait contre une force instinctive : le sentiment que cet endroit était un seuil, une fine membrane séparant des mondes qui s’étaient touchés puis séparés depuis longtemps. La terre semblait palpiter de souvenirs, d’échos fantomatiques d’armées disparues et de secrets enfouis sous des couches d’histoire et de mythes, chaque chuchotement suggérant que la surface du Dorset n’était qu’un vernis masquant les courants plus profonds du temps et de la conscience.

    Alors que l’obscurité s’épaississait, Ahmed sentit un changement en lui. Le paysage semblait respirer, exhalant un soupir ancestral, et il prit conscience, peut-être pour la première fois, que c’est ici que les histoires défiant la réalité linéaire avaient leurs racines. Ici, le temps n’était pas une progression régulière, mais une tapisserie fluide et changeante dont les fils se tendaient et se tordaient de manière à remettre en question tous les principes scientifiques auxquels il croyait. Son esprit, toujours avide de clarté rationnelle, était aux prises avec le sentiment que des voies invisibles s’ouvraient, le guidant vers quelque chose qui dépassait les mots, une invitation à entrevoir les histoires tissées dans les pierres silencieuses du Dorset, des histoires qui scintillaient juste sous la surface, comme des mirages formés par la mémoire et le mythe entremêlés.

    Derrière lui, l’approche du crépuscule et le clignotement subtil des lumières dans les sous-bois semblaient l’inviter à se rapprocher du mystère. Chaque ombre apparaissait comme un fragment d’un puzzle plus vaste, des images fragmentées d’une réalité qui murmurait à travers les âges, des personnages qui avaient traversé ces mêmes champs bien avant que la mémoire moderne n’enregistre leurs noms. La peau d’Ahmed se hérissa d’une étrange conscience : la terre était vivante, consciente de lui, comme si elle reconnaissait un chercheur qui approchait de sa frontière sacrée. Son pouls s’accéléra ; il savait instinctivement qu’en franchissant ce seuil, il découvrirait des vérités considérées comme impossibles dans le cadre de sa vision disciplinaire du monde.

    Puis, presque imperceptiblement, le paysage s’immobilisa, comme s’il retenait son souffle dans l’attente. Une brume se faufila entre les bruyères, un voile de mousse rampant entre les vieux chênes et les vestiges abîmés de structures oubliées, se rapprochant comme un linceul du temps lui-même. Il sentit que des forces invisibles se rassemblaient et un doux bourdonnement, presque imperceptible, résonna dans son esprit, une mélodie de souvenirs plus profonde que le son. C’était comme si l’essence même de Dorset s’éveillait, l’invitant à pénétrer dans un espace où la mémoire et le mythe se confondaient en une chaîne unique et indestructible — un fil invisible qui reliait le présent et le passé, la réalité et la légende, dans une danse d’ombres que sa raison refusait d’accepter entièrement.

    Soudain, une faible lueur perça l’obscurité : un scintillement doré, presque imperceptible, émanant de derrière un bosquet de bouleaux argentés et de rhododendrons, comme le faible pouls d’un cœur lointain essayant de communiquer. Ahmed fixa la lumière, sentant son corps se crisper, conscient qu’un souvenir longtemps refoulé se réveillait. S’agissait-il d’un avertissement ? Ou l’appelait-il à aller de l’avant ? La frontière qu’il soupçonnait d’exister entre les mondes s’amincissait, une membrane délicate qui scintillait sous le poids des histoires, attendant le bon observateur, quelqu’un qui n’était pas accablé par l’incrédulité et osait aller au-delà de la limite de la réalité acceptée. À cet instant, à chaque respiration, il comprit que l’énergie mythique du Dorset n’était pas simplement du folklore : ici, la mémoire et le mythe avaient fusionné en une force vivante, attendant qu’il reconnaisse sa présence et comprenne son murmure.

    ***

    Sous la pâle lueur du soleil mourant, le paysage du Dorset s’étendait tel un ancien manuscrit, avec ses collines silencieuses et ses landes agitées qui murmuraient des secrets au vent. La voiture d’Ahmed s’était arrêtée à la lisière d’une région sauvage qui lui avait semblé familière, mais qui lui paraissait désormais étrangement étrangère, comme si la terre elle-même s’était déplacée au cours du crépuscule. Ses doigts tremblaient lorsqu’il tourna la clé de contact ; le moteur s’éteignit dans un dernier gémissement léthargique, comme un abandon à des forces qui le dépassaient. Il sortit dans l’air frais, sentant que ce moment de déconnexion ordinaire n’était que le seuil de quelque chose de bien plus profond. Derrière lui, le paysage semblait respirer : les ombres s’allongeaient et se dissolvaient dans le velours du crépuscule, murmurant les échos d’histoires longtemps enfouies sous la surface du temps.

    En se dirigeant vers la silhouette sombre de Clouds Hill, Ahmed ressentit un attrait particulier, une sensation presque viscérale : ce n’était plus une simple région

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