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Musée intérieur
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Livre électronique70 pages55 minutes

Musée intérieur

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À propos de ce livre électronique

Ce texte original présente plusieurs niveaux de lecture, à travers des personnages énigmatiques. Nous avançons dans le brouillard, de Tara à Alexandra, d’un musée intérieur à un autre, sans vraiment définir où se situe la réalité. L’écriture de ce récit nous invite à réfléchir sur l’art et les différentes visions que nous pouvons en avoir.

“L’art ne peut être une histoire d’argent… pourtant moi aussi je cours après cette proie, tente d’en arracher un petit morceau.”

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Née à Genève en 1985, Jade Hoeppli grandit dans une ambiance punk et artistique influencée par sa mère artiste Marie Hoeppli et son père Jaz Coleman, chanteur et compositeur du groupe Killing Joke.

Surveillante de musée lors de l’écriture de ce troisième roman, Jade a eu le temps de s’interroger sur la légitimité de se prétendre artiste et le rôle des musées. Ce roman s’adresse à tous ceux et celles qui, par honte, créent en secret. Un musée intérieur réside en chaque artiste.

LangueFrançais
Éditeur5 sens éditions
Date de sortie12 juin 2025
ISBN9782889497720
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    Aperçu du livre

    Musée intérieur - Jade Hoeppli

    Couverture pour Musée intérieur réalisée par Jade Hoeppli

    Jade Hoeppli

    Musée intérieur

    Chapitre 1

    « Il était une fois une fissure, semblable à un cosmos. On avait envie d’y plonger les mains, même si c’était le cœur d’une jeune fille blessée, juste pour voir un peu, regarder quelques secondes ce que cachait cette peine étoilée. »

    À force de réfléchir, dans le vide ou pour écrire, une brèche s’était formée au milieu de son front. Elle frotta la marque afin de l’estomper, en vain. Un bruit de talons sur le gravier la sortit de ses rêves. Elle vit une dame élégante s’approcher. Tara rangea vite son carnet de notes et son stylo dans sa poche, prit un air sérieux. Rusée petite Tara, elle avait les cheveux de la même couleur que le renard. Sous le réverbère de l’entrée, on l’aurait dite en feu. Dans ses souvenirs, les autres enfants lui criaient : « Au bûcher la sorcière ! Tu pues la rousse ! » Un visage fardé s’avançait. Des lèvres rose fluo, un chignon blond parfait. Tara fixa cette bouche qui se mit à s’ouvrir, découvrant des dents pas aussi blanches qu’elle l’aurait imaginé. Une fumeuse, comme moi.

    – Mais c’est notre grande gagnante ! Je suis Madame Kinzer, on s’est parlé au téléphone hier.

    – Bonjour Madame Kinzer.

    – C’est de la folie ce soir, la venue de Francis Maurice dans notre résidence est un événement sans précédent ! Je n’ai pas arrêté de courir toute la journée ! Vous connaissez son travail ?

    – Non… pas encore.

    Madame Kinzer était visiblement agitée. Moulée dans une jupe en laine beige, elle ne paraissait pas à l’aise dans ses mouvements cassants. Quelque chose de pas net dans sa démarche.

    Derrière la grille qui s’ouvrait lentement, la femme lui adressa un sourire, trop radieux pour être honnête. Tara fit de même, en eut presque mal aux joues. Ça fait partie des compromis à faire, se dit-elle.

    – J’ai adoré votre livre, très… intense ! C’est autobiographique ?

    – Non, pas du tout.

    Un silence. La responsable la regardait bizarrement, comme si elle s’apercevait soudain qu’elle était là.

    – C’est un roman surréaliste avant tout, répondit Tara froidement.

    Le portail se referma dans une lamentation métallique. Pas entièrement. Un couple endimanché, smoking et robe de soirée, les dépassa en les ignorant. Les deux femmes marchaient côte à côte sur le petit sentier du parc. Presque le même âge, presque les mêmes références, pourtant entre elles, un monde les séparait.

    – Mais vous vous inspirez de votre vécu pour écrire ?

    Un silence encore, long et pesant. Elle réfléchissait à une réponse polie malgré son agacement naissant. Encore cette question. Tous des vautours.

    De l’extérieur, on ne comprenait pas toujours les réactions de Tara, souvent dans l’excès. Par chance, elle était artiste, enfin pas tout à fait, mais presque. Assez pour qu’on lui pardonne son étrange caractère. Mais combien de temps encore pourrait-elle abuser de ce titre ?

    – C’est un processus plus… compliqué, finit-elle par répondre.

    La responsable acquiesça poliment, mais n’avait visiblement rien compris. Comme souvent. Mes pensées comme un de mes organes, les arracher en offrande à la foule. Mais voilà, Madame Kinzer avait beau être à l’opposé d’une artiste, elle connaissait mieux le marché de l’art qu’elle. En réalité, Tara n’était qu’un produit capitaliste qui jouait à ne pas en être un.

    Les deux femmes se remirent à marcher. Une maison de maître se dressait, blanche et raffinée : la Fondation. Par les grandes fenêtres sans rideaux, on percevait des bureaux, des éclairages modernes. Tout pour signifier qu’à l’intérieur on travaille, on ne vit pas. Madame Kinzer vit le regard de Tara en direction de la bâtisse, s’empressa de lui dire d’un air emprunté :

    – La fondation sera fermée tout le long de votre séjour, ne vous inquiétez pas ! Vous serez seule avec notre star, que vous verrez à peine, à mon avis, c’est un homme discret. Quelle chance vous avez !

    Seule, avec LUI. Une boule dure se forma dans l’estomac de Tara.

    Elle souleva sa valise imposante, ne voulant pas la faire rouler sur le gravier et bloquer une roue. Le poids de son important bagage la fit marcher légèrement penchée. Déjà d’allure fragile, elle semblait encore plus petite. Madame Kinzer ne remarqua rien ou fit semblant de rien et ne proposa pas son aide. Face à la Fondation, un parc à la pelouse impeccable. Une demeure dans le fond brillait d’agitation dans l’obscurité : la résidence. Tara plissait les yeux, ne la percevait pas encore très bien. Mais l’entendait déjà. Des rires et du jazz emplissaient la nuit. Un ciel

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