À propos de ce livre électronique
Elle devra faire face à de nombreux périls et à diverses tentations, tout en essayant de trouver son chemin dans sa vie personnelle. A son retour, partagée entre deux amours, elle sera confrontée à de douloureux choix qui l’entraîneront jusqu’au bord de l’abîme.
Mêlant problématique scientifique et introspection, "Double faille" entraîne le lecteur sur les traces d’une héroïne des temps modernes qui cherche à harmoniser réussite professionnelle et aspirations privées, soif d’indépendance et besoin d’être aimée, alors que son horloge biologique tictaque de plus en plus fort.
Posant des questions d’actualité sur les relations au sein du couple et sur la place de la femme dans la société, ce roman décrit les enjeux auxquels sont confrontées celles qui essaient de concilier toutes les facettes de leur vie, sans se renier ni se perdre mais en avançant dans l’harmonie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Biologiste, Nicole Lachat conjugue dans ses romans son intérêt pour les thématiques scientifiques, ses réflexions sur les relations humaines et sa passion pour les voyages. "Double faille" est le second volet d’une quadrilogie centrée sur le personnage de l’épidémiologiste Léna Mathisen dont les premières aventures sont relatées dans "Menace sur la toundra", également disponible chez Isca-Livres.
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Aperçu du livre
Double faille - Nicole Lachat
Prologue
Montagnes de l’Ulvefjell, Norvège
Assis sur un rocher au sommet de la crête dominant le refuge, Nils suivait aux jumelles la progression de la harde des bœufs musqués lorsqu’il aperçut un marcheur qui cheminait entre les arbrisseaux nains, très loin, à l’entrée du haut plateau. L’inconnu avançait lentement, ployé sous le poids d’un gros sac à dos, s’arrêtant fréquemment. Il le vit contourner le troupeau avec prudence puis s’asseoir par terre, apparemment pour observer les animaux. La lumière diminuant rapidement, il n’était plus possible de distinguer clairement les détails à cette distance, alors Nils entreprit de redescendre, perdant de vue l’individu. Si celui-ci venait au refuge, il le verrait bientôt apparaître à l’entrée de la vallée, là où le sentier rejoint le torrent. En attendant, il allait rallumer le feu et préparer du thé.
La harde paissait dans la pente au-dessus de la cabane quand le randonneur réapparut. Il semblait effectivement venir dans sa direction. Lorsqu’il saisit la silhouette dans ses jumelles, Nils tressaillit, son cœur se mettant soudain à battre la chamade. Elle était encore un peu trop loin, il n’était pas sûr, ce ne pouvait pas être elle… Elle était retournée en Suisse… Retenant sa respiration, il ajusta la netteté. Au même moment, la femme s’arrêta et, repoussant son capuchon en arrière, elle regarda droit dans sa direction. L’espace d’un instant, il entrevit son visage, juste avant qu’elle porte aussi des jumelles à ses yeux. Il mit la main devant sa bouche grande ouverte, le souffle coupé. Plus de doute, c’était Léna ! Il la reprit dans ses oculaires et la regarda qui le regardait. Alors elle leva le bras et l’agita follement avant de se remettre en route, presque en courant maintenant. Incrédule, il tourna sur lui-même, ne sachant comment se comporter, rattrapé par sa timidité maladive. Il se frotta les yeux, comme pour sortir d’un rêve puis, alors qu’elle atteignait l’endroit où le sentier franchissait le torrent, il se mit en marche à sa rencontre.
Ils se rejoignirent au moment où le crépuscule faisait basculer les ombres, noyant les couleurs de la toundra. Leurs regards s’accrochèrent et ils restèrent plusieurs secondes immobiles, comme suspendus face à une impossibilité. Puis Nils fit un pas supplémentaire et la prit dans ses bras sans rien dire. Elle se laissa aller contre lui, essoufflée par sa course et il sentit les battements violents de son cœur au travers du rembourrage de sa veste. Le vent redoublait d’intensité alors il l’entraîna vers la chaleur du refuge, l’aida à se débarrasser de son gros sac et lui proposa du thé.
Chapitre 1
10 janvier, Aéroport de Trondheim, Norvège
Le vol SAS pour Stockholm était prêt pour l’embarquement. Léna rassembla ses affaires et se mit dans la queue. Après cette première étape, elle aurait quarante-cinq minutes pour changer d’avion à Arlanda puis le voyage durerait encore 2 h 45 jusqu’à Genève où elle arriverait en milieu d’après-midi.
Epidémiologiste, elle avait été envoyée en Norvège l’année précédente par le Centre mondial d’étude des maladies émergentes (CMEME), basé dans la cité de Calvin, pour se consacrer à sa première grande mission sur le terrain, lors de la mystérieuse épidémie qui s’y était déclenchée en août, avant de se répandre à travers la Scandinavie. A Grønnedalen, où moururent les premières victimes, la situation était maintenant revenue à la normale, tout comme à Longyearbyen au Svalbard et en Laponie finlandaise. Restée seule en Norvège, après que son équipe soit retournée en Suisse, Léna avait passé la fin de l’année à aider l’Agence Norvégienne de la Santé et son homologue finlandaise à mettre en place le dispositif de prévention sur le long terme. Travaillant sans relâche, elle avait dû mobiliser toute son énergie pour mener cette tâche à bien, affrontant de nombreux obstacles, tant professionnels que privés.
Elle se réjouissait de retourner dans les locaux de son employeur, de retrouver Martial Lorétan le directeur et de présenter enfin au comité de direction le projet d’étude du développement du virus Zika aux Antilles, programme qu’elle avait dû laisser en attente cinq mois auparavant, en quittant son laboratoire.
Profitant de son voyage en Helvétie, elle comptait aussi aller récupérer ses affaires à son ancien appartement, si possible en évitant de tomber sur Noah, son ex-compagnon. Elle avait rompu dans un moment de clairvoyance, après qu’elle ait décidé de rester en Norvège le temps qu’il faudrait pour achever son travail d’épidémiologiste. Un concours de circonstances lui avait permis de retrouver le patient zéro de l’épidémie, Nils Rønning. Guéri, il séjournait dans le refuge sur les hauts plateaux, là où il étudiait les bœufs musqués quand il était tombé malade. Le hasard avait voulu qu’elle s’y rende également, désireuse de prendre un peu de repos avant de continuer son travail. Les quelques jours qu’ils passèrent ensemble leur donnèrent l’occasion de mieux se connaître et de se remettre un peu de toutes les émotions vécues lors des dernières semaines. Leur vie prit alors une nouvelle direction. Une fois redescendus à Grønnedalen, la petite ville où tout avait commencé, ils partirent pour Trondheim et Nils lui offrit l’hospitalité chez lui, le temps qu’elle achève sa mission et décide de son avenir.
Déjà lors de leur rencontre pendant l’épidémie, Léna avait ressenti pour le biologiste une forte attirance. Elle s’était efforcée de l’ignorer, tourmentée par l’incertitude face à l’avenir. Après leurs retrouvailles, ses sentiments s’amplifièrent rapidement et elle s’éprit véritablement de Nils mais ce dernier ne semblait pas prêt pour une relation amoureuse et encore moins enclin à mener une vie de couple. S’il était parfois tendre et souvent attentionné, il s’obstinait à garder une certaine distance avec elle, probablement encore échaudé par l’abandon de sa première compagne et toujours sujet à des angoisses en lien avec ce qu’il avait vécu pendant sa maladie. Léna s’accommodait tant bien que mal de cette situation, puisant dans cette amitié amoureuse le réconfort dont elle avait besoin après sa rupture d’avec Noah. Elle était soulagée d’avoir osé mettre fin à une relation devenue toxique mais se sentait maintenant un peu perdue. La retenue de Nils à son égard la faisait douter et elle craignait de mal interpréter la douceur qu’elle lisait dans son regard et le trouble qu’il semblait parfois ressentir quand elle était toute proche de lui.
Il l’avait conduite à l’aéroport ce matin et elle sourit en pensant à ce doux géant avec qui elle partageait désormais une maison, à ses yeux tristes quand il l’avait laissée, quelques minutes auparavant, dans le hall. Rêveuse, elle pensait à sa brève étreinte, aux lèvres qu’il avait rapidement posées sur son front, lorsqu’une voix la fit sursauter :
– Votre carte d’embarquement, Madame, s’il-vous-plait !
Elle tendit le document à l’hôtesse puis s’engouffra dans le couloir qui menait à l’avion. Une fois installée à sa place, elle se laissa à nouveau aller à sa rêverie, jusqu’à ce qu’un homme se laisse choir sur le siège voisin du sien et la dérange. Il tenta immédiatement d’engager la conversation.
– Bonjour, belle journée pour voler, vous ne trouvez pas ?
Peu désireuse de s’engager dans un dialogue, Léna lui fit comprendre qu’elle ne désirait pas parler plus que nécessaire en se bornant à une réponse laconique et en se tournant vers le hublot.
– Oui, oui.
Alors il se pencha vers sa voisine de droite, apparemment plus encline à discuter. L’avion se mit en mouvement sur le tarmac puis décolla. Léna replongea dans ses pensées, ses yeux suivant sans les regarder vraiment les petits nuages qui défilaient de l’autre côté du hublot.
Tout en achevant son travail sur l’épidémie en Scandinavie, elle avait gardé un œil sur la situation aux Antilles. Le virus Zika continuait à étendre sa zone d’influence et bien que sa dangerosité pour les populations soit relativement basse, il n’en demeurait pas moins très préoccupant en ce qui concernait les femmes enceintes et leurs fœtus. Léna restait donc persuadée que son projet serait bien accueilli par le comité de direction et qu’elle partirait probablement bientôt sous les tropiques. Elle en ressentait une grande excitation mais ne pouvait s’empêcher de penser avec appréhension au moment où elle devrait quitter Nils. La jolie petite maison de bois peinte en jaune où ils habitaient à Trondheim se situait à Bakklandet, au cœur de la vieille ville, à quelques minutes à pied du Gamle Bybro, un antique pont de bois franchissant la Nidelva et permettant de rejoindre le centre de la cité. Nils travaillait depuis peu au NINA* à un programme de reconstitution de la population de renards polaires dans le Trøndelag, l’immense comté dont Trondheim est la ville la plus importante. Il avait difficilement quitté Grønnedalen et l’Ulvefjell, région où il étudiait les bœufs musqués, à la fin de sa précédente mission, mais s’était très vite enthousiasmé pour ce nouveau challenge. Léna l’avait vu renaître à sa passion de biologiste, après les dures épreuves traversées durant sa maladie. Il avait mis de longues semaines avant de retrouver toutes ses capacités physiques et de pouvoir à nouveau passer des heures à l’affût dans la nature, car handicapé par une fatigue tenace. La bactérie qui l’avait terrassé l’année précédente avait certes causé des ravages physiques mais l’avait aussi laissé psychologiquement fragilisé, comme beaucoup d’autres hommes, ainsi qu’elle avait pu le constater lors du suivi effectué auprès de plusieurs patients. Nombre d’entre eux semblaient avoir perdu le goût de vivre ou, tout au moins, présentaient une crainte profonde face aux aléas de la vie. Cela se traduisait par des difficultés à s’investir dans leur travail mais également dans leurs relations avec les autres et notamment avec la personne qui partageait leur vie. Nils avait en partie échappé à ces travers, heureux d’avoir rencontré Léna et de passer du temps avec elle. Mais il était néanmoins resté prudent dans leurs échanges et elle avait dû le pousser gentiment pour qu’il se laisse aller et retrouve sa confiance dans le futur. Jusqu’au jour où il avait été contacté par une chaîne de télévision pour une interview en tant que patient zéro de l’épidémie. Réticent, il avait fallu que Léna l’encourage vivement à accepter, pensant que cela lui ferait du bien d’expliquer comment il avait pu s’en sortir. En y repensant, elle se remémora quelques extraits de l’entretien et replongea immédiatement dans ses remords.
***
Journal télévisé NRK1**, Sedna Pettersen
– Madame, Monsieur, bonsoir. En une de notre journal, six mois presque jour pour jour après le début de l’épidémie à Grønnedalen, voici l’interview du patient zéro que notre correspondant a retrouvé à Trondheim. C’est à vous, Björn.
– Merci Sedna. Nous sommes avec Nils Rønning, le biologiste qui fut le premier atteint l’an passé par cette bactérie devenue tristement célèbre. Merci d’avoir accepté de nous parler. Vous êtes donc le patient zéro, comment allez-vous aujourd’hui ?
– Je vais bien. Je n’ai plus de symptômes depuis un bout de temps et toute cette histoire est derrière moi maintenant.
– Plus de symptômes ? Nous sommes ravis de l’entendre… Mais il semblerait que presque tous les patients ont eu des difficultés dans les mois qui ont suivi leur maladie. Des difficultés d’ordre psychologique, s’ajoutant aux séquelles physiques. Cela a-t-il été votre cas également ?
Nils se rembrunit et hésita quelques secondes avant de répondre.
– Euh… des difficultés psychologiques… Je ne dirais pas cela ainsi… J’ai mis du temps avant de retrouver toute mon énergie, mais ma tête va bien…
– Vous n’avez donc pas souffert de problèmes relationnels, de manque de confiance en vous, de craintes vis-à-vis de votre avenir ?
Mal à l’aise, Nils se contenta de répondre que non. Mais le journaliste insista :
– Et vous êtes toujours suivi actuellement ? Médicalement parlant, je veux dire…
– Non, pourquoi le serais-je ? Je ne suis plus malade…
– Vous n’ignorez sûrement pas que de nombreux hommes, contaminés par cette bactérie, ont maintenant été diagnostiqués avec un gros souci de fertilité, leur enlevant tout espoir de procréation sans assistance médicale ?
– Oui, je suis au courant…
– Pardonnez cette question très personnelle, mais vu les conséquences importantes pour les couples concernés, vous êtes-vous aussi fait tester ?
– Non…
– Mais pourtant je crois savoir que vous vivez en couple avec l’épidémiologiste suisse qui a travaillé sur cette épidémie. Vous ne rencontrez pas de difficultés ?
Nils blêmit et s’exclama :
– Absolument pas ! Et cela ne vous regarde d’ailleurs pas ! Cette interview est terminée !
Nils tourna les talons, laissant le journaliste un peu éberlué.
– Euh… Voilà Sedna, c’est tout ce que nous avons pu obtenir. Vous constaterez que ce sujet très délicat ne va pas sans causer passablement de souffrances…
***
Léna s’en voulait énormément d’avoir poussé Nils à faire cette interview. Elle n’aurait jamais pensé que le journaliste puisse être aussi intrusif. Nils avait été très remué par la suite. Il savait pourtant que quelques mois après l’épidémie, les médecins avaient identifié chez de nombreux sujets masculins un problème d’oligospermie***, des difficultés de procréation au sein de jeunes couples ayant fait l’objet de consultations dans les services de fertilité. Nils avait refusé de se faire tester, considérant que le sujet était prématuré et bien qu’il ait concédé que l’idée de fonder une famille avait fait partie de son projet de vie, avant… Léna n’avait pas insisté. De son côté, elle continuait à prendre un contraceptif, comme durant sa vie d’avant l’épidémie, avec Noah. Elle espérait secrètement que sa cohabitation avec Nils évoluerait vers une relation plus intime, mais ne désirait pas avoir d’enfant dans l’immédiat, préférant laisser la place au développement de sa carrière. Et après l’émission, elle n’avait plus osé aborder ce sujet délicat.
L’hôtesse arriva à la hauteur de leur rangée et leur proposa une boisson. Léna demanda un jus de myrtilles. Son voisin en profita pour lui adresser à nouveau la parole.
– Vous voyagez pour le plaisir ? Où vous habitez à Stockholm ?
Décidément, elle détestait son sourire et l’odeur de son aftershave, sans parler de sa propension à se pencher vers elle, sa cuisse frôlant la sienne. Elle lui répondit sans le regarder.
– Non, je voyage pour mon travail… Et il faut d’ailleurs que je me concentre sur ce que j’aurai à faire tantôt.
Sa boisson terminée, elle se tourna à nouveau vers le hublot et repartit dans ses pensées. Elle se revit dans la montagne, courant presque sur le sentier, malgré la fatigue de la longue montée, portée par un élan de joie après qu’elle eut reconnu Nils dans l’homme qui se tenait devant le refuge. De ses pieds volant de pierre en pierre alors qu’elle franchissait le torrent. Et des yeux de Nils, si bleus, qui ne la lâchaient plus, comme s’il avait peur qu’elle disparaisse. De ses bras autour d’elle et du sentiment de bonheur infini qu’elle avait alors ressenti. L’odeur de la fumée du feu de bois imprégnait les vêtements du biologiste et les jumelles qui pendaient sur son torse lui écrasaient les seins. Mais elle était restée ainsi collée contre lui un long moment. Après, il l’avait emmenée à l’intérieur et lui avait offert une tasse de thé brûlant. Il la regardait boire, sans rien dire. Puis, comme elle examinait la cabane, l’unique pièce avec la large banquette faisant office de lit, il avait dit timidement :
– C’est assez large. Tu pourras dormir à côté de moi, près du feu.
Elle avait acquiescé, se demandant tout de même ce qui allait se passer. Si l’attirance qu’elle ressentait pour lui était partagée. Il l’avait serrée tellement fort tout à l’heure… Nils avait ensuite préparé une soupe et ils avaient mangé du fromage et de la viande d’élan séchée, échangeant quelques phrases passe-partout sur les jours écoulés. Elle avait finalement évoqué l’invraisemblance de leurs retrouvailles.
– Je croyais que tu étais retourné à Trondheim…
– Et moi que tu étais repartie en Suisse avec ton équipe…
– C’est quand même incroyable que nous nous retrouvions ici tous les deux…
Et comme il ne disait rien, elle osa :
– Je suis tellement heureuse de te revoir… J’avais voulu passer te dire adieu à l’hôpital, avant mon départ… mais tu n’étais plus là…
Elle ne lui avoua pas ce qu’elle avait ressenti quand elle était entrée dans sa chambre et avait trouvé quelqu’un d’autre dans le lit et qu’elle avait cru qu’il était mort… Il la regardait, toujours sans parler, mais l’intensité de son regard suscitait un émoi très fort chez Léna. Un long silence s’installa, ponctué seulement par les craquements du bois dans la cheminée quand Nils rechargea le feu.
– Pourquoi n’es-tu pas repartie ? Il n’y avait plus personne dans le labo du Centre Nature quand j’y suis passé.
Elle hésita, ne sachant pas comment formuler l’impulsion folle qui l’avait fait changer d’avis au dernier moment, juste avant de monter dans l’avion qui devait la ramener à Genève. Elle se borna à une explication passe-partout.
– Euh… j’ai réalisé que j’avais encore du travail à terminer en Norvège… Et j’avais aussi besoin de me reposer…
– Et pourquoi tu es montée jusqu’ici ? Tu savais que j’étais là ?
– Non, mais je sentais que je devais venir ici… Je ne sais pas pourquoi… Et puis quand je t’ai vu, j’ai compris que c’était ce que j’espérais secrètement. A l’hôpital, déjà, j’avais très envie de mieux te connaître.
Nils sembla troublé par cette révélation, mais gêné, il ne dit rien. N’y tenant plus, Léna se leva, s’approcha de lui et appuya ses paumes contre la poitrine de l’homme. Surpris, il eut d’abord un mouvement de recul mais il recouvrit finalement ses mains avec les siennes. Elle sentait sa chaleur à travers le pull. Elle se blottit tout contre lui. Il poussa un long soupir puis murmura tout en se dégageant :
– Tu es gelée… Je vais préparer ton lit. Il faut te reposer maintenant.
Il déroula
