Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?: Préface du professeur Jacques Besson
Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?: Préface du professeur Jacques Besson
Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?: Préface du professeur Jacques Besson
Livre électronique176 pages2 heures

Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?: Préface du professeur Jacques Besson

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

« Voici un livre indispensable, une disputatio entre deux amis, qui vont à l’essentiel, une initiative rare dans notre monde de la distraction, qui précisément nous détourne de l’essentiel.

Un échange en toute sincérité avec des divergences et des convergences entre le journaliste laïc et le prêtre catholique. C’est que le sujet est à l’ordre du jour des commissions d’éthique, des juristes et des politiques. Face au vieillissement de la population, des progrès de la médecine et des coûts de la santé, la question du libre arbitre et de la dignité de la vie mérite bien une disputatio ! » 


 À PROPOS DES AUTEURS 

Michel Salamolard, théologien de grand renom, est prêtre du diocèse de Sion. Humaniste, guide de haute montagne, écrivain, on lui doit de nombreux ouvrages traitant de théologie et de spiritualité mais aussi de questions de société.

Après une carrière dans les médias — il a notamment présidé la Radio-Télévision-Suisse, créé pour l’OSCE la Radio Télévision du Kosovo — la gestion d’entreprises et la sécurité, Éric Lehmann, actuel président du tribunal arbitral d’une fédération sportive, consacre le reste de son temps à l’écriture. On lui doit plusieurs essais politiques, quelques romans et deux pièces de théâtre.
LangueFrançais
ÉditeurIsca
Date de sortie18 déc. 2024
ISBN9782889820887
Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?: Préface du professeur Jacques Besson

Auteurs associés

Lié à Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?

Livres électroniques liés

Christianisme pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Mourir ! Serait-ce le soin ultime ?

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Mourir ! Serait-ce le soin ultime ? - Eric Lehmann

    Présentation

    Eric

    L’ouvrage que vous tenez entre les mains est né d’un bref échange verbal entre un théologien, Michel Salamolard, et un écrivain, Eric Lehmann, auquel Canal 9, une télévision locale suisse, demandait s’il allait approuver dans les urnes le texte final de la nouvelle constitution cantonale valaisanne, une constitution rédigée en quatre ans par cent trente constituants et une dépense de quelque sept millions de francs suisses. Si, « au nom de Dieu tout puissant » l’ancien texte fondamental contenait quatre-vingt-dix articles, le nouveau en proposait près de deux cents.

    Pour l’écrivain il fallait voter oui, même s’il relevait dans le « catalogue fondamental » quelques scories évitables et le risque, sinon, de remettre l’ouvrage sur le métier occasionnant sûrement la « ponte » d’une nouvelle constitution « diarrhéique ».

    Pour le théologien, abbé de son état, il fallait voter non tant l’article 14 posait problème ; en voici sa teneur :

    Art. 14 – droit à la vie, à la liberté personnelle et à une fin de vie digne : Tout être humain a droit à la vie, à la liberté personnelle, notamment à l’intégrité physique et psychique et à la liberté de mouvement, ainsi qu’à une fin de vie digne librement choisie.

    Ainsi naquit cette nouvelle disputatio intellectuelle entre les deux, après celle qui nous vit débattre de la liturgie catholique dans l’essai Ciel mon Église ! Curé à ta mort qui m’en ouvrira la porte ?, paru aux Éditions Saint-Augustin.

    Le professeur Jacques Besson, spécialiste des rapports entre la psychanalyse et la religion, préface cet ouvrage.

    *

    Michel

    Sagesse des urnes ! Le projet présenté au vote populaire comportait trop de graves défauts, notamment son article 14, ouvrant large la porte au suicide assisté et à l’euthanasie, tandis que l’État se défaussait de sa responsabilité de protéger la vie de tous, notamment les plus faibles. Parmi les seniors, les personnes en proche fin de vie.

    J’espère que le parlement du Valais tirera les meilleures conclusions possibles de ce vote.

    En attendant, je m’efforcerai ici de compléter, de nuancer ou de disputer les propos d’Éric Lehmann sur des questions vertigineuses. Nous espérons tous deux nourrir ainsi la réflexion de nos lecteurs. Penser la mort, c’est penser la vie.

    Préface

    Voici un livre indispensable, une disputatio entre deux amis, qui vont à l’essentiel, une initiative rare dans notre monde de la distraction , qui précisément nous détourne de l’essentiel.

    Un échange en toute sincérité avec des divergences et des convergences entre le journaliste laïc et le prêtre catholique. C’est que le sujet est à l’ordre du jour des commissions d’éthique, des juristes et des politiques. Face au vieillissement de la population, des progrès de la médecine et des coûts de la santé, la question du libre arbitre et de la dignité de la vie mérite bien une

    disputatio !

    Mais qu’est-ce que le libre arbitre en psychiatrie ? Il y a la question du discernement, face aux différentes psychopathologies : troubles psychotiques, troubles graves de la personnalité, troubles dépressifs et bipolaires, etc. Pour le psychiatre, la question de la mort se pose à travers la question du suicide avant tout, qui polarise une posture médicale et de protection des patients. Le suicide philosophique n’est pas un problème médical, s’il existe… et il y a la psychogériatrie et le vaste questionnement de la conscience dans la démence et les pathologies neurodégénératives. Quelle limite aux soins en fin de vie ?

    Pour la psychanalyse, la mort n’est pas représentable dans l’inconscient : tout n’est que négation. Angoisse de castration et fin de la jouissance, angoisse de séparation et fin des relations, angoisse de morcellement et finitude du corps. Tout au plus, un sommeil sans rêves.

    Mais l’arrivée des neurosciences va bouleverser le paysage : c’est le mystère des expériences de mort imminente (EMI). Comment un cerveau qui ne reçoit plus d’oxygène, plus de glucose, dont l’électroencéphalogramme est plat, peut-il rapporter des expériences de sortie hors du corps, de revue de vie, de rencontre avec des proches décédés, de vision d’un tunnel avec une magnifique lumière et un être de lumière, source d’apaisement, transformant l’existence des sujets à leur retour dans la vie ? D’innombrables témoignages sont à disposition, posant une énigme pour la science matérialiste, qui ne peut qu’objecter évidemment que ces personnes ne sont pas vraiment décédées ou produire de vagues hypothèses neurologiques qui ne recouvrent pas ce mystère.

    On retrouve alors la disputatio de nos deux auteurs : car qu’est-ce que la conscience ? Est-ce une production du cerveau humain ? ou bien le cerveau humain est-il capable d’accéder à un monde plus grand, une conscience universelle ? Notre laïcité est bien pauvre face au mystère du vivant. L’humain a un besoin de sens, qui, s’il est refoulé, produit une névrose de civilisation, dont la caractéristique est le vide existentiel, dont les symptômes sont la dépression, l’agression et l’addiction.

    Cette volonté de sens est explorée actuellement par les neurosciences de la spiritualité, qui montrent notamment dans la méditation, mais aussi dans la prière, des circuits impliqués dans la cohérence et la résilience, circuits fondateurs de ce qu’il convient de nommer la santé spirituelle. Toutes les religions ont le même centre, une spiritualité en quête de sens et de liens. Ce sont les trois liens, lien à soi-même, lien à autrui et lien à la nature et à l’univers, qui donnent le sens à l’existence.

    Ainsi, l’humilité scientifique nous fait accéder à la docte ignorance, qui nous donne notre dignité dans nos choix existentiels et nos valeurs humaines.

    Le vaste tour d’horizon offert par nos deux auteurs sur l’ultime est un témoignage authentique et contemporain sur l’essentiel.

    Leur disputatio est finalement un hymne à la vie et à la sagesse, dont notre monde a un urgent besoin. Je vous souhaite une joyeuse lecture !

    Jacques B

    ESSON

    ,

    professeur honoraire, faculté de biologie et de médecine,

    université de Lausanne.

    Psychiatre psychothérapeute FMH.

    Prologue

    Eric

    Vous vous souvenez peut-être, tirées des Misérables de Victor Hugo, les phrases suivantes :

    Un jour il voyait des gens du pays très occupés à arracher des orties ; il regarda ce tas de plantes déracinées et déjà desséchées, et dit : « C’est mort. Cela serait pourtant bon si l’on savait s’en servir. Quand l’ortie est jeune, la feuille est un légume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d’ortie vaut la toile chanvre. Hachée, l’ortie est bonne pour la volaille ; broyée elle est bonne pour les bêtes à cornes. La graine de l’ortie mêlée au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mêlée au sel produit une belle couleur jaune. C’est du reste un excellent foin qu’on peut faucher deux fois. Et que faut-il à l’ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe à mesure qu’elle mûrit, et c’est difficile à récolter. Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile : on la néglige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que d’hommes ressemblent à l’ortie ! » Il ajouta, après un silence : « Mes amis retenez ceci ! il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais homme. Il n’y a que de mauvais cultivateurs. »

    Oserons-nous la comparaison ?

    *

    Michel

    Bien des années après Victor Hugo, un adolescent de 15 ans meurt d’un cancer foudroyant, en 2006, à Monza (Italie). Quelques années plus tard, il est déclaré bienheureux, bientôt saint, par le pape François. À cause de son amour pour Jésus et pour les pauvres. À cause de sa courte vie entièrement donnée, consacrée.

    Comme Victor Hugo, Carlo aimait les comparaisons. Se trouvant un jour non dans un champ d’orties, mais devant sa photocopieuse, il dit en riant à ses amis présents : « De naissance, nous sommes tous des originaux, mais beaucoup meurent comme des copies. »

    Et les jeunes gens de s’esclaffer tout en se promettant sans doute, in petto, de découvrir et de développer ce que chacun d’eux possédait de belle originalité à partager.

    Oserons-nous prendre conscience de notre propre et précieuse originalité ? Non pas celle des apparences qui séparent, mais celle du cœur qui rapproche et rassemble.

    La bourse ou la vie

    Eric

    Nous connaissons tous cette expression tout droit sortie du Moyen Âge durant lequel les bandits de grand chemin criaient leurs revendications comme aujourd’hui un braqueur vous mettrait un couteau sous la gorge en chuchotant : « Tu fais le con et je te zigouille. »

    À l’époque, tu avais donc le choix : tu lui donnais ta bourse ou tu lui donnais ta vie. À dire vrai, le choix n’existait pas vraiment ; en admettant que tu lui eus refusé ta bourse, il y aurait eu peu de chance qu’il te laissât la bourse après t’avoir pris ta vie.

    À mon âge, après avoir connu « mille vies », le temps est venu de me poser une question essentielle : la vie ou la mort ?

    Ce matin, en me réveillant, je me suis livré à un petit calcul dont je vous donne ici les résultats « à la louche ». J’ai « vécu » quelque 28 105 jours ou encore 674 520 heures. Durant le même temps, j’ai roupillé, à raison de sept heures de moyenne par jour, 196 735 heures. En soustrayant mes heures de sommeil, je n’ai donc « vécu » que 477 785 heures.

    Cela dit, en analysant avec circonspection ces chiffres, je me suis aussitôt posé des tas de questions sur la vie et sur cette « presque mort » que peut représenter le sommeil, même si mon sommeil paradoxal a connu quelques heures de béatitude lors de rêves que je préfère ne pas conter ici afin de ne point heurter vos sensibilités ou vos commentaires désabusés ou jaloux.

    Dans le fond, si vous me pardonnez l’expression, c’est plutôt « con » la vie alors que la mort a cette profondeur philosophique qui nous réserve une égalité intellectuelle, corporelle, esthétique, sociale. (Je dis ça dans l’incertitude parfaite que revendiquerait un agnostique à qui l’on poserait la question ou à la certitude clamée par un athée. Mais je dis aussi ça en attendant que Michel Salamolard tente de me rassurer bientôt.)

    Mais revenons à ma vie, ou à la vôtre.

    De tout temps, l’homme a cherché, non pas à comprendre ce qu’il pouvait bien y « foutre » dans cette existence mais bien à y survivre comme des milliards d’individus ont tenté de le faire depuis des millénaires, en suivant peu ou prou les recommandations parentales :

    Bois ton lait, c’est important ! Il serait temps que tu jettes ta lolette ! Ah, j’espère que tu vas bientôt cesser de pisser au lit. Fais tes devoirs ! Sois poli !

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1