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Le Journal d'Anton Gregory: La Plume du Dieu Oiseau
Le Journal d'Anton Gregory: La Plume du Dieu Oiseau
Le Journal d'Anton Gregory: La Plume du Dieu Oiseau
Livre électronique491 pages6 heures

Le Journal d'Anton Gregory: La Plume du Dieu Oiseau

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À propos de ce livre électronique

Aux confins de notre système solaire, se trouve une planète nommée Piuma. Là-bas, la magie existe, les animaux parlent et marchent sur deux pattes, les habitants ont une pierre précieuse en guise de cœur, les héros sont nombreux et la nature extravagante. Elle a été façonnée par le dieu Tchitrec. Un oiseau aussi beau que vaniteux. Très fier de sa création et désireux que tout le monde apprenne son existence, il a choisi, sur chaque planète, une personne douée pour conter les histoires. Il a donné à chacune la possibilité de se rendre autant de fois qu’elle le voudrait à Piuma. En échange, les conteurs devaient rapporter dans leur monde d’origine tout ce qu’ils y avaient vu de plus beau et de plus extraordinaire, ainsi que les aventures les plus rocambolesques auxquelles ils avaient eu la chance d’assister. Sur la planète Terre, c’est l’illustre romancier Wilhem Gregory qui a été choisi en l’an 1718 pour réaliser cette prouesse. À sa mort, il a transmis ce droit à ses descendants masculins.

Je me nomme Anton Gregory et je suis l’un d’entre eux. Voici mon journal qui retrace mon premier voyage à Piuma. J’espère vous émerveiller autant que je le l’ai été et vous révolter autant que je le fus.


LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie18 déc. 2024
ISBN9782384548347
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    Aperçu du livre

    Le Journal d'Anton Gregory - Laura Emeline Gonthier

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    Gonthier Laura Emeline

    Le journal d’Anton Gregory

    La plume du dieu oiseau

    A ma famille.

    « L’imagination vaut bien des voyages et elle coûte moins cher »

    Citation de George William Curtis.

    Vendredi 25 juin 1920, 20 h 30

    Maison de Bari, Paris,

    Planète Terre

    –Vous auriez dû tenir ce journal depuis une semaine, petit bon à rien ! cria madame Virginia Dubois tôt ce matin, de sa voix stridente.

    Elle me hurla dessus, devant tous les autres garçons de l’étude et devant la belle, que dis-je… la magnifique Alice. Elle utilisa ensuite la brosse qui sert normalement à effacer le tableau, comme projectile en direction de ma tête. Prévoyant, je me baissai rapidement sur mon pupitre afin d’éviter l’objet. J’avais l’habitude des accès de colère de la professeure Dubois, ce n’était pas la première fois de l’année qu’elle me lançait un objet dessus, juste après m’avoir traité de «petit bon à rien». Étant parvenu à esquiver la brosse, je me crus pendant un moment plus malin qu’elle et laissai échapper un petit sourire amusé. Malheureusement, l’enseignante n’apprécia pas du tout mon expression, ni les éclats de rire des autres étudiants. D’un bond, elle se leva de son bureau, faisant valser sa chaise contre le mur et fit une grimace épouvantable. C’était une de ces grimaces terrifiantes, dont elle seule avait le secret de fabrication.

    À ce moment-là, tout le monde se tut. Personne n’eut besoin de quelques secondes de plus pour se calmer.

    La professeure avança d’un pas rapide jusqu’au fond de la classe où était tombée la brosse, faisant claquer ses talons au passage. Comme les autres, je ne me tournai pas pour voir ce qu’elle y allait faire. C’était inutile. Nous le savions tous. Je gardai le regard fixé vers le tableau, déglutis et attendis mon heure venir.

    Je l’entendis ramasser l’objet que j’avais intelligemment réussi à éviter, puis ses pas se remirent à frapper le sol et s’arrêtèrent juste derrière ma chaise. Quelques secondes plus tard, la brosse s’abattit sur ma tête. Madame Dubois fut finalement plus maligne que moi. Comme d’habitude, une douleur intense se répandit dans mon crâne. Peu importe le nombre de fois où j’avais été frappé avec cet objet, la douleur ne s’atténuait pas avec le temps. Pour me punir de mon insolence, elle ajouta un deuxième coup. Je veillai toutefois à ne pas bouger, à ne pas vaciller. C’était la règle quand on se faisait cogner, sinon le châtiment était pire. Puis elle beugla pour la centième ou la millième fois de l’année (j’ai perdu le compte) :

    –Inutile d’aller perdre votre temps à Piuma ! Tout comme votre père, vous n’avez pas votre place là-bas ! Quant aux autres, cessez de ricaner aux mascarades du bon à rien, ou vous finirez sur le banc des boulets qui font honte au grand Wilhem Gregory !

    Je me rappelle avoir été profondément blessé la première fois qu’elle m’avait dit cela. Mais aujourd’hui, je ne le suis plus. J’ai entendu cette réplique beaucoup trop souvent pour m’en soucier encore. Et puis, la méchante professeure pouvait bien dire ce qu’elle voulait. Certes, mon père avait échoué au test pour devenir conteur de Piuma, mais, au moins, ma famille, elle, contrairement à celle de madame Dubois, a été choisie par le dieu de Piuma pour tenter sa chance. La famille Dubois, elle, n’aura jamais cette occasion. Elle ne pourra jamais passer le test…

    Mais puisque madame Virginia Dubois tient énormément au fait que je raconte dans ce journal «tout» ce qui m’arrive dans mes journées ainsi que mes ressentis, et ce, sans me censurer le moins du monde, alors je le ferai. Je ne chercherai donc pas à cacher les paroles viscérales qu’elle a eues et qu’elle aura à mon encontre.

    Si j’en crois les notes que j’ai prises lors du cours de Dubois ce lundi, expliquant la manière dont je devais tenir ce journal, je devrais commencer par me présenter…

    Je m’appelle Anton Gregory, j’ai 17 ans (et demi, si je peux me permettre. Je sais que madame Dubois n’aime pas cette expression). Je suis né à Rouen le 25 décembre 1902. Je suis le fils unique d’Adaline et Paul Gregory. Il y a un an de cela, j’ai obtenu mon baccalauréat. Mais pour comprendre mon histoire, il faut d’abord connaître celle de Tchitrec et de mon illustre ancêtre Wilhem Gregory.

    Tchitrec est un dieu. Dans un des livres de la bibliothèque de Bari (mon grand-père), j’ai vu que Tchitrec a l’apparence d’un grand oiseau. Il a créé une planète plate et rectangulaire qui s’appelle Piuma. Sur celle-ci, vivent apparemment de grands héros et des méchants terrifiants qui évoluent dans des paysages insolites. Porté par l’orgueil et la fierté de son monde, le dieu oiseau voulut que les incroyables histoires qui se passaient sur sa planète soient rapportées dans l’univers.

    Pour cela, il vola de monde en monde (dont le nôtre). Dans chacun d’eux, il choisit une personne ayant un incroyable talent pour le chant, le conte et l’écriture. Il lui offrit l’opportunité de se rendre à Piuma autant de fois qu’elle le voudrait. En contrepartie, elle devrait rapporter dans son monde d’origine tout ce qu’elle avait vu de plus éblouissant, de plus mirifique et les histoires héroïques auxquelles elle avait assisté. Elle pouvait rapporter ces choses oralement, à travers une chanson, un poème ou un roman. La forme était libre. Tous les élus acceptèrent, ils s’envolèrent tous à Piuma et remplirent leur devoir. Tchitrec les nomma alors «Conteurs officiels de Piuma».

    Dans notre monde à nous, ce fut mon arrière arrière arrière (en fait, je ne saurais dire combien d’arrière) grand-père qui fut choisi en 1718 : le grand Wilhem Gregory. Comme ce dernier n’était pas éternel et que Tchitrec avait été très satisfait par son travail, il donna la même chance à la descendance masculine de Wilhem. Ou du moins, c’est à peu près ce qu’il fit. Car dans la famille Gregory, les naissances de garçon ne manquaient pas. Pour éviter qu’il y ait trop de conteurs à Piuma, Tchitrec mit en place un test, une sélection : les descendants masculins de Wilhem devaient se rendre à Piuma durant un an, vivre au moins une grande aventure et ensuite venir la raconter ou la chanter au dieu oiseau. Si Tchitrec estimait le conteur assez talentueux, alors il acceptait que ce dernier revienne régulièrement à Piuma.

    Sur terre, personne ne crut aux histoires que mes ancêtres avaient rapportées, ni même à l’existence de Piuma. Toutefois, tous ceux qui lurent ou entendirent une de ces histoires furent toujours ébahis, intrigués, passionnés ou enchantés. Cela satisfit grandement Tchitrec. Les femmes et les enfants des conteurs étaient également très satisfaits de leur succès, car ces histoires les avaient rendus riches.

    C’est pour poursuivre ce destin que mes quatre cousins et moi-même (descendants directs de Wilhem Gregory), avons commencé notre formation chez notre grand-père Bari Gregory, il y a un an de cela, dans sa demeure à Paris. Tchitrec n’a jamais demandé que l’on soit formés, mais le vieux Bari tenait absolument à ce que tous ces petits enfants deviennent conteurs officiels de Piuma.

    Durant cette longue année, Bari nous apprit l’histoire de la création de Piuma, celle des personnes importantes qui y vivaient, la nôtre, les coutumes de ce monde ainsi que sa faune et sa flore. Madame Dubois, quant à elle, nous a entraînés à écrire des histoires et des poèmes, à chanter, à jouer de certains instruments et à conter oralement des événements. Le vieux Bari nous a également appris à manier l’épée, pour que nous puissions nous défendre en cas d’extrême nécessité. En effet, Piuma, ne connaît pas les armes à feu et se situe à une époque moyenâgeuse.

    Madame Virginia Dubois est une amie d’enfance du vieux Bari, en qui il met toute sa confiance. C’est également une femme qui n’est pas très douée en mathématiques. Cela ne fait pas une semaine que j’aurai dû commencer à écrire dans ce journal, mais seulement cinq petits jours ! Elle est toujours à tout dramatiser !

    La professeure tient absolument à ce que mes cousins et moi tenions un journal, afin d’y noter tout ce que nous allons vivre à Piuma. Histoire de ne rien oublier et de pouvoir créer facilement notre chanson, notre poème ou notre roman à notre retour sur Terre. Il y a une semaine de ça, pour prendre de bonnes habitudes, elle nous a demandé de commencer à raconter nos journées dans ce journal, bien que nous soyons encore à Paris. Je ne l’ai pas fait, parce que ma semaine avait été très mauvaise et que je souhaitais par-dessus tout l’oublier. Mais puisque je dois le faire avant demain, au risque de ne pas accompagner mes cousins à Piuma, je le ferai. Eh oui, le grand jour c’est demain. J’ai hâte d’y être ! Dans quelques heures, mes cousins et moi allons nous envoler vers Piuma. Du moins, si je réalise mon exercice comme ma très chère professeure me l’a demandé. Elle m’a promis de se lever tôt pour le vérifier.

    Lundi : madame Dubois nous remit à tous un journal et nous donna des «conseils» (pour ma part, j’utiliserai plutôt le mot «ordre») pour le tenir. Après quoi, elle nous donna une énième chanson héroïque à créer de toute pièce, sur laquelle nous nous penchâmes pendant deux heures d’affilée.

    Je recopie ici ma note et l’appréciation que madame Dubois a marquée sur ma copie : « 03/20. Écriture naïve, sans profondeur, qui donne des maux de tête et obstrue les yeux. »

    Mardi : ce fut la seule bonne journée de la semaine. Ce jour-là, madame Dubois, souffrante, resta au lit toute la journée. Elle annula donc tous les cours. Que Tchitrec en soit loué ! Je profitai de cette liberté pour aller me balader avec Lubin et Alice au parc.

    Lubin est mon cousin germain, venu lui aussi suivre la formation de conteur chez le vieux Bari. C’est le seul et unique cousin que j’avais déjà rencontré avant ma venue dans la capitale. En effet, après un événement survenu entre mon père et ses frères un peu avant ma naissance, je n’ai pas eu la chance de rencontrer les autres plus tôt. D’ailleurs, je n’ai jamais eu le droit de fréquenter Lubin non plus, mes parents me l’ayant toujours interdit. Sauf qu’ils n’ont jamais pu m’en empêcher, mon cousin vivant également à Rouen et qui plus est, dans la maison située juste en face de la mienne. Une chose en ayant entraîné une autre, nous sommes devenus amis et inséparables, malgré les conflits de notre famille. Lubin a des cheveux châtains toujours bien coiffés et des yeux de la même couleur. Il est bon, loyal, drôle, maladroit et je lui accorde toute ma confiance.

    Quant à Alice, il se trouve qu’elle est la fille de la femme qui me déteste le plus au monde : notre très chère professeure madame Dubois. Elle vit avec sa mère dans la très grande maison du vieux Bari. Parfois, comme ce lundi, elle assiste à nos cours. Alice est tout le contraire de sa mère : elle est belle (et non pas repoussante), souriante (et non pas aigrie), attentionnée et à l’écoute (et non pas méchante et bornée). Elle a des cheveux couleur des blés et des yeux noisette magnifiques. Elle possède un joli petit visage rond ainsi que des joues rebondies et toujours naturellement rosies. Je suis fou amoureux d’elle et elle est aussi folle amoureuse d’un autre garçon.

    Le parc étant à quelques ruelles de la maison de Bari, Lubin, Alice et moi avons l’habitude de nous y rendre dès que nous avons du temps libre. Ce jour-là, une forte odeur de fleurs parvint à nos nez dès notre arrivée au grillage. Depuis le début de l’été, Alice adorait vagabonder entre les fleurs et sentir leur parfum. Et moi, j’adorais la regarder faire.

    Comme d’habitude, nous allâmes faire une balade en barque sur l’étang. Cette fois, c’était au tour de Lubin de se charger de la rame. Comme à son habitude également, il faillit nous faire chavirer. Non seulement il n’est pas très doué pour pagayer, mais ce jour-là, il tenta de le faire en imitant le vieux Bari devant madame Dubois. Notre grand-père a en effet toujours une drôle de tête et un comportement ridicule quand il se retrouve face à la professeure. Nous savons tous qu’il est secrètement amoureux d’elle. J’en suis toujours à me demander comment une telle chose a pu arriver.

    Lubin connaît mon amour pour Alice. Après la barque, il trouva donc une excuse pour nous laisser seuls, elle et moi. Je l’amenai sous un kiosque blanc qu’elle qualifia de très romantique. Elle me confia alors sa tristesse de nous voir tous partir, « surtout toi, Anton », dit-elle… C’est alors que, poussé par je ne sais quelle force, j’osai pour la première fois prendre sa main dans la mienne, le cœur près de se morceler sous des battements inhabituellement brusques. Elle était d’une douceur affolante…

    –Je n’ai pas envie de vous dire au revoir, ajouta-t-elle.

    –J’aimerais ne pas devoir te quitter, j’aimerais que tu viennes aussi avec moi là-bas, lui confiai-je, étonné de ma propre audace.

    Alice se jeta à mon cou devant une dizaine de regards choqués par notre comportement inconvenant en ce lieu public. Néanmoins, je la laissai faire. Peu importait la pensée d’autrui, seule Alice comptait à ce moment précis. C’était elle qui comptait depuis un an.

    Nous restâmes un moment serrés l’un contre l’autre avant de rentrer au manoir, ses bras enroulés autour de mon cou et les miens autour de sa taille. Une chaleur troublante irradia mon corps et pour une fois, ce ne fut pas le soleil brûlant d’été, ce fut la sensation de sentir Alice contre moi. Ce fut très dur de briser notre étreinte ou, du moins, ce le fut pour moi.

    Une fois rentré, je ne pus m’empêcher de repenser à ce qui s’était passé au kiosque et à me demander si je pouvais déclarer ma flamme à Alice et lui demander de m’attendre un an, jusqu’à mon retour de Piuma. Depuis notre rencontre, je n’avais eu d’yeux que pour elle. Cependant, ma timidité était telle que je n’avais jamais osé lui dire mes sentiments. Je craignais d’être repoussé. Il faut dire qu’avec ma jambe boiteuse et ma canne, je suis loin d’être le plus beau garçon qui soit. Tandis qu’elle, elle est incroyablement magnifique et parfaite. Cependant, les paroles qu’elle avait eues à mon égard et notre étreinte m’avaient rempli de bonheur et d’espoir et j’avais maintenant très envie de lui déclarer mon amour.

    Toutefois, à l’heure où j’écris dans ce journal, je sais qu’elle ne m’a jamais aimé, ou du moins pas comme je l’espérais. Je me sens incroyablement bête d’avoir pensé lui demander de m’attendre. Qu’est-ce que je croyais ? Maudites soient les étoiles qui m’ont empêché de voir la vérité !

    Mercredi : je passai la journée à essayer de joindre mes parents par téléphone. Je devais leur demander pour la millième fois s’ils allaient venir ou non à la fête organisée vendredi par Bari, en l’honneur de notre départ. Jusqu’ici, ma mère m’avait toujours répondu qu’elle ne savait pas, qu’elle et mon père avaient beaucoup de travail à la ferme. Mais ce mercredi, Bari avait besoin de leur décision définitive, ils devaient me répondre. Ce n’est qu’en début de soirée que ma mère a enfin répondu. Je me souviens de la conversation, de son intonation, de son hésitation et de sa gêne.

    –Nous avons bien réfléchi et nous ne pouvons pas venir. Nous avons beaucoup à faire…

    –Avec la ferme, complétai-je à sa place.

    Durant la dernière année qui venait de s’écouler, chaque fois que Bari avait organisé une fête, elle m’avait sorti cette excuse. Je savais que c’était un mensonge. La ferme est bien modeste et notre voisin à qui nous rendons souvent des services aurait très bien pu s’en occuper un ou deux jours. Surtout que je n’avais pas revu mes parents depuis un an et que j’allais ne plus les voir pendant une année de plus. S’ils ne voulaient jamais venir, c’était parce que les parents de mes cousins étaient également invités et qu’ils ne voulaient pas les croiser.

    Mon père avait cependant une raison en plus pour ne pas venir me voir ou même pour refuser de me parler au téléphone. Il ne voulait pas que je devienne un conteur. Comme j’ai refusé de l’écouter, il a décidé de ne plus jamais me parler.

    –Est-ce je pourrais parler à mon père, s’il-te-plaît ? tentai-je pour la dernière fois avant de partir pour Piuma, monde dans lequel je n’aurais plus aucun contact avec lui durant encore un an.

    Il y eut un moment de silence dans le combiné, puis j’entendis comme des chuchotements, mais ils étaient trop faibles pour que je puisse saisir la conversation, enfin quelqu’un claqua une porte.

    –Il… il n’est pas là…, balbutia alors ma mère.

    Deuxième mensonge que j’avais l’habitude d’entendre.

    –Oh, je comprends, il a beaucoup de travail ! lançai-je d’un ton que je voulais désinvolte, pour montrer que cela ne me faisait rien. Malheureusement, l’effet contraire se produisit, car ma voix se brisa rapidement. Ma mère sembla le remarquer et elle s’empressa de me réconforter.

    –Oui, mais tu sais… tu lui manques beaucoup ! À moi aussi, d’ailleurs !

    Rien de tout ça ne me réconforta, ni ce qu’elle ajouta : le fait qu’elle m’aime, qu’un an passerait vite, qu’après je pourrais enfin rentrer à la maison et que nous nous retrouverions tous enfin. Une année ne passerait jamais aussi vite qu’elle le prétendait. De plus, j’avais vraiment besoin de parler à mon père. Lors de notre dispute la veille de mon départ à Paris, il m’avait fermement fait comprendre que je n’étais plus son fils.

    Après le dîner, mon cousin Geoffrey eut l’idée de mettre de la musique pour me changer les idées. Lubin et lui me poussèrent à inviter Alice à danser. Alors que nous nous chamaillions sur la manière dont j’allais l’aborder, mon autre cousin Alfred s’invita dans la conversation.

    –Cette dispute est complètement dérisoire. Quelle que soit la manière dont tu l’inviteras, Anton, elle refusera ! Qui aurait envie de danser avec un boiteux ? D’autant plus un boiteux dont le père a…

    –La ferme ! crièrent en cœur Lubin et Geoffrey, anticipant ses propos perfides.

    –Ton père aussi n’était pas capable de se défendre seul et je ne parle pas seulement de son procès à Piuma, osa-t-il.

    Mon sang ne fit qu’un tour. Entendre des remarques sur mon père me déstabilisait et me faisait toujours perdre mes moyens. Je ne savais jamais comment réagir. Je voulus riposter, mais qu’est-ce que j’aurais pu lui dire ? Critiquer son père qui a reçu pendant 15 années de suite la plume d’or des conteurs pour avoir ramené les plus belles histoires ? Qui a vécu et conté les meilleures aventures jamais entendues auparavant ? Ou bien critiquer Alfred, lui qui a terminé le lycée avec la mention excellence et qui a fait deux ans dans l’armée avant de rejoindre la formation de conteur ? Son parcours particulièrement brillant avait toujours attisé la curiosité d’Alice, qui ne cessait de l’interroger sur les expériences qu’il avait vécues dans l’armée. Alfred est le plus vieux d’entre nous, il a 20 ans, il est arrogant, moralisateur, blessant et il se mêle toujours de choses qui ne le regardent pas. S’il a un don pour m’énerver, il en a un tout aussi fort pour attirer les filles, avec son assurance, son comportement, sa musculature et ses longs cheveux noirs toujours attachés en queue de cheval.

    –Ne parle pas de choses que tu ignores. Tu n’étais pas là pour le savoir, dis-je en serrant les dents.

    –Mon père m’en a bien assez dit pour que je me forge ma propre opinion sur cette affaire.

    –Ce n’est pas ta propre opinion, mais juste une pensée mauvaise que ton père t’a martelée dans le crâne, rétorquai-je en perdant quelque peu mon sang-froid. Tu comprends ? Ton comportement n’est que mimétique.

    Il sourit. Mais son sourire était loin d’être sincère. Il se tut, puis se dirigea vers le couloir.

    –Il va l’inviter à danser ! s’exclama Geoffrey tout en me poussant vers le couloir. Vas-y avant lui !

    Un autre jour, j’aurais trouvé ce comportement enfantin, mais ce soir-là, à bout de nerfs, j’acceptai le défi et m’élançai. Quand Alfred vit que je le suivais, il accéléra le pas. Je ne me laissai pas devancer et fis de même. Puis il se mit à trottiner et je me mis à courir. Il se mit à courir également. Le couloir étant trop petit pour nous deux, nous nous bousculâmes et arrivâmes en trombe dans la cuisine où Alice était en train de faire la vaisselle.

    –Alice ! avons-nous crié d’une seule voix.

    Alice, surprise, faillit se couper avec le couteau qu’elle était en train de laver.

    –Tu veux bien danser avec moi ? avons-nous presque hurlé en même temps.

    Elle resta un moment à nous observer en faisant de gros yeux, puis elle se mit à rire. Alfred et moi ne sûmes pas comment prendre ce rire.

    –Excusez-moi, les garçons, c’est juste…

    Elle se remit à rire.

    –C’est juste quoi, Alice ? l’aida Alfred avec un ton mielleux.

    –C’est juste que vous avez déboulé ici comme une trombe ! J’ai cru qu’il s’était passé quelque chose de grave… or c’était seulement pour m’inviter à danser ! Excusez-moi d’avoir rigolé ! Je crois que c’était juste le stress qui redescendait !

    Ces joues devinrent encore plus rouges qu’elles ne le sont d’ordinaire.

    –Alors tu veux bien ? tentai-je à nouveau, ne voulant pas laisser Alfred me devancer.

    –Oh, Anton… et ta jambe ?

    Mon cœur manqua un battement et je sentis la tête d’Alfred se tourner vers moi. Du coin de l’œil, je vis un sourire se former sur son visage.

    –Qu… quoi ? Euh, je veux dire… comment ça, ma jambe ?

    –Eh bien, tu es boiteux et le docteur t’a dit de ne jamais faire d’effort sur ta jambe sans ta canne, or je ne te vois pas danser sans elle…

    Ses propos me sidérèrent sur le moment.

    –Mais enfin, c’est… c’est juste une danse… bégayai-je, gêné de me faire jeter devant Alfred.

    –Je crois que c’est sa manière de te dire gentiment qu’elle ne veut pas de toi, le boiteux, souffla Alfred dans mon oreille.

    Embarrassé, je devins tout rouge.

    Alice sembla mal à l’aise aussi et esquissa un sourire qui, maintenant que j’y repense, ressemblait plutôt à une grimace.

    Alfred tendit sa main vers elle et elle la prit. Il l’entraîna avec lui dans le couloir. Moi, je restai sur le pas de la porte de la cuisine. Je ne me tournai pas pour les regarder, je ne voulais pas les voir ensemble. Je me maudis alors d’avoir eu ce comportement enfantin et montai dans ma chambre. Quelques secondes plus tard, la musique s’arrêta et j’entendis des exclamations de voix.

    –Mais enfin, qu’est-ce que tu fais ? cria Alfred.

    –Désolé, mais j’ai envie de l’écouter à l’étage, rétorqua Lubin sur un ton agacé.

    J’entendis deux personnes monter les escaliers en courant et peu de temps après, Geoffrey et Lubin ouvrirent la porte de ma chambre sans frapper. Lubin portait la radio sous le bras.

    –Qu’est-ce qui s’est passé ? leur demandai-je, interloqué.

    –On a entendu ce que cette mégère t’a dit ! clama Lubin.

    –Ce n’est pas une…, tentai-je de répliquer pour la défendre.

    –Si, c’en est bien une ! Et tu n’as pas à te morfondre pour elle. Laisse-la lui. Elle est aussi hautaine que lui. Ils font la paire ! poursuivit-il sur le même ton. Et ça, dit-il en pointant la radio qu’il portait sous le bras, c’est ma radio ! Et nous l’avions allumée pour te changer les idées, pas pour que ces gens odieux dansent dessus ! s’exclama-t-il assez fort afin qu’Alfred l’entende bien.

    –Vous êtes de vrais amis ! leur dis-je, touché par leur réaction.

    Lubin sourit, puis ralluma la radio, mais quelques minutes plus tard, ayant entendu des rires en bas, je l’éteignis pour écouter la conversation d’Alice et Alfred.

    –Ne les écoute pas ! Laisse-les ! J’ai toujours su qu’elle ne te méritait pas. Elle mérite l’autre arrogant en bas ! s’exclama aussitôt Lubin.

    Mais je lui demandai de se taire.

    –Alice, depuis le jour où je t’ai rencontré, je suis tombé sous ton charme, dit Alfred. Si j’avais eu une bague en ma possession, là, tout de suite, je t’aurais déjà demandée en mariage. Mais vois-tu, j’attends d’être à Piuma pour t’y acheter la plus belle bague qui soit. Sauras-tu m’être fidèle jusqu’à ce que je revienne avec elle, te demander en mariage ?

    Mon cœur s’accéléra et j’attendis la réponse d’Alice, très angoissé.

    –Oui, répondit-elle. Oui, je le veux !

    Je crus que tout mon univers était en train de s’effondrer. Lubin et Geoffrey n’en revinrent pas non plus. Quand ils tentèrent de me réconforter, je les rejetai. Je ne voulus plus écouter aucune musique, ni parler à qui que ce soit. Je pris la porte et fis une sortie nocturne dans le parc. Son oui faisait écho dans ma tête durant ma balade. Pour qu’elle donne sa réponse aussi rapidement, sans hésiter, c’est qu’elle avait toujours désiré cela. C’est qu’elle m’avait toujours vu uniquement comme un bon ami. Je flânai dans le parc pendant une heure, totalement abattu, puis rentrai à la maison.

    À 23 heures, le son d’assiettes qui se brisent au sol nous réveilla tous. Ce bruit fut suivi par un grognement. Lubin et Geoffrey, avec qui je partageais ma chambre depuis maintenant un an, se pressèrent d’allumer deux bougies et de sortir de la chambre. Je les suivis en courant pour savoir également ce qui se passait. Nous nous penchâmes sur la balustrade de l’escalier et regardâmes le rez-de-chaussée. Mes autres cousins, Alfred et Christian, ne tardèrent pas non plus à sortir de leur chambre et nous rejoindre. Voir Alfred me pinça le cœur et je préférai reporter mon attention sur ce qui se passait dans la cuisine.

    –Vous devriez rentrer dans vos chambres, je vais m’occuper de cela, chuchota Alfred.

    Nous lui lançâmes tous un regard mauvais. Alors que Geoffrey ouvrait la bouche, prêt à riposter, d’autres objets tombèrent dans la cuisine, faisant encore plus de bruit qu’auparavant. Nous descendîmes les escaliers à toute vitesse, pensant à un voleur. Nous débarquâmes en trombe dans la cuisine, prêts à en découdre avec l’intrus. C’est là que nous vîmes un homme imposant, d’une quarantaine d’années, qui faisait au moins deux mètres de haut et qui avait les cheveux et la barbe noirs. Son visage était strié de cicatrices. Il portait de grosses bottes et une peau d’ours blanche sur le dos.

    Je saisis immédiatement une casserole pour me défendre. Mes cousins s’armèrent de marmites et de couteaux. L’homme ne sembla toutefois aucunement intimidé et nous montra les crocs.

    –Par les plumes du grand Tchitrec ! Gianni ! s’exclama Bari derrière nous, fou de joie.

    Quand Bari prononça le nom de l’intrus, je compris immédiatement l’enthousiasme du vieil homme. Bari est un ancien conteur, un ancien romancier plus précisément et durant son premier voyage à Piuma il a suivi les aventures d’une bande de pirates dont Gianni était le dirigeant. L’histoire de Gianni et de ses compagnons est donc le premier récit rapporté par Bari. Mais pas seulement, car le pirate et mon grand-père ont vécu beaucoup d’autres aventures ensemble. Le vieux Bari a dû écrire au moins six livres sur le pirate. Aucun d’entre nous ne l’avait encore vu jusqu’ici, pour nous il était juste un personnage de conte de fées.

    Gianni était exactement comme Bari l’avait décrit dans ses livres. Un homme imposant, costaud. J’avais tellement lu et relu les aventures de cet homme que j’aurais pu parfaitement dire quelle cicatrice lui avait valu quelle bataille. Nous fûmes tous en admiration devant lui. Mais ce ne fut pas réciproque, puisque dès qu’il nous vit, il empoigna son épée.

    –Non, arrête ! Ce sont mes petits-enfants ! Ce ne sont que des conteurs ou du moins, de futurs conteurs ! Ils sont inoffensifs, s’empressa d’expliquer Bari.

    Un grognement sortit de la bouche de l’homme et il refusa de baisser son épée.

    –Des conteurs ? Justement, c’est bien de ce genre de personnes que l’on doit se méfier en ce moment à Piuma.

    Sa voix avait quelque chose de hargneux et le regard plein de dégoût qu’il nous jeta nous fit ou du moins, me fit oublier un moment mon admiration pour lui.

    –Mais enfin, comment ça ? demanda Bari, la voix tremblotante. Cela fait plusieurs siècles que les conteurs viennent dans votre monde et ils ne vous ont jamais causé de tort. Je fus l’un d’entre eux et… et l’on s’entendait bien, n’est-ce pas ?

    La gêne de Bari pouvait se sentir à dix kilomètres.

    –Oui, en effet, nous nous entendions bien. Je te fais confiance et c’est d’ailleurs pour cela que je suis venu vers toi. Comme tu le sais, j’ai des hommes dispersés partout dans le royaume du grand Tchitrec et certains d’entre eux ont entendu dire des choses horribles… très horribles… Si celles-ci se révèlent vraies, alors j’ignore ce qu’il adviendra, mais ce dont je suis sûr, c’est que le mal ne peut qu’arriver.

    Mes poils se hérissèrent en entendant ses propos. Un habitant de Piuma ne vient jamais sur la Terre. Les moyens d’y arriver sont bien trop difficiles et dangereux. Uniquement des messagers entraînés pour ça peuvent le faire sans risquer leur vie. Ce n’était pas pour rien que l’on n’avait pas rencontré Gianni auparavant. D’ailleurs, si j’en crois les dires de Bari, ils ne s’étaient pas vus depuis une bonne dizaine d’années. Pour qu’il ait osé s’aventurer ici, c’est qu’il se passait quelque chose de très grave à Piuma.

    –Mais cesse donc de tourner autour du pot et dis-moi ce qu’il se passe ! le pressa Bari.

    –Pas en la présence de ces conteurs de fleurette, répondit l’homme, sur un ton aussi haineux qu’auparavant.

    Cette parole eut pour effet de tous nous scandaliser, même Bari. Nous résumer à ce qualificatif était révoltant.

    –Alors, allons dans mon bureau, dit Bari d’un ton las.

    Gianni sembla ne pas se rendre compte de notre malaise et suivit Bari.

    Je n’entendis rien de plus. Je ne savais rien concernant la situation à Piuma. Mais depuis la visite de Gianni, Bari semble très soucieux et jette souvent des regards dans ma direction, beaucoup plus qu’avant. Il semble m’observer à chaque instant.

    Je n’ai pas terminé mon récit, mais je suis épuisé et, fini ou pas fini, Dubois trouvera toujours quelque chose à redire sur mon journal. Je vais me coucher.

    Demain, lorsque je me réveillerai, je prendrai mon sac et partirai pour Piuma ! Après quelques semaines au château de Corneut, dans le royaume des Mille Merveilles sur le continent de Kameri, je m’élancerai dans une grande aventure. Enfin, dans un an, accompagné d’un luth, je chanterai mon odyssée à Tchitrec. En effet, j’ai déjà choisi de raconter mon histoire en la chantant… il est un peu tôt pour cela… c’est vrai… mais voilà… tel est mon plus grand rêve : devenir troubadour.

    Vendredi 25 juin 1920, 23 h 46,

    Maison de Bari, Paris,

    Planète Terre.

    Je n’arrive pas à dormir. Cela est certainement dû à l’excitation causée par mon futur voyage ! Lorsque je ferme les yeux, je ne peux m’empêcher de m’imaginer à Piuma et me demander dans quelle aventure je vais m’embarquer ! Je ne fais que me retourner encore et encore dans mon lit. Il est bientôt minuit, bientôt samedi, le jour fatidique !

    Puisque je ne parviens pas à m’endormir, autant finir mon travail !

    Jeudi : il ne se passa rien d’extraordinaire. Comme chaque jeudi, Bari nous fit cours, quoique cette fois, il sembla plus mélancolique que d’ordinaire. Sans doute, notre départ lui causait chagrin.

    Vendredi : ma matinée de vendredi, je l’ai déjà racontée plus haut en parlant de l’histoire de la brosse que j’ai reçu en pleine tête. L’après-midi, nous reçûmes les parents et les frères et sœurs de mes cousins pour la fête organisée en l’honneur de notre départ. Ce moment était très important pour mes cousins. Ils n’allaient plus voir leurs familles avant un an, pas même leurs pères ! En effet, mes oncles vont devoir arrêter leurs allées et venues à Piuma pendant un an. Tchitrec le leur a interdit pour qu’ils ne puissent pas apporter d’aide à leurs enfants durant leur année d’épreuve.

    Comme je l’avais prédit, lors de mon arrivée dans le salon, il y eut un malaise. Tout le monde se tut et me fixa avec de gros yeux globuleux. Chaque fois qu’un membre de ma famille me voyait, il pensait irrémédiablement aux péchés de mon père et me regardait avec un air de dégoût. Je parvins à rester environ dix minutes dans cet environnement hostile. Mais à un moment, le silence devint trop pesant et je pris la décision de quitter la pièce afin que tout le monde puisse se remettre à parler et se dire au revoir convenablement. À peine avais-je mis un pied en dehors du salon que tout le monde se remit à parler. J’allai me promener au parc seul. Cela me fit du bien. J’eus l’impression de respirer à nouveau. Au bout d’une heure, je rentrai à la maison et vis Alfred en train de présenter Alice à ses parents. Ma gorge se noua et mon ventre fit un tour. Je préférai détourner le regard. Je pris un fauteuil et m’assis parmi les convives dans le salon et tâchai de regarder uniquement les fleurs du papier peint collé au mur.

    Seuls Lubin et ses parents remarquèrent mon retour. Ils s’empressèrent vers moi. Olive (la mère de Lubin) me fit part de sa joie pour son fils et moi. Sa gentillesse me réchauffa le cœur, surtout en l’absence de ma propre mère. Elle ajouta que nous lui manquerions tous les deux et qu’elle n’avait aucun doute sur notre réussite. Elle me donna ensuite une tarte aux pommes qu’elle avait spécialement concoctée pour Lubin et moi. J’en fus très heureux, Olive était une excellente pâtissière.

    Son mari, quant à lui, me fit une accolade avant de partir et me souhaita de vivre de bonnes aventures. Quant aux autres personnes, elles m’ignorèrent en partant, ne me disant même pas au revoir.

    Je vais maintenant tâcher de retourner au lit et de dormir, afin d’être en pleine forme demain matin. Dans deux minutes, il

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