À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fidèle à son style exigeant et délicat, Albert Lefret poursuit sa volonté d’éveiller nos émotions. Ses mots, riches et finement assemblés, coulent comme des chansons en nous faisant voyager au fond de nous-mêmes.
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Aperçu du livre
Histoires de … - Albert Lefret
Histoire de rien
I
Sur la route bordée de peupliers qui mènent de leurs racines jusqu’à leurs cimes, par-dessus les stratus cumulus dont il s’agit, il suivait sa voie.
Il était là à l’instant, et plutôt que de se demander d’où il venait et subsidiairement où il allait, il serait plus judicieux de chercher les raisons qui le faisaient venir, et subsidiairement aller.
Il n’était pas le genre de céréale à manger sa soupe par quatre chemins, et c’est pour cela sans doute qu’il suivait celle bordée de…
Ses chaussures usées depuis longtemps, il s’était résolu à marcher sur les mains, si l’on peut dire (on peut), considérant que si jamais encore au concours Lépine il n’avait été présenté de soulier pour main, c’est certainement que cette invention n’était pas nécessaire, et que partant, et mourant un peu, il était finalement plus satisfaisant de progresser à la manière d’un poirier fuyant le verger plutôt qu’ordinairement mais nu-pieds.
C’est ainsi que le monde lui parut tout à fait inexplicable, en particulier la décroissance des arbres et les anti-lois de la gravitation, lois auxquelles il s’était opposé dans son enfance en élevant de jeunes globicéphales dans une grande cage en osier.
La première satisfaction qu’il rencontra, et avant lui l’ongle de son majeur qu’il ne rongeait plus pour des raisons évidentes, fut de ne plus réfléchir quand il paumetphalangeait (de « paumetphalanger » : avancer sur les mains). En effet ses facultés mentales ne s’ébranlaient qu’une fois ses lèvres en contact avec une cigarette de tabac (habitude que sa mère lui avait inculquée autoritairement en mémoire d’un ancêtre ayant, d’après une autre histoire, vulgarisé ladite plante).
À l’évidence, il ne pouvait saisir ses cigarettes qu’au repos, ses mains alors dispensées de leur fonction motrice.
Ainsi, fumant mais ne paumetphalangeant pas, il ne pouvait se demander pourquoi il allait et venait, puisqu’il ne venait ni n’allait, quoiqu’il inhalât ; paumetphalangeant mais ne fumant pas, il ne pouvait tout simplement pas se demander.
La perception de tels phénomènes aide à comprendre pourquoi, et surtout comment, il s’était libéré des angoisses qui étreignent le voyageur tel qu’on l’entend quand il lui arrive de parler, angoisses provoquées par la mémoire de faits passés et la projection dans l’avenir de faits certainement similaires.
Et puis voilà, c’est la vie, et il en faut pour tout le monde, y compris pour ceux qui n’en ont pas envie.
On est certes bien peu de chose, mais il n’y a pas que des enfants de salaud, même en comptant ceux qui se promènent la fleur de l’âge à la boutonnière.
À force de vieillir, il l’avait fanée, sa fleur de l’âge. Sans descendance connue, il avait toujours hésité à rentrer dans l’histoire, par modestie ou par timidité, et finalement il était là, las, béat sur son talus.
C’est en marchant qu’on devient marchepied, lui avait-on dit, mais ça, pour Dieu non, ça ne lui avait jamais permis de gravir l’échelle sociale ni de s’acheter une conduite (permis que d’ailleurs il n’avait pas).
Ses talents étaient nombreux, c’est certain ; mais d’une part il n’avait jamais pu les mettre en avant puisqu’il est forbidellement interdit de fumer dans les salles de spectacles, et d’autre part parce qu’à bout, il les avait joués, et perdus, en bourse.
C’est ainsi.
Son enfance ne le retenant nulle part, il s’en alla.
Non pas qu’il eut manqué de quoi que ce soit dans ses jeunes années : le lait était bon, l’éducation judicieusement distribuée.
Non pas que les paysages qui l’entouraient ne méritassent pas d’être contemplés un moment, une saison, une vie peut-être. Mais il avait besoin de savoir si d’autres paysages ne leur étaient pas préférables. Il voulait comparer, et pourquoi pas choisir.
Il partit.
Il chemina par monts et vaux, et passa même par Roncevaux avant d’embarquer pour ailleurs.
Là-bas, aux îles, sous les palmes bercées d’alizé, il souffla dans la conque, cet olifant marin, mieux qu’un Portal ou qu’un Parisien.
Les sirènes accourues se pâmèrent à ses pieds, remplirent les coupes de vin de palme, et ce fût tohu-bohu enivré. Il ne savait où donner de la tête, ni du reste, tant les amazones soumises étaient à sa merci. Il tenait enfin la vengeance d’Ulysse, et les sauvageonnes par leurs tresses.
Au matin, il laissa les déesses endormies sur la grève, leur grâce mâtinée de luxure offerte au jour naissant. Sonnant leur rappel à bord, il rassembla ses compagnons et mit cap au nord, en quête de poires, de pommes et de scoubidous pour la belle Hélène.
Mais celle-ci se moquait bien de la fiole de son prétendant, et pour ainsi dire s’en contrefichait. Elle avait deux marmots à nourrir, un ivrogne de mari à brouetter chaque soir jusqu’à sa paillasse, et bientôt une thèse à soutenir sur l’emploi du subjonctif dans la poésie rimbaldienne. Une femme moderne, vive et radieuse, qui plus est bonne cuisinière.
Elle avait d’autres chats à fouetter que d’attendre, du haut de son 17e étage à Aubervilliers, l’arrivée dans le nouveau monde d’une caravelle, même chargée de fruits et de breloques. Et on peut dire qu’elle le fouettait, son chat, trop sans doute, malgré qu’à ce sujet les deux enfants, quoique sans grand succès, la tempérassent. Car eux tenaient à la peau du chat, à sa chaude fourrure ; il leur plaisait d’y fourrer leur nez, d’y trouver la tiédeur et la douceur qu’une mère depuis longtemps oubliait de leur donner. Le chat était pour eux comme un compagnon de jeux se prêtant étonnamment à leurs facéties. Il pleurait à leurs peines, riait à leurs joies, chantait, dansait avec eux quand ils étaient heureux.
Une chose pourtant rendait le chat concupiscent, c’était de voir les moineaux, les pigeons, et d’autres encore, fuser dans l’air dans des acrobaties éloignées de toute idée de pesanteur. Lui ne savait pas voler, et s’en désolait. Ses ancêtres n’étaient-ils pas toujours retombés sur leurs pieds ? se motivait-il en ruminant des décisions téméraires.
On le hissa sur le bord du balcon, et, d’une chiquenaude, on l’invita à faire l’Icare.
Au seizième étage, comme aux suivants, il comprit que dix-huit niveaux c’était trop pour un seul chat, et que tout simplement il n’avait pas encore celui nécessaire pour un tel exploit. Il ferma les yeux, résuma sa vie, se dit qu’elle aurait pu être pire et que ce dernier était à venir.
Par chance, c’était jour de lessive à la résidence. À l’instant où le matou franchissait le rez-de-chaussée, deux matrones, dont le drap blanc par terre à l’aplomb du balcon finissait de sécher, le tendirent à la face du ciel pour en effacer les plis, et partant la funeste destinée qui s’annonçait pour le greffier. Bien leur en prit, et notre chat s’abandonna à l’inattendu moelleux du drap.
Il avait volé, et c’est fier comme un aigle qu’il allait haut et fort le raconter. La queue en panache, la moustache gominée, négligeant l’ascenseur, il gravit les escaliers d’un pas lent, pavoisant à chaque étage, relatant dans le détail son exploit aux compères et commères.
À tel point que sur le palier d’en face, où vivaient les Baskerville, leur chien qui jusque-là tenait le haut du pavé dans le quartier, fut destitué de son piédestal et creva de jalousie.
De son côté, au lieu d’un cap au nord imposé, il aurait voulu faire route vers les latitudes inscrites sur son carnet de bord, souhaitant par-là rester fidèle à son destin. Mais le vent n’y était pas.
Il prit le mors aux dents et sa colère n’eut d’égal que l’épaisseur des lanières qu’il arrachait au cadavre.
Au bout de 22 lanières, l’écorché prit froid. Qu’à cela ne tienne, se dit-il, lui qui, malgré les conseils de sa mère, avait oublié
d’emporter une glacière : ma pitance ne s’en tiendra que mieux. De fait, c’est les gencives saines et sans même un début de scorbut qu’il doubla Ouessant, en route vers la capitale.
Ses compagnons,
