L'école des noctambules - Melvin Lanchantor

Par Yvan Godbout

Descendant du grand Merlin, Melvin est un jeune sorcier qui aimerait bien être « comme les autres ». À l’école des Noctambules, certains camarades de classe le trouvent trop maladroit, trop rondelet et trop bizarre, avec ses cheveux qui changent sans cesse de couleur selon ses humeurs… Un enchantement, découvert dans un vieux grimoire de sa mère, pourrait peut-être l’aider à « changer » … C’est donc au cœur d’un grenier qu’il risquera le tout pour le tout, sous le regard d’une bestiole jusque-là minuscule, et ceux de ses compatriotes Samlouvins, qui arriveront à l’improviste… Melvin et ses amis découvriront alors le monde d’une bien différente façon!

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions Scarab
• Date de sortie: 12 nov. 2024
• ISBN: 9782898620331

Yvan Godbout

Yvan Godbout, auteur d’Hansel & Gretel, de Boucle d’or, de Le Petit Poucet, de la trilogie Les yeux jaunes, ainsi que d’Auteur maudit, maudit auteur.

Aperçu du livre

L'école des noctambules - Melvin Lanchantor

Note de l’auteur

Bonjour, toi ! 

Si tu souhaites apprécier pleinement les aventures de Melvin Lanchantor et de ses amis Samlouvins, je te conseille vivement de lire d’abord les tomes « Sam Mordanlcou » et « Lyanne Grimpante », dans la même collection. 

Maintenant, bonne lecture et amuse-toi bien en compagnie de notre jeune sorcier et de ses camarades fréquentant l’école des Noctambules ! 

Chapitre 1

Seul dans un coin de la cour de récréation, Melvin dévore avec appétit une galette à la mélasse sous la lueur d’un réverbère. Autour de lui, des feuilles mortes virevoltent sous les bourrasques dans une danse endiablée. Où êtes-vous donc, Lee-Lou et Sam ? se demande-t-il en mastiquant avec appétit. Il jette à nouveau un œil à la ronde. Partout, des élèves s’amusent en riant et en criant plus fort les uns que les autres, sans se soucier d’être entendus par les humains qui se seraient risqués dans le secteur. Un secteur que cette espèce avait d’ailleurs baptisé la « Colline aux Maléfices », en raison des voix et des bruits étranges s’échappant chaque nuit des environs. Parlant de bruits étranges, un hululement rebondit dans l’air frais d’octobre. Tiens, voilà madame la Chouette qui se réveille, songe Melvin. Je me demande si elle a encore le hoquet, ou si elle viendra échapper un autre petit « cadeau » sur la tête des jumeaux, aujourd’hui… !¹ Avant de mordre à nouveau dans sa succulente collation, il esquisse un sourire, ses cheveux prenant une éclatante coloration jaune soleil.

Avec un peu plus de sérieux, les pensées de Melvin reviennent vers le territoire de l’école.

C’est grâce à mes ancêtres sorciers que cette partie de Pointe-aux-Corneilles est protégée, se rappelle-t-il avec fierté. Le puissant sortilège lancé par la famille Lanchantor il y a deux cents ans a protégé la colline et ses boisés du regard des « non-monstrueux » ! Sans nous, il n’y aurait pas d’école des Noctambules. Sur cette réflexion, Melvin avale sa dernière bouchée. Au même moment, ses compatriotes Samlouvins² le rejoignent au pas de course. Comme toujours, Lee-Lou flotte dans une chemise à carreaux de Hunter, son frère aîné.

— Vous voilà enfin, vous deux ! s’écrie-t-il en se pourléchant. La récréation est presque terminée, nom d’une puce de fée poilue !

Les bras croisés sur sa chemise trop grande et un sourire narquois aux lèvres, Lee-Lou est la première à réagir :

— À ce que je vois, tu ne t’es pas trop ennuyé à nous attendre, cher descendant de Merlin…

— Ouais, ajoute Sam sur un ton aussi moqueur. Essuie au moins ta bouche, Mel !

— J’ai juste mangé une galette ou deux ! riposte Melvin en passant vite fait une main sur son visage. Il n’y a pas de quoi fouetter un nain de jardin !

— Ne t’énerve pas, Mel, tes cheveux deviennent tout rouges ! Sam et moi te taquinions, voyons !

— À ta place, je les aurais probablement toutes dévorées ! ajoute Sam pour réconforter son ami sorcier. Tes mamans sont vraiment les meilleures cuisinières du monde, toutes espèces confondues !

— Bien d’accord avec toi ! réplique Melvin avec bonheur. Mais si je n’ai pas mangé toutes les galettes, c’est parce que… je vous en ai gardé chacun une ! Et mes mamans ont pensé à toi, Sammy : aucun aliment de source animale n’a été utilisé dans leur préparation³ !

Moins d’une minute plus tard, Lee-Lou et Sam se régalent de galettes avec Melvin, aux cheveux maintenant d’un beau vert lime.

Ce moment est toutefois de courte durée : des jumeaux de descendance elfique viennent troubler la douce quiétude des Samlouvins, sans mettre de gants blancs.

— Regarde, Manu, commence Fleur Desforêts à l’adresse de son frère. Le pseudosorcier est encore en train de s’empiffrer comme un porcelet.

— J’ai vu, chère sœur, lui répond Manuel avec un air mi-hautain, mi-dégoûté. S’il continue comme ça, il se transformera lui-même en petit cochon !

Lee-Lou est la première à intervenir, vite suivie par Sam, tandis que Melvin, les joues et les cheveux rouge cerise, trépigne.

— Vous n’êtes que deux crétins, avec la cervelle et le cœur desséchés d’un mort-vivant ! lance d’abord la jeune louve-garou.

— D’accord avec toi, Lee ! poursuit Sam avant d’ajouter : Et si je n’étais pas devenu végétalien, je leur mordrais la langue jusqu’au sang !

Revigoré par la défense que lui portent ses amis Samlouvins, Melvin joint sa voix aux leurs. Sur sa tête, des mèches orangées se multiplient comme les flammes d’un brasier.

— Ce serait une très mauvaise idée, Sammy. Tu risquerais de t’empoisonner avec leur venin elfique.

Le regard enflammé, les jumeaux s’apprêtent à répliquer lorsqu’un son bien connu retentit dans la cour de récréation : le ronronnement de gros matou annonçant le retour en classe. Un peu partout, les cris et les rires cessent, remplacés par des soupirs déçus et quelques grognements.

— On dirait bien que vous êtes sauvés par le « chat », laisse sèchement tomber Fleur en tournant les talons.

— Ouais, mais ils ne perdent rien pour attendre, ajoute Manuel en la rejoignant. Surtout l’apprenti sorcier de pacotille… Je n’ai pas dit mon dernier mot…

Melvin, qui n’a pas perdu un mot des menaces à peine voilées du fils du directeur, s’alarme aussitôt. Au-dessus de lui, une corneille croasse dans un ciel d’encre, où semble flotter un maigre croissant de lune.

— Ce n’est pas vrai ! Nous allons une fois de plus avoir ces satanés elfes sur le dos, crotte de centaure !

— Parlant de centaure, vaut mieux éviter d’attiser la colère de madame Cavalia en arrivant en retard à notre cours d’éducation physique, déclare Lee-Lou en réajustant les lunettes sur son nez. Alors, ne tardons pas !

— Lee a raison, convient Sam. Grouillons-nous avant que la Trotterella claque des sabots en hennissant ! C’est notre dernière nuit d’école cette semaine, alors nous aurons tout le weekend pour nous préoccuper de Fleur et de Manuel Desforêts. D’ailleurs, on dort toujours chez toi ce matin, Mel ?

— Oui ! opine Melvin avec un large sourire. J’ai bien hâte de vous battre au jeu Le troll contre-attaque !

Lorsque les Samlouvins, tous de meilleure humeur, franchissent à leur tour la lourde porte en bois massif de l’école sur laquelle est finement sculpté le symbole de l’école⁴, ils ne savent pas encore que le « dernier mot » de Manuel Desforêts viendra bien plus vite que prévu. Et perchée sur une gargouille surplombant le bâtiment, la corneille solitaire, souvent perçue comme une messagère de mauvais augure, aurait certes pu leur prédire…