René Descartes, Christine de Suède: L'étonnante rencontre entre une reine et un philosophe
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À propos de ce livre électronique
Christine, orpheline de son glorieux père, Gustav II Adolf, voulait transformer son destin en destinée, connaître les grands esprits de l’époque et gagner la plus haute gloire. Le récent Résident de France, le parfait diplomate Pierre Chanut, ami de Descartes et bientôt confident de Christine, n’eut de cesse de rapporter au philosophe les qualités de la princesse, ses interrogations spirituelles, et d’expliquer à celle-ci l’apologie cartésienne de la volonté, provoquant bientôt son invitation à Descartes qui se rendit à la Cour de Stockholm à l’automne 1649. Or la mort du philosophe, en février suivant, ne clôt pas l’intrigue dont l’ultime phase, marquée par les décisions fracassantes de Christine : l’annonce de son abdication et celle de sa conversion à la foi catholique, s’achèvera à Rome en 1689 avec la disparition de cette Reine étonnante dont les pensées rédigées au long de sa vie attestent son évolution spirituelle. On s’interroge alors sur la portée de cette rencontre qui demeure un moment de l’histoire européenne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-François de Raymond, professeur d’université, ancien diplomate, notamment conseiller culturel en Suède, a publié une quinzaine d’ouvrages d’histoire de la philosophie et de la diplomatie, dont plusieurs concernent la Reine, Descartes, l’ambassadeur Pierre Chanut. Il a édité les pensées de la reine Christine de Suède (Apologies, Paris, Cerf 1994).
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Avis sur René Descartes, Christine de Suède
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Aperçu du livre
René Descartes, Christine de Suède - Jean-François de Raymond
Jean-François de Raymond
René Descartes
Christine de Suède
Rencontre entre une reine
et un philosophe
Les Acteurs du Savoir
Décdicace
Pour Maryvonne.
On n’a guère éclairé la relation de Descartes et de la reine Christine de Suède, laissée dans l’ombre portée par ces personnages historiques ou réduite à une anecdote climatique à l’issue dramatique. On a banalisé cette rencontre improbable, aussi intense que brève, de quelques lettres et d’entretiens matinaux entre le philosophe mathématicien attentif à se faire comprendre d’une princesse régnante, impatiente d’entendre le témoignage de ce penseur controversé autant qu’admiré. Mais on n’a pas moins suivi des préjugés et des soupçons en croyant distinguer dans ces entretiens l’éminence grise inspirant le pouvoir et le profil du prince en quête de justifications, voire en imaginant des complots provoquant la disparition du philosophe victime de jalousies de « scavantasses » de la Cour ou de la négligence de son assiduité par la Reine attachée à la maîtrise de sa destinée.
Ces commentaires ont en commun non seulement l’oubli des paroles, des écrits et des décisions de ces protagonistes mais la méconnaissance des dispositions du philosophe et des aspirations de la princesse, pourtant rapportées fidèlement, qui empêchent toute approche pertinente de cet événement exceptionnel. C’est pourquoi cette aventure de Descartes tragiquement interrompue trois mois après son arrivée à la cour de Stockholm où la princesse sera couronnée la même année puis abdiquera quatre ans plus tard, étonne encore, comme si elle conservait une part de mystère.
Il s’agit alors de retrouver la situation concrète du philosophe et de la princesse régnante, le rapport de la réalité à la vérité recherchée par chacun, grâce à l’examen de leur correspondance, des paroles rapportées par les témoins, des écrits simultanés de Descartes, et au rappel des décisions remarquables de ces protagonistes d’une intrigue inattendue où l’ambassadeur Pierre Chanut, ami du philosophe et confident de la Princesse, tient le rôle d’entremetteur avisé. L’attention portée aux lettres échangées sur fond d’écrits antérieurs ou simultanés de Descartes conduit alors à s’interroger sur les effets et la portée de cette brève rencontre, sur le processus de maturation spirituelle de la Reine et sur les événements et les décisions historiques qui marquèrent la destinée de ces personnages et l’histoire de la Suède.
En effet, les lettres rédigées par ces correspondants et leurs témoignages révèlent une convergence étonnante des projets du philosophe à la recherche de la vérité et des aspirations de la princesse quasiment orpheline qui cherchait des réponses à ses interrogations spirituelles et des éclaircissements intellectuels auprès du philosophe, attentif à lui révéler son aptitude à découvrir les voies de la destinée qu’elle voulait choisir. Pourtant tout séparait la princesse Christine de Suède au château des Trois couronnes, partagée entre le destin d’un règne attendu de tous et la liberté d’ouvrir une destinée incomparable, et le savant René Descartes dont la renommée lui était parvenue, non seulement l’âge, l’origine culturelle, le statut et le genre de vie mais les perspectives d’avenir que marquaient leurs intentions : le pouvoir ou le savoir.
Le cavalier Descartes
à la recherche de la vérité
D’abord le jeune René (voir fig. 1) a été formé par des études imprégnées de la scolastique d’Aristote au célèbre collège des Jésuites de La Flèche dont il appréciait les maîtres mais dont l’enseignement l’avait laissé « embarrassé de doutes » par « … l’incertitude de leurs raisons », dira-t-il, où il se fit autant d’adversaires que d’admirateurs. Puis après une licence en droit à Poitiers, il entreprend des voyages initiatiques dans le grand livre du monde, comme disait Montaigne, en découvrant en spectateur le métier militaire, suivant l’armée hollandaise du protestant Maurice de Nassau qui le mène à Francfort, au couronnement de l’empereur Ferdinand II de Bohème en 1619, puis celle du duc de Bavière. Durant ces années d’observation sur les chemins de l’expérience il constate la diversité des opinions et la variété des mœurs, et il médite sur leur compréhension.
C’est alors qu’il se donne le défi de chercher la voie de l’unification du savoir par l’unité de l’esprit humain, comme celle de la physique par la mathématique, et les conditions de la certitude. Or dans l’enthousiasme de ce projet audacieux, se produit l’événement personnel qui marqua l’orientation de sa vie : au soir du 10 novembre 1619, après des songes d’une réminiscence du poète latin Ausone : « Quod vitae sectabor iter ? » (Quel chemin de vie suivrai-je ?) éclairant sa propre préoccupation, il décide de suivre « une bonne fois » la voie de la recherche de la vérité dans les sciences et dans la conduite de sa vie¹ ; il a 23 ans.
Décidé à penser par lui-même en évitant les préjugés et les opinions, armé de quelques préceptes de bon sens pour conduire le jugement, adopter un ordre systématique dans les raisonnements, et de maximes de conduite prudente assurant sa vie pendant qu’il chercherait la vérité dans les sciences, il entreprend de mettre systématiquement et laborieusement en doute par un acte délibéré, inverse du doute sceptique dont il fuit la paralysie, « tout ce qui n’était que vraisemblable », les opinions partout répétées, les préjugés reçus, afin de se débarrasser de l’incertitude, qui est la pire ennemie de l’action : il fait « œuvre ou vœu de pauvreté en matière de connaissance »². Or dans l’exercice de ce doute jaillit l’intuition : « Je pense, je suis ! ego cogito, ego sum ! » et le constat : « Cette proposition : je suis, j’existe, est nécessairement vraie chaque fois que je la prononce ! »³ Il découvre ainsi son existence dans le mouvement même de sa pensée et comme pensée en acte, le doute qu’il exerçait révélant à la fois la pensée et l’existence. Il retrouve dès lors progressivement ce dont il s’était efforcé de douter, mais en le fondant sur des bases sûres, assuré que Dieu, dont il découvre l’existence grâce à l’idée de perfection qu’il constate en lui-même, est garant de la raison non trompeuse qu’il
