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Questions et idées reçues sur la Bible
Questions et idées reçues sur la Bible
Questions et idées reçues sur la Bible
Livre électronique248 pages2 heures

Questions et idées reçues sur la Bible

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À propos de ce livre électronique

Laissez-vous entraîner hors des sentiers battus de la foi. Dieu a-t-il créé le monde en six jours ? L’église a-t-elle caché d’autres évangiles que les quatre que nous connaissons ? Dieu va-t-il nous juger sur nos actes ? Dans l’essai Questions et idées reçues sur la Bible, Joseph Chéhab répond à treize questions et remet parfois en cause des certitudes profondément ancrées en proposant des interprétations innovantes de ce livre sacré qui a façonné l’histoire de l’humanité. Nulle envie de choquer, seulement celle de réfléchir et d’envisager la Bible autrement en menant une réflexion basée sur l’étude des textes. Pour chaque thématique, l’auteur part d’une idée reçue qu’il analyse, décrypte, réfute, tout en apportant un éclairage historique et philosophique. Pendant plus de vingt ans d’études théologiques, Joseph Chéhab, que l’on peut qualifier de théologien cartésien, a cherché des réponses logiques aux interrogations bibliques qui le taraudaient et aux incohérences qui le perturbaient. Il livre ici le fruit de son travail rigoureux et documenté, et suggère une approche différente. Le lecteur croyant sera surpris, voire bousculé, le lecteur agnostique sera intrigué et le lecteur en quête de réponses sera interpellé, mais tous seront intellectuellement stimulés. Et si la diversité des points de vue faisait grandir notre foi…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Joseph Chéhab a une double formation : ingénieur en informatique et docteur en théologie biblique. Déjà auteur du livre "Le Père peut-il juger ses enfants ?", publié aux Éditions du Cerf, il enseigne actuellement la théologie biblique à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth


LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie13 juil. 2024
ISBN9782386251863
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    Aperçu du livre

    Questions et idées reçues sur la Bible - Joseph Chéhab

    L’Ancien Testament

    Dieu a-t-il créé le monde en 6 jours ?

    Récit théologique et non factuel

    Il est difficile, dans un livre de questions sur la Bible, d’échapper à ce sujet. Depuis plus de douze ans que je donne à l’université un cours d’introduction à la lecture biblique, il n’y a pas une année où cette question n’ait été soulevée par mes étudiants lors de la première séance de cours. En effet, le récit de la création du monde en 6 jours semble s’opposer aux théories scientifiques sur la genèse de notre monde, tout particulièrement aux théories du Big Bang et de l’évolution des espèces, ce qui pousse des personnes à rejeter en bloc et la Bible et la religion chrétienne.

    Il n’est pas question ici de reprendre le vieux débat entre foi et science, ni d’interpréter le texte de sorte qu’il devienne compatible avec ce que la science nous raconte (une idée parfois avancée est que le jour n’est pas à être compris comme 24 heures), ni de considérer, d’une manière purement subjective, que le texte est symbolique. Il s’agit plutôt de démontrer, par les textes bibliques, que le récit de la création n’a pas été inclus dans la Bible pour raconter le comment de la création.

    En fait, il n’y a pas un récit de la création dans la Bible, mais deux, qui se suivent :

    Le premier récit : Genèse 1,1 – 2,4a

    « 1 ¹Commencement de la création par Dieu du ciel et de la terre. ²La terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux,

    « ³et Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. ⁴Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu sépara la lumière de la ténèbre. ⁵Dieu appela la lumière jour et la ténèbre il l’appela nuit. Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.

    « ⁶Dieu dit : Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux ! ⁷Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures. Il en fut ainsi. ⁸Dieu appela le firmament ciel. Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.

    « ⁹Dieu dit : Que les eaux inférieures au ciel s’amassent en un seul lieu et que le continent paraisse ! Il en fut ainsi. ¹⁰Dieu appela terre le continent ; il appela mer l’amas des eaux. Dieu vit que cela était bon.

    « ¹¹Dieu dit : Que la terre se couvre de verdure, d’herbe qui rend féconde sa semence, d’arbres fruitiers qui, selon leur espèce, portent sur terre des fruits ayant en eux-mêmes leur semence ! Il en fut ainsi. ¹²La terre produisit de la verdure, de l’herbe qui rend féconde sa semence selon son espèce, des arbres qui portent des fruits ayant en eux-mêmes leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. ¹³Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour.

    « ¹⁴Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu’ils servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années, ¹⁵et qu’ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre. Il en fut ainsi. ¹⁶Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit pour présider à la nuit, et les étoiles. ¹⁷Dieu les établit dans le firmament du ciel pour illuminer la terre, ¹⁸pour présider au jour et à la nuit et séparer la lumière de la ténèbre. Dieu vit que cela était bon. ¹⁹Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour.

    « ²⁰Dieu dit : Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel. ²¹Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux, et tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. ²²Dieu les bénit en disant : Soyez féconds et prolifiques, remplissez les eaux dans les mers, et que l’oiseau prolifère sur la terre ! ²³Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.

    « ²⁴Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, petites bêtes, et bêtes sauvages selon leur espèce ! Il en fut ainsi. ²⁵Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les petites bêtes du sol selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.

    « ²⁶Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre !

    « ²⁷Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa.

    « ²⁸Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre !

    « ²⁹Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence ; ce sera votre nourriture. ³⁰A toute bête de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui remue sur la terre et qui a souffle de vie, je donne pour nourriture toute herbe mûrissante. Il en fut ainsi. ³¹Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.

    « 2 ¹Le ciel, la terre et tous leurs éléments furent achevés. ²Dieu acheva au septième jour l’œuvre qu’il avait faite, il arrêta au septième jour toute l’œuvre qu’il faisait.

    « ³Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté toute l’œuvre que lui-même avait créée par son action. ⁴Telle est la naissance du ciel et de la terre lors de leur création. »

    Le deuxième récit : Genèse 2,4b-24

    « Le jour où le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, ⁵il n’y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n’avait encore germé, car le Seigneur Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol ; ⁶mais un flux montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. ⁷Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant. ⁸Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé. ⁹Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.

    « ¹⁰Un fleuve sortait d’Eden pour irriguer le jardin ; de là il se partageait pour former quatre bras. ¹¹L’un d’eux s’appelait Pishôn : c’est lui qui entoure tout le pays de Hawila où se trouve l’or¹²– et l’or de ce pays est bon – ainsi que le bdellium et la pierre d’onyx. ¹³Le deuxième fleuve s’appelait Guihôn ; c’est lui qui entoure tout le pays de Koush. ¹⁴Le troisième fleuve s’appelait Tigre ; il coule à l’orient d’Assour. Le quatrième fleuve, c’était l’Euphrate.

    « ¹⁵Le Seigneur Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder. ¹⁶Le Seigneur Dieu prescrivit à l’homme : Tu pourras manger de tout arbre du jardin, ¹⁷mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir.

    « ¹⁸Le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée. ¹⁹Le Seigneur Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu’il amena à l’homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l’homme avait pour nom être vivant ; ²⁰l’homme désigna par leur nom tout bétail, tout oiseau du ciel et toute bête des champs, mais pour lui-même, l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée. ²¹Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit ; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. ²²Le Seigneur Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. ²³L’homme s’écria :

    « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise.

    « ²⁴Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. »

    Au premier abord, il peut sembler au lecteur que le second passage est une suite au premier, donnant plus de détails sur la création de l’être humain. Mais une lecture plus attentive ne laisse aucun doute : nous sommes bien en face de deux récits de création contenant des divergences difficilement réconciliables.

    La première différence a trait au nom du Créateur. Dans le premier récit c’est Dieu (Élohim en hébreu) alors que dans le second c’est le Seigneur Dieu (Yahvé Élohim) et ce, de façon systématique : pas une seule exception. Ceci nous permet d’inférer que les deux textes ont des auteurs différents et appartiennent même à des traditions différentes. Nous y reviendrons dans la section suivante.

    La deuxième différence concerne le mode de création. Dans le premier récit, Dieu crée à partir de rien, ex nihilo : en disant (Que la lumière soit !), en séparant (la lumière de la ténèbre, les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures), en faisant (le soleil, la lune et les étoiles) ou, pour les êtres vivants, en créant (le verbe hébreu bara). Le deuxième récit, lui, ne décrit pas la création du cosmos ; il s’intéresse plutôt à la création des êtres vivants. Et là, on voit le Seigneur Dieu, tel un potier, modeler l’homme et les bêtes à partir de la poussière du sol.

    La troisième différence, et de loin la plus importante, est relative à l’ordre des « éléments » créés. Dans le premier récit, la création de l’homme est l’apogée de l’œuvre divine : après avoir créé un espace de vie et l’avoir peuplé de toutes sortes d’animaux, marins, aériens et terrestres, Dieu crée l’être humain et lui donne pouvoir de domination sur les autres créatures. Comme si la finalité de la création est justement l’être humain. De plus, il le crée « à son image », « mâle et femelle » en même temps (Genèse 1,27).

    Dans le second récit, le schéma est tout autre. En premier lieu, des versets 2,5 (et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol) et 2,15 (le Seigneur Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder), nous pouvons conclure que Dieu crée l’homme pour cultiver le sol et le garder. Il modèle donc l’homme avec la poussière de la terre et lui insuffle l’haleine de vie. Puis il trouve que la charge est trop lourde pour un homme seul. Il crée alors les animaux pour l’aider : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée » (2,18). Cette aide ne sera toutefois pas suffisante : « l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée » (2,20). Aussi lui crée-t-il une compagne : la femme.

    Les deux récits nous montrent donc des différences notables : le nom du Dieu créateur, le mode de création, sa finalité, ainsi que l’ordre des « éléments » créés. Il est ainsi clair que la ou les personnes qui ont rassemblé ces textes savaient très bien que ces récits n’ont pas vocation à raconter comment Dieu a créé le monde, mais qu’il l’a tout simplement créé. Il ne faut donc pas les lire littéralement, mais essayer de dégager la théologie voulue par leurs auteurs, à savoir l’image de Dieu qu’ils veulent nous véhiculer et la relation entre Dieu et l’homme qu’ils supposent.

    La suite du texte de la Genèse ne peut que renforcer le caractère non historique de ces textes. Nous savons tous que le premier couple humain a eu deux fils, Caïn et Abel, et que le premier ne va pas tarder à tuer son frère par jalousie (Genèse 4). À la suite de cela, Dieu maudit le meurtrier, le chasse de la terre abreuvée par le sang de son frère et le condamne à une vie de vagabondage. Tout cela paraît cohérent : une faute humaine suivie d’un châtiment divin. Ce qui surprend, en revanche, est la réaction de Caïn :

    « ¹³Caïn dit au Seigneur : "Ma faute est trop lourde à porter. ¹⁴Si tu me chasses aujourd’hui de l’étendue de ce sol, je serai caché à ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera." » (Genèse 4,13-14)

    Mais qui va trouver Caïn pour le tuer ? Quels êtres humains se trouvent sur terre hormis Adam, Ève et Caïn lui-même ? Et le texte continue :

    « ¹⁷Caïn connut sa femme, elle devint enceinte et enfanta Hénok. » (Genèse 4,17)

    Mais d’où vient la femme de Caïn ? Et d’où viennent les femmes de toute sa descendance : celles de Hénok, Irad, Mehouyaël, Metoushaël ou encore Lamek ? (Genèse 4,18-19) Il est évident que les auteurs de ces textes n’ont pas cherché à nous faire un compte rendu de la création du monde. Mais qui sont justement ces auteurs ? Et quelle est l’histoire qu’ils entendaient nous raconter ?

    Complément – Contexte et théologie des deux récits

    Depuis fort longtemps, des auteurs ont relevé des anachronismes et des différences stylistiques et théologiques dans le Pentateuque*. À la fin du XIXe siècle, un modèle explicatif, communément appelé théorie (ou hypothèse) documentaire, s’imposa et régna sur l’exégèse biblique durant plusieurs décennies. Selon ce modèle, le Pentateuque serait la fusion de quatre documents intitulés Élohiste (relatif à Élohim, Dieu en hébreu), Yahviste (relatif à Yahvé, le nom propre du Dieu d’Israël), Deutéronomiste (relatif au Deutéronome, le cinquième livre du Pentateuque) et Sacerdotal (relatif au milieu des prêtres d’où aurait émergé ce document). À partir des années 1970, cette théorie fut largement contestée, notamment l’hypothèse de la fusion de quatre documents distincts. Toutefois, plusieurs idées avancées par cette théorie, comme l’existence de textes purement sacerdotaux ou l’importance du livre du Deutéronome et de la période de l’exil* dans la composition finale du Pentateuque, ont trouvé confirmation par les recherches ultérieures. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les auteurs qui ont travaillé sur le Pentateuque durant et après l’exil n’ont pas été de simples compilateurs de textes préexistants ; ils ont plutôt été de vrais

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