L'apocalypse selon Amadis
Par Eric Brès
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Aperçu du livre
L'apocalypse selon Amadis - Eric Brès
L’apocalypse
selon Amadis
Eric Brès
L’apocalypse
selon Amadis
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Aux Éditions du Net
« En route vers Shaki » 2015.
« Clech le Loup » 2017.
« Trois nouvelles sur l’enfermement » 2017.
Aux Éditions N 7
« Grain de Sel. Tome 1. » 2016.
« Grain de Sel. Tome 2. » 2018.
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08283-7
À Hélène, mon amour…
Prologue
Bonjour, Madame !
Acceptez, Majesté, les civilités
D’un simple estrangié.
Vous qui fûtes courtisée
Anoblie et fêtée par les félibriges
Recevez mon hommage impie.
Devant vos yeux violets
Je m’incline.
Devant vos prés salés, enganes*, sansouires
Devant vos dunes dans la mer
Et le ciel dans les dunes
Je pose ce conte à vos pieds.
Mistral vous voulut pure et dure
Avec votre air fier et rebelle
Qui appelle à la lutte
Il vous fit sectaire et étrangère :
« À n’aqueù que tout lou mounde ahis, Malur ! »*
Je vous préfère douce et accueillante
Un peu souple, un peu sensuelle
Sale et belle, irrésistible provençale.
Je vois dans vos yeux noisette
Les grands taureaux surgis des roubines*
Et des monstres mi-homme mi-bouc
Qui errent dans les vents mauvais.
J’entends les accents de la langue d’Oc
Qui claquent et chantent l’honneur
D’un pays qui ne veut pas crever.
Et vos yeux noirs de gitane
Sur un air de guitare fument
Et jettent dans le ciel d’or
La lueur des ferronniers
Étincelles de feu, escarbilles sacrées…
Que serais-je sans vous
Sans vos senteurs enivrantes d’herbes
Sans la sarriette et le pistou*
Sans le thym, le laurier, le romarin
Sans vos yeux d’émeraude
Sans votre regard au détour d’un chemin ?
Que serais-je sans vous
Dame Camargue
Qu’un déraciné de plus ?
J’ai planté dans vos marais
Les attaches de mon païs.
Soyez remerciée, Madame
De les avoir tendrement
Tenues dans votre main gantée…
Premier chapitre
Cette rigardelle* au teint de rose et aux prunelles lavande, avec quelques taches de soleil qui lui piquetaient les joues, et son long cou comme une invite profonde, se prélassait et se dérobait au gré des rires de l’enfant qu’elle était, avec ses seins ronds comme des pains bénis, sa taille de guêpe pour mieux dégorger ses trésors, et son popotin malin, tout en finesse, tout en délicatesse, et ses longues jambes sous la robe-abeilles, et ses chevilles fines, légères, comme celles des danseuses, cette rigardelle d’amour, cette magnifique jeune-fille ne pouvait pas échapper au regard d’Amadis, aussi déprimé fût-t-il. C’était une fée à vous rendre le sourire.
Amadis la connut ce soir-là, alors que tout allait mal et que tout recommençait. La coupe sainte ne cessait pas de circuler et de verser dans les cœurs l’énergie des forts du vin pur de nos treilles et transmettait l’estrambord*. C’était un temps déraisonnable. On mettait les morts à table. La famille au grand complet était réunie dans ses plus beaux habits, ceux du dimanche, ceux d’avant, ceux qu’on portait en étant fier d’être camarguais. Les hommes avaient fait beaucoup d’efforts. Ils avaient abandonné leurs gros pantalons de toile et leurs chemises colorées. Ils avaient dénoué leurs foulards et libéré leurs cous puissants de taureaux avant de les enfermer de nouveau, raides et à l’étroit dans les cols amidonnés que la mamée avait repassés, avant qu’elle ne meure, comme si elle avait voulu tout régler et être sûre de la dignité de ses adieux.
Amadis eut honte de sa tenue et voulut aussi sacrifier à la tradition. Bien qu’il n’eût aucune racine dans ces prés salés, il tint à enlever ses estrasses* et demanda à se changer. Il voulait être beau comme un dieu depuis qu’il savait qu’une fée fréquentait les parages. Il s’en ouvrit à Honorine qui en fut toute honorée. Elle lui demanda de la suivre jusque dans la chambre de ses parents et lui indiqua une vieille armoire provençale. Il y trouva la tenue du dimanche de Folco qui pendait là, méticuleusement soignée et rangée depuis que le papé était parti voir les anges. Il prit la veste noire en velours, celle qui vous fait les épaules carrées et le dos cambré comme un cavalier. La chemise blanche, arrêtée par le cordon, avec l’insigne, l’ancre et la croix, brillait sous la veste. Il prit aussi le galurin, petit et rond. Il avait fière allure…
Té ! Vé le petit ! On dirait lou Marques… lança Honorine en l’accueillant au seuil du jardin. La bâtisse était grande, rectangulaire, comme ces bastides simples du païs qui se dorent au soleil avec un secret bien gardé, une fraîcheur contenue, une puissance inébranlable. Une porte au mitan* qui donne sur un escalier, pour les appartements du premier. À droite, la cuisine, grande comme un hall de gare. À gauche, la pièce principale, le salon, là où la grande cheminée dort, désormais, depuis que la mamée est partie. Dans le salon, on avait entassé tous les plus beaux objets que l’on avait pu rassembler, tout ça pour paraître et en mettre plein les parpelles* aux estrangiés ! Cela faisait un beau capharnaüm ! Des tables, des chaises, des commodes… Au mur, des tableaux, des dessins, des photos, tant et tant que la tapisserie était entièrement cachée par les décorations.
– Regarde ! Là ! La mamée !
– Où ça ?…
– Là ! Sur le canasson !…
– C’est la mamée ?…
– Et oui, nigaud ! Elle avait la santé à vingt ans ! Tu vois ? Elle participe à une engasado* ! Avec son crin blanc !
Sur la photo n’apparaissaient que les têtes cornues émergeant de l’eau, comme de frêles esquifs, et, tout autour, les gardians levant leurs tridents, et, parmi eux, la mamée, toute frescadette*. La mamée, maintenant, elle dormait dans son cercueil, au milieu des draperies dorées, calme et tranquille pour toujours. Elle reposait dans la chambre du premier et par les persiennes à demi closes, elle aurait pu entendre les cliquetis des couteaux et des verres monter et pousser le voile qui s’émouvait dans la brise du soir. L’air était doux et l’on aurait entendu quelques cigales vrombir en cadence si l’on eût été en été. Sous l’astre lunaire, rond comme une bille, se dressait la table des convives. Personne ne disait mot. L’assemblée mangeait en silence. Marlène écrasa un pleur. Sa fille se leva, prise d’une quinte de toux spasmodique et elle s’en alla dans le jardin, entre les romarins qui, ce soir-là, dégageaient une odeur âcre, une odeur qui vous prenait la gorge comme une fumée. L’Olivier, qui ne perdait jamais une occasion, se rapprocha de la jouvencelle, la rejoignit et la prit par les épaules. Le curé qui était resté là après sa bénédiction et ses incantations magiques remarqua à haute voix qu’ils formeraient un beau couple… Alors la tante Julie lui rappela la mamée, en haut, et le gros homme se tut, confus, prit son verre de vin et le but d’un coup. De ce vin Amadis en avait bu et rebu, beaucoup bu, trop bu. Il se mélangeait aux vapeurs de pastis qui lui remontaient de partout ! Car, n’étant pas de la famille, il avait été plutôt gêné depuis le début de l’après-midi. Et quand Janot avait proposé l’apéro, il n’avait pas dit non… Il tenait son verre pour avoir une contenance… Et les convives l’avaient servi sans retenue…
Elle aimait bien ça, la mamée !… et Janot se resservait un pastaga et complétait les verres des autres. Tant et si bien qu’à la fin, ils buvaient le jus quasiment pur, cul sec, pour ne pas se brûler le gosier. C’est avec grand plaisir qu’Amadis se mit à table. Les quelques picholines* qu’il avait croquées, odeur salée, chair claire qui craque sous la dent, ne pouvaient pas éponger tout le liquide qu’il avait ingurgité. Pour commencer le repas, ils eurent droit à quelques morceaux de fougasse sur lesquels s’étalait un peu de tapenade. C’était une recette de la mamée, comme du reste toute la suite du repas puisque celui-ci était l’ultime hommage à ce petit bout de bonne femme, prêtresse de la cuisine. Elle maniait ses marmites et ses fourneaux avec un savoir-faire de centenaire et mille secrets partaient avec elle dans la tombe. Seule Honorine avait pu l’épier et lui voler ses trucs. C’est elle qui régalait ce soir-là. Ce fut un Oh ! d’admiration quand arrivèrent les alouettes-sans-tête ! Honorine, un large sourire sur la face, s’essuya les deux mains sur le tablier et elle dit Je les ai faites comme elle ! Les petits paquets délicieusement ficelés autour d’une farce où mille ingrédients aromatisaient les lamelles de veau crépitaient d’impatience dans leur jus où d’autres arômes résonnaient en chœur. Une olive noire dénoyautée trônait à côté de l’« alouette », qui n’en était pas une, et tenait tête à la paupiette sur un lit brun dans lequel Amadis crut reconnaitre un fond de Gallician. Mais cela était un secret, justement. Et il ne dit rien, craignant trop les lazzis et moqueries de ces femmes jalouses de leur puissance culinaire… Dans les verres coulait un vin rouge de Manduel, âpre et brûlant, tout juste bon à se rincer la gueule. Le niveau sonore était désormais au maximum et chacun parlait à pleins poumons. La conversation était maintenant lâchée et abordait tous les sujets. Quand arrivèrent les pélardons chauds et la salade, Monsieur Brun fit l’esclandre qui fâcha M. le curé devenu tout rouge. M. Brun, qui était le médecin du village, avait osé évoquer la position de l’Église sur le mariage et, en total mécréant qu’il était, avait osé tancer le pape lui-même. Il a mis le préservatif à l’index ! Il s’est trompé d’organe !… Et de rire ! Là M. le curé avala son Château de Campuget de travers. Amadis remarqua pour la première fois de la soirée la jeune rigardelle avec ses yeux de lavande et ses taches de rousseur. Vous n’avez pas honte ! Dans la maison d’une morte !… s’écria le curé courroucé. Ce à quoi, M. Brun répondit Oh ! Tranquillisez-vous ! Elle ne peut plus nous entendre !… Et de recommencer à rire… Grassement… Hoquetant… L’anis et le Chablis (car sur le plat de supions à la tomate qui précédait la salade, il y eut du Chablis, que le bon docteur avait lui-même amené pour la famille) remontèrent des profondeurs gastriques… Alors, M. le curé s’était levé et les avait laissés. Il n’avait pas dit Vade retro, Satanas ! mais il l’avait pensé très fort… En suivant des yeux le curé vexé qui quittait les lieux, les yeux d’Amadis revit la belle inconnue… Ses yeux étonnés clignèrent par trois fois croyant à un mirage… Mais elle était bien réelle… Assise à côté du médecin païen, bien sage dans son corsage…
M. le curé ! M. le curé !… Prenez quelques choux !… Passez à la cuisine !… Le vieil homme quitta le patio, leva les yeux vers la treille, au-dessus des fils tendus de la maison au jardin, et murmura un pardon. Puis il rentra dans la grande demeure et il disparut dans le noir de la porte. Honorine, qui avait déjà gagné au moins deux fois son droit d’entrée au paradis, lui remit dans un saquetoun* quelques choux à la crème. J’ai fait la pièce montée des communiants ! Ce n’est pas un péché, mon père ?… Honorine ! Ta mère l’aurait voulu !… Et il repartit en soupirant, pieux compagnon de la mamée, pieux et… gourmand.
Le formidable gâteau semblait avancer tout seul tant il était imposant et il dissimulait à la vue la cousine Ginette cachée derrière. Il était surmonté d’une photo de la défunte et d’un bout de crêpe noir. Il ruisselait de caramel et brillait sous les lampions. Tout cela était magique. Tous les convives poussèrent un cri de joie : Il faut qu’elle le voie ! Il faut qu’elle le voie !
C’est M. Brun, ce mécréant, qui, une fois encore, osa braver les dieux, les bonnes manières, et les délicates attentions de la famille. Ceci dit, tout le monde buvait cette aïgo-ardente* qui vous tape la tête et vous bouche les yeux… L’eau-de-vie, du vieux marc de Châteauneuf, avec une décoction d’herbes de la montagnette, faisait des ravages. Et un vent de folie tomba des nues. Amadis se calla en arrière, renversa sa chaise, le cœur aux tempes, et suivit le docteur et sa belle compagne. Celle-ci l’avait regardé de nouveau lors de l’annonce impie et avait planté son regard dans le sien. Elle s’était mise à pouffer de rire. Lui, il ne pensait plus à rien, qu’à elle, hypnotisé et confus. Alors, il les suivit dans l’escalier qui montait au premier. Il les suivit dans la chambre calme et froide. Il les aida à rouler la morte qui ne pesait pas bien lourd, pécaïre ! Et ils la descendirent avec précaution et amour, respectueusement, comme s’ils tenaient à bout de bras la statue de la sainte vierge. Ils la posèrent assise au bout de la grande table, bien calée sur les coussins de dentelle. Elle était majestueuse, une impératrice à la cour, magnifique dans ses habits mortuaires, car on enterre toujours les morts avec leurs plus beaux atours. Elle était face à la pièce montée qui scintillait de mille feux. Sur la table, en désordre deux gros bouquets de mimosas tremblaient dans le vent du soir, doux comme une caresse. La lumière des guirlandes, accrochées à la treille, allait et venait, dessinant des ombres mouvantes. Et sur le visage de l’ancêtre s’esquiva un sourire… Quel plus bel hommage rendu à sa vie ? Quel moment plus fort pour se souvenir d’elle ? C’est à
