Nouvelles de Douala: 1990-1994
()
À propos de ce livre électronique
Franklin Nyamsi Wa Kamerun est né en 1972 au Cameroun. Professeur agrégé dans l’Académie de Rouen, Docteur en philosophie de l’Université française, il a publié une vingtaine d’ouvrages, depuis près de 25 ans, dans les domaines de la littérature, de l’analyse politique et de la philosophie. Il publie ici son second recueil de nouvelles littéraires. L’auteur nous replonge dans son Cameroun d’enfance. On y voit quasiment naître, sous des angles de vues surprenants, les limons de ses engagements actuels dans le monde.
Franklin Nyamsi Wa Kamerun nous partage son regard, les sons et les couleurs de son pays natal
Lié à Nouvelles de Douala
Livres électroniques liés
Bourama: L'arbre et le sage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo, Le Septième lot: Fiction historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRequiem pour Ongola en Camfranglais: Une Poetique Camerounaise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Piste des Congo: Témoignage fictionnel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNouvelles du Mali: Récits de voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa belle de Caux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGracchus Babeuf et Jean Calvin font rentrer la poésie avec l'histoire dans la ville de Noyon: Poème-manifeste Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOzée: L’autre rive Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAventures Tropicales Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Etat-milice et sa métastase dans le Pool Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSous le soleil de Satan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEn croupe de Bellone Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Calicot des Insurgés: Recueil de poèmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTerre d’ébène (La traite des Noirs) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' INDEPENDANCE DES AMES Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes murmures du Cap: Un roman bouleversant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMémoires posthumes de Braz Cubas Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNégociations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTénèbres et lumière: Histoire d'un pays en guerre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationun OCEAN, DEUX MERS, TROIS CONTINENTS Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRwanda Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation4 camions 4 épouses: Roman familial Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa troisième voie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe triomphe des Bannis: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes terres d'or Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationInnocent: Roman jeunesse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationWakehurst: Le journal de Kahmsa An-Nasir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHonorine et les « Exilés » de la Caraïbe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Biographies culturelles, ethniques et régionales pour vous
Possédé par un djinn: Une victime raconte son enfer Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Stick Action Spéciale: Un opérateur du 1er RPIMa raconte Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFrédéric Chopin: L'âme du piano Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHeros Africains Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPatrice Lumumba: Le Sankuru et l’Afrique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAmour et courage: Mon histoire de famille et de résilience Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe Gary à Ajar, le voyage de Romain: Biographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe vent dans le voile Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Argentine : Le tango des ambitions: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRois, Princes, Esclaves et Nobles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFranc-maçon: "Trublion ?" Une vie en loge maçonnique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéo Ferré. Artiste de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'œuvre de Hayao Miyazaki: Le maitre de l’animation japonaise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne Kabyle: Récit Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMozart: Une petite musique de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVan Gogh: Le suicidé de la société Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTrieste: Ou le sens de nulle part Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationS'aimer soi-même à l'image de Dieu: Un chemin de guérison Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAbd el-Kader: Le combat et la tolérance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Sanson: Une famille de bourreaux au service de la France Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQu'as-tu fait de mon pays? Tanite nene etutamin nitassi?: TANITE NENE ETUTAMIN NITASSI Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSimone de Beauvoir: Une femme engagée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage dans l'Empire de Maroc: Journal de voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoi C., 50 années de violence. Sauvé. Debout. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJe suis une maudite Sauvagesse Eukuan nin matshi-manitu innushkueu: EUKUAN NIN MATSHI-MANITU INNUSHKUEU Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Nouvelles de Douala
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Nouvelles de Douala - Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Préface
J’ai traîné depuis les années 90 dans mes bagages ou dans ma mémoire, les nouvelles que je publie enfin ici. Elles racontent mes souvenirs de ma vie d’enfance et de ma ville d’enfance à Douala au Cameroun. Elles retracent avec la puissance et la faiblesse de ma fort sélective mémoire, les émotions fondamentales de mon pays natal qui me traversent encore et contribuent, tels d’invisibles alluvions, à nourrir le fleuve coulant de ma vie.
En publiant ces histoires, à la limite du biographique, du vécu, de l’imaginaire et du surnaturel, je ne fais qu’exercer une pulsion venue des tréfonds de ma personnalité. Très tôt, j’ai éprouvé le besoin de graver par écrit mes émotions, mes idées, mes peurs, mes fantasmes, et même mes intuitions.
Lectrices, lecteurs, à vous de jouer. Faites-en ce que vous voulez, faites-en ce que vous pourrez. Pour moi, il aura suffi de vous dire cette part du monde enfoui en moi, de vous inviter à visiter mon inaccessible étoile. La voir de loin, la sentir ou la deviner, c’est déjà participer à une quête commune de sens. Pour celle-ci, il vaut toujours la peine d’écrire.
Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Mont-Saint-Aignan, France
le 12 avril 2021.
L’Osiris Chukambele ou la dernière grève
de la fin
Nouvelle, 1993
Il n’y avait apparemment plus de quoi douter de la vie. Les chaînes de radio et de télévision du pays crépitaient d’une information de taille : l’élite de l’opposition nationale avait enfin trouvé, aux termes d’une réunion tripartite avec le régime au pouvoir et la société civile, un accord historique qui fonderait à jamais la démocratie et le multipartisme dans notre pays, le Cameroun.
Tout le monde était content. Le gazouillis des oiseaux, les jappements du bétail et les rires hilares des filles faisant « bon-bon-kalabot » dans nos marigots de campagne à Bassa chantaient à l’unisson.
Tout le monde se félicita d’un aussi bon augure. Cela faisait pratiquement trente ans que ce pays partait à vau-l’eau, sans que nul ne semble en mesure d’arrêter sa descente aux enfers.
Sous les pieds des gens du Cameroun, des centaines de milliers de morts sans sépultures s’étaient cruellement endormis, victimes des massacres coloniaux français et des troupes supplétives d’Afrique, souvent constituées d’individus décérébrés par la religion, l’idéologie et la technologie coloniale.
Quand même, comment avait-on cru que ce pays se relèverait après avoir abandonné près d’un million d’âmes sur le carreau, sans honorer vraiment les vies ainsi écrasées par la barbarie de la « mission civilisatrice », drapée en plus dans l’humanisme très satisfait de la religion missionnaire ?
Bientôt, clamait-on, des monuments dédiés aux vrais héros de la guerre d’indépendance, les maquisards, tant maudits par la propagande néocoloniale officielle, orneraient désormais toutes les rues, avenues et boulevards du Cameroun. En lieu et place des De Gaulle, Leclerc, et autres Mesmer, en lieu et place des Ahidjo et autres collabos de la même espèce, on enseignerait enfin Um, Ouandié, Ossendé, Moumié, Kingué, Marthe Moumié, aux enfants dès le Cours Préparatoire, afin de faire de ce pays, une terre insoumise à jamais à quelque nouvel imperium.
La vieille Ngo Njap, qui vendait le iwomi au marché de Bom-Iléké, demanda à brûle-pourpoint, entre deux calomnies bien épicées :
–Je dis que hein, pourquoi on n’a pas fait çà depuis mille neuf cents hooko ¹dans ce pays-ci même ! A loga son !
Sous les pieds des gens de ce pays, des torrents de sang innocent séché avaient coulé, sans que rien ni personne n’y puisse rien faire. C’était la force de l’ordre impérial. La magie des blancs, disait-on. Une affaire de canons, de ruses, de manipulations ethniques et de fausses promesses n’engageant que ceux qui y croient.
Les femmes – et bon nombre de filles