Le projet Vladikite
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À propos de ce livre électronique
Un roman d’aventure et de voyages autour d’une invention aéronautique qui rencontrera la richesse d’imagination des jeunes filles et des jeunes gens.
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Aperçu du livre
Le projet Vladikite - Wladimir Vostrikov
Le projet Vladikite
Wladimir Vostrikov
Le projet Vladikite
Une aventure autour d’une invention aéronautique inattendue
LES ÉDITIONS DU NET
70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
Pour Alexandre
Du même auteur
« Fin du monde à Bugarach », Paris, LEN, 2012.
« Boga Son », Paris, MPE, 2009.
« Conceptions cosmologiques », Paris, MPE, 2011
© Les Éditions du Net, 2012
ISBN : 978-2-312-00386-3
Avant-Propos
Un sujet amusant pour un film d’aventure, qui fait voyager et découvrir une invention originale, côtoyer des amoureux de l’aviation légère. On se retrouve dans les belles régions du Roussillon et de la Haute Savoie, mais aussi lors de voyages pour la promotion de l’idée, à Chicago, à Genève et à Moscou.
C’est l’aventure, parce qu’on ne sait pas si l’idée est une idée folle ou qu’au contraire sa réalisation pourrait révolutionner certaines conceptions. La décision de construire une maquette à l’échelle réduite prouve que l’idée est certes originale mais aussi efficace, puisque celle-ci contribue immédiatement à l’installation du système sur un avion grandeur nature. Un petit groupe d’amis décide d’acheter un avion, le Yakovlev-52. Il s’agit d’un avion russe qui sert à l’apprentissage du pilotage en Russie ; une place à l’avant pour l’élève pilote et une place à l’arrière, celle de l’instructeur. Cet avion rapide et puissant permet de réaliser de l’acrobatie aérienne et des figures intrépides qu’affectionnent de nombreux pilotes professionnels de l’aviation commerciale. Seuls trois jeunes gens plus une jeune femme seront assez courageux pour piloter un avion muni d’un équipement spécial. L’équipement est une nouvelle conception qui augmente le poids de l’appareil mais dont le fonctionnement semble ne pas intéresser les grands constructeurs aéronautiques ni les pilotes d’essai les plus chevronnés.
C’est aussi une réflexion sur le difficile cheminement des inventeurs, mais ici les portes fermées sont prises en dérision, car rien ne vaut la volonté de se débrouiller par soi même. L’inventeur même s’il se prend au sérieux garde toujours une parcelle d’humour et de philosophie que bien souvent l’on met de coté en oubliant que tout est tellement aléatoire puisque éphémère.
L’auteur s’investit dans le roman pour deux raisons, la première est que cela l’amuse et la deuxième est qu’il est celui qui a imaginé l’idée du concept de sauvetage d’un avion en perdition, le « Vladikite ».
Chapitre N° 1
L’invention
C’est en restant dans le sud, l’été, qu’une idée était venue à Vlad Vostri. Mais lorsque l’idée mûrissait, et qu’elle se construisait dans sa tête, il n’en revenait pas. L’idée était particulièrement étonnante. Il en a eu la preuve par la suite. L’idée paraît simple mais les complications sont évidentes. Un jour l’idée prit forme et se réalisa et ce fut un sujet de conversation dans de nombreux programmes techniques des chaînes de télévision du monde entier. Des journaux spécialisés dans l’aéronautique et l’espace écrivirent de longs articles aux commentaires critiques et divers. Des quotidiens à leur tour publièrent des articles se rapportant à l’évolution du projet jusqu’à sa réalisation expérimentale tenue secrète pendant des mois puis le refus de son application dans l’aéronautique militaire et civile par les plus grands constructeurs, jusqu’à un certain temps…
Le projet était décrit dans des détails, explicites. Il ne restait plus qu’à convaincre et c’était là, la chose la plus délicate. Lorsque l’on s’adresse à de grands noms de l’industrie ou bien à des mécènes, des sponsors, on essaie de joindre des personnes très bien placées dans le domaine qui est le leur. Des personnes importantes par leur position dans la société, des présidents directeurs généraux, des directeurs, des actionnaires, des hommes politiques et des journalistes. Tous sont éloquents parfois passionnants et agréables à regarder et à écouter lorsqu’ils passent à la télévision ou lorsque des articles sont écrits sur eux avec photos à l’appui. Ces mêmes personnes sont inapprochables dans la vie courante. Riches, extrêmement riches, célèbres ou cachant leur richesse en prenant l’apparence de monsieur ou madame « tout le monde » toutes ces personnes sont inapprochables lorsque la moindre allusion touche à l’argent. Pour les joindre à leur bureau, il faut prendre un rendez-vous qui la plupart du temps n’est pas octroyé. On vous envoie chez un directeur des relations publiques, qui lui ou elle vous envoie chez un directeur technique d’un service qui n’est pas du tout celui qui vous intéresse, qui lui vous envoie dans un autre service qui s’occupe soit disant de projets… le projet n’est pas viable ou pas intéressant, mais la première chose que ces personnes vous demandent : « votre idée, est-elle enregistrée ? Avez-vous un brevet ? » et c’est en faisant une moue de dégoût qu’ils vous envoient vous promener en poussant l’arrogance jusqu’à dire : « oh vous êtes un peu farfelu ! » ou « votre projet est irréalisable ! » ou « votre projet ne tient pas debout ! » ou « vous n’y arriverez jamais ! » ou « foutaise ! » De grands spécialistes en aéronautiques diront : « Vous savez les spécialistes ont tout étudié, les ingénieurs ont déjà tellement planché sur toutes les questions relatives à la sécurité, tellement de paramètres doivent être pris en compte, vous n’y pensez pas ! ». Tous à partir des techniciens, des secrétaires, des cadres, des directeurs, des financiers, des présidents directeurs généraux, tous essaieront de vous éconduire. C’est ce qui arrive automatiquement lorsqu’une idée dépasse l’entendement de votre interlocuteur. Une autre astuce réside dans une possible rencontre avec ce « quelqu’un d’important » dans son lieu familier ou plutôt, un de ses lieux familiers. Au golf, au café, au restaurant, à une réception ou même chez lui. Quoi, chez lui, mais c’est tout simplement impossible, c’est impensable ! Ceux qui seront les plus compétents à considérer le projet seront les plus inapprochables. Sortie des bureaux sous le regard des huissiers ou des gardes de sécurité - montée en voiture au bas de l’escalier de l’immeuble par la porte ouverte par le chauffeur avec fermeture immédiate - voiture blindée, le toc-toc à la vitre ne s’entend pas - démarrage en trombe jusqu’à la résidence de Monsieur ou le petit aéroport discret où un jet « privé » attend Monsieur… parce que Monsieur aime l’aviation. Monsieur, avant était prêt à tout pour « voler » oui simplement voler, qu’il y ait des passagers ou du cargo le principal pour lui a toujours été de voler.
Au lieu d’essayer de percer quelque part, à travers toutes les embûches que les « importants » mettent devant eux, Vlad décida d’agir par lui même. Il contacta quelques constructeurs importants, pour tout de même essayer. Bien entendu il n’eut aucune réponse, alors il se dit qu’il fallait contacter le plus important de tous, le plus grand constructeur aéronautique du monde, la compagnie Doing inc. Quel ne fut son étonnement lorsqu’il reçu une réponse d’un groupe d’ingénieurs de cette compagnie. Ces ingénieurs se penchent régulièrement sur les nouveaux projets et les idées qu’on leurs soumet. Il faut dire que la compagnie américaine exigea avant d’étudier l’idée, que celle-ci devienne automatiquement leur propriété. Cette manière de procéder n’était pas l’exclusivité de cette compagnie, d’autres en font autant. Il fallait seulement signer un formulaire et leurs retourner. Vlad avait refusé, leurs ayant écrit par e-mail qu’il voulait bien que son idée soit examinée par le groupe d’ingénieurs de Doing inc mais que l’idée demeure sa propriété. Ceci étant spécifié, il leurs fit parvenir tout le projet « Vladikite » qui restait sa propre propriété. Il pensait que le groupe d’ingénieurs garderait le projet sans répondre, puisque le projet « Vladikite » n’était pas à leur nom. Il y a dans l’esprit humain énormément de stratagèmes, par exemple transformer quelque chose et se l’approprier. Etant transformé, décrit d’une autre manière et le projet devient sien, et bien non, les Américains sont actifs et dynamiques. Un simple e-mail suivi d’une enveloppe comportant toute la description du projet avec plans à l’appui demeura la propriété de Vlad qui d’ailleurs remercia ce groupe de travail. Les ingénieurs répondirent que le projet pouvait être testé mais qu’il fallait s’investir dedans en y faisant travailler un nombre important de personnes qualifiées dans ce domaine particulier, mais aussi que des difficultés surgiraient au niveau du rendement des compagnies aériennes, car utiliser le système « Vladikite » entraînerait automatiquement la suppression d’un nombre important de passagers. En effet, si le système pèse une dizaine de tonnes pour un gros porteur, automatiquement il faudra supprimer du poids ailleurs : passagers, soutes à bagages, fret. La quantité de carburant ne serait absolument pas affectée. Le financement d’un vol est toujours un véritable budget analysé dans tous les détails où la moindre dépense, le moindre aspect de non rentabilité sont pris en considération, entraînant parfois tout simplement l’annulation d’un vol, tellement les sommes sont considérables.
Qui pourrait se permettre de financer un tel projet ? Pratiquement personne. Un illuminé ? Peut-être, mais sur terre il y en a beaucoup ; encore faudrait-il qu’il convienne aussi au projet. Que l’illuminé comprenne l’enjeu, que l’illuminé soit passionné par l’idée, que l’illuminé ne s’approprie pas le projet, qu’il soit honnête, qu’il soit partenaire. Vlad pensait que ce serait un honneur pour l’illuminé, d’être le sponsor, le mécène d’une telle aventure. Où et comment le trouver, de toute évidence il ne fallait plus le chercher, il était impossible de le trouver. Il fallait que l’illuminé, par un heureux hasard eut trouvé l’inventeur du « Vladikite ».
C’était clair dans son esprit et facile à réaliser. On pourrait même en faire des « kits » que l’on fixerait pratiquement sur de nombreux avions. Ainsi, Vlad décida le trente et un décembre de l’an 2001 d’enregistrer son « idée », son projet ; afin de montrer comment il décide de commencer le nouveau siècle, avec son invention. Un projet pour sauver des vies humaines. Un projet qui assurerait la sécurité des voyages en avion encore plus qu’au siècle dernier, qui tranquilliserait ainsi les voyageurs, les mères de famille ; bref, tous ceux qui doivent laisser un être cher effectuer un voyage. Et par là même, que le mot « inquiétude » soit effacé des esprits.
Au vingt et unième siècle, énormément d’inventions nouvelles surgiront. Toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Il faudra que les inventions révolutionnent celles du siècle précédent. En effet, c’est au vingtième siècle que l’essentiel a été découvert dans tous les domaines de la technologie et dans bien d’autres. L’être humain a été sur la lune douze fois, la première demeurant la plus palpitante pour chaque être humain, car il sentait qu’une partie de lui-même, c’est à dire son semblable, quittait la terre et foulait le sol d’une autre planète. Chaque être humain se sentait concerné, il accompagnait l’astronaute Armstrong pendant que Neils restait en orbite autour de la lune. Toute la technologie s’est améliorée par de nouvelles inventions telles que : le transistor et toutes les applications relatives à la micro-informatique, et toutes sortes de mécaniques de plus en plus compliquées. Le matérialisme total a envahi la terre toute entière, du pays le plus riche à la peuplade la plus pauvre. Toute la métaphysique a révolutionné l’homme, sa santé et sa pensée. La médecine s’associe à la haute technique incroyablement plus performante d’une année à l’autre. L’astronomie dépasse dans ses découvertes toutes les connaissances qui ont été jusqu’ici accumulées depuis les siècles passés, depuis l’antiquité. Les bases de l’antiquité de l’observation du ciel à travers le temps, le moyen âge ensuite, puis les temps modernes ont contribué d’une manière lente aux progrès fulgurants de l’astronomie d’aujourd’hui. La mécanique quantique, le mur de Planck et son au-delà inimaginable, ressemblance entre l’infiniment petit et les galaxies de part et d’autre du « Big Bang ». Chaque jour de nouvelles observations font découvrir d’innombrables objets célestes. Des étoiles et leurs planètes sont non seulement découvertes à des années-lumière dans d’autres galaxies, mais aussi répertoriées à tel point qu’on ne sait plus où les « ranger ». La conception du monde et de l’univers a évolué d’une manière fulgurante, jusqu’à atteindre un niveau de connaissances jamais atteint pour chacun d’entre nous. Il en résulte qu’on se sent complètement dérouté ou plus près de la religion. A partir du nouveau siècle, rien n’est plus comme dans le siècle précédent. Tout va de plus en plus vite comme les vieux l’ont toujours dit, mais toute la différence repose sur le fait que maintenant, même les jeunes s’en aperçoivent. L’avenir, c’est de penser aux autres. Beaucoup font tout leur possible uniquement pour gagner de l’argent pour vivre mieux. D’autres travaillent avec un intérêt qui les imprègne de joie de vivre, parce qu’ils travaillent pour le bien d’autrui. Oui pour le bien d’autrui, ils travaillent bien entendu d’abord pour leur femme, leurs enfants, leur famille, mais que font-ils concrètement en travaillant - ils travaillent pour que d’autres puissent s’acheter ce qu’ils fabriquent ou ce qu’ils revendent ou ce qu’ils inventent, ce qu’ils créent. Il faut bouger, être dynamique, de là vient la satisfaction d’un travail bien accompli. Ou bien, subir, lorsque le travail est dur et pénible, sans autre solution.
On a travaillé avec la plus grande attention et avec passion pour la sécurité des passagers et des équipages dans le domaine de l’aéronautique. La sécurité aéronautique internationale atteint un niveau inégalé et malgré cela, des avions continuent à tomber de temps à autre. Il faut enrayer cela, car chaque catastrophe aérienne entraîne derrière elle comme une traînée de poudre : l’effroi. Il faut simplement que l’avion lorsque ses moteurs sont hors service, qu’un système le sauve de la catastrophe, c’est aussi simple que cela, mais la question demeure, comment ? - Posons nous cette question mais aussi réagissons, essayons de trouver la solution.
Chapitre N° 2
La rencontre
Vlad et sa femme Hélène sont en vacances dans le Roussillon comme chaque année dans leur propriété « Les Roseaux ». Ils décident d’emmener leurs amis russes au restaurant en Espagne, juste de l’autre coté de la frontière, dans les montagnes, dans le village de Cantallops chez « Can Po ». Un endroit qu’ils affectionnent depuis des années. Lorsque Vlad lui présenta plus tard son livre, le patron lui promit un apéro, qu’il ne lui avait jamais offert.
Au mois d’août à l’intérieur du restaurant, des ventilateurs tournent, les fenêtres sont fermées. Sur les murs les tableaux devenus familiers, représentant une campagne montagneuse aux couleurs chatoyantes du midi, puis celle d’un coq aux plumes de couleurs éclatantes puis d’autres encore représentant des scènes campagnardes espagnoles, moissons et vendanges. A mi-chemin entre le sommet de la chaîne des Pyrénées et la route de Barcelone, dans un paysage sec de montagne aux petits chênes verts, se trouve cet endroit de fraîcheur pour gourmets. Des plats de viande espacée de légumes du sud en brochettes, de la sole aux amandes, de la paella viande et poisson agrémentés de fruits de mer que les hôtes de Vlad Vostri dévorent. Des saveurs différentes de celles qu’ils ont pu expérimenter au Mexique, à New York ou en Chine. Vlad a travaillé avec eux pendant des années, c’est lui qui avait créé tout un réseau d’expédition de marchandises très diverses de France en Russie en trouvant des agents spécialisés dans le fret express, qui maîtrisaient l’export mais pas le transport. Vlad leurs trouvait aussi un correspondant et les affaires s’enclenchaient. D’autres agents avaient besoin de services spéciaux comme utiliser les plus gros avions cargo du monde, il leur trouvait la meilleure solution au meilleur prix. Serguei et sa femme Sveta étaient de bon vivants mais très modestes et ils adoraient découvrir. Ils regardaient avec attention et respect les œuvres des musées de Perpignan et de ses environs. Ils avaient eu le souffle coupé devant la magnificence du cloître d’Elne, de la forteresse, de la chapelle et du port de la ville de Collioure du fort du Perthus, de Barcelone et de Figueras et ses musées.
Vlad était touché par la gentillesse de ce couple et se remémora le jeune homme qu’il avait rencontré lors d’un cocktail dans une compagnie aérienne à Copenhague. Le jeune homme raconta à Vlad qu’il avait installé sa femme en France dans la région parisienne. Il faisait une petite tournée dans quelques capitales européennes pour essayer de cerner les activités et les débouchés dans le monde des affaires. « Les affaires » ? lui dit Vlad, puis il ajouta « C’est un vaste mot les affaires, dans quoi précisément vous êtes-vous spécialisé ? » Le russe ne répondit pas immédiatement et avait eu l’air de se concentrer, puis il entortilla la conversation d’une manière détournée. Il expliqua qu’il s’était spécialisé dans la finance et qu’il devait gérer un porte-feuille d’une centaine de clients d’une banque importante de son pays, mais qu’il devait absolument le faire dans le milieu du commerce international. Vlad comprit que le jeune homme était un sacré débrouillard issu d’une petite vague de nouveaux immigrands russes – non persécutés et nouvellement formés dans la finance nébuleuse, chose impensable quelques années auparavant sous le régime soviétique…Vlad et le jeune homme russe échangèrent leurs numéros de téléphone et se fixèrent rendez-vous à Paris. C’était le russe qui insista et Vlad n’y avait vu aucun inconvénient. Vlad le rencontra à nouveau à Paris. Le jeune homme de trente deux ans à peine était accompagné d’une jolie jeune femme blonde au visage fin dont les sourcils marquaient un caractère déterminé. Elle s’amusait à énumérer les marques de parfum et évoquer quelques grands couturiers, puis elle enclencha la conversation sur les contacts utiles qu’on pourrait glaner à Paris. Les « contacts utiles ? » fit semblant de demander Vlad, puis enchaîna : « Les grandes banques, c’est cela qu’il vous faut ! ». Sur ces entrefaits le russe demanda à Vlad de l’aider à prendre contact avec des responsables de quelques banques prestigieuses. Vlad alla avec eux deux à la rencontre de ces responsables et servit d’interprète. Peu à peu, la jeune femme, à force de détermination et de pratique avec l’aide d’une copine à elle, prit l’habitude de parler et lire le français. Les progrès étaient étonnants, ce n’est pas pour rien qu’on dit parfois que les slaves ont un don pour l’apprentissage des langues étrangères. Au bout de trois semaines, la jolie russe parlait avec son accent qui charmait inévitablement ses interlocuteurs. Elle arrivait à se placer avec autorité dans les conversations et Vlad les laissa continuer à voler de leurs propres ailes. Vlad aime bien ses nouveaux amis russes et pense qu’ils lui rappellent ses propres parents. Le jeune couple russe lui fait encore goûter de temps en temps à leur cuisine : pirojkis, zakouskis, kotlety, borchtch avec un petit coup de vodka. Chose étonnante le jeune russe n’en boit pas de la vodka, c’est à peine s’il boit une petite bière une fois par mois. Ce jeune couple russe avait un couple d’amis, lui français, elle russe mariés depuis trois ans. La jeune femme russe parlait couramment le françait mais ne pouvait empécher encore, un accent assez fort. Cette copine était bien plus avancée en français que sa copine et c’était ainsi que l’une se rendait utile à l’autre. Cette copine ne comprenait pas que sans simplicité, elle n’atteindrait jamais une beauté féminine naturelle, si elle n’abandonnait pas son petit air méprisant et si elle ne réalisait pas que son accent à elle devait vraiment faire l’objet d’un effort. Son arrogance et sa prétention faisaient qu’elle délaissait complètement la culture que lui avait offerte l’histoire de son vaste pays d’origine. Son mari, véritable goujat était persuadé qu’il était de bon ton de se rendre chez Maxim’s de temps en temps, pour prendre la température de Paris. Son grossier snobisme l’avait incité à dire au jeune homme russe : « Et vous, avez-vous déjà été chez Maxim’s ? ». Comme beaucoup de gens, le jeune homme répondait que non, et le mari de la copine russe arrogante parlant bien le français, mais avec gros accent, se détournait avec son gros cigare aux lèvres. Vlad leur conseilla de ne plus côtoyer le goujat. C’est ce qu’ils firent malgré les liens d’une certaine amitié entre les deux jeunes femmes.
Tout à coup dans la pénombre du restaurant il entend parmi les voisins de table, les paroles d’un homme à la voix basse :
- Estic buscant quelcom gran per descansar, per creure en otra cosa que granat. El treball se suficient, los pares i, jo ens ocupem tot la vida del treball del granat !
Vlad répond d’emblée, bien que le voisin ne s’adressât pas du tout à lui :
- Euh, jamais Monsieur le grenat ne peut ennuyer ! C’est une des plus belles pierres qui existent !
Le voisin répond avec son accent catalan :
- Monsieur, ça me fait plaisir ce que vous me dites là ! Vous savez, en voyant la belle bague de votre épouse je me rends compte tout à coup de toute ma vie passée, et oui Monsieur, je ne sais pas d’où vous comprenez le catalan, mais du grenat, de la pierre de grenat je peux vous en parler ! Je parle le catalan avec ma famille, mes amis et les Catalans, mais vous, comment m’avez vous compris ?
Vlad lui répond :
- La bague de ma femme, c’est un cadeau que je lui ai fait voilà plus de vingt cinq ans, lorsque je travaillais chez « Doing Inc » à Genève, vous savez la compagnie américaine ! C’était leur représentation pour la vente de leurs avions en Europe. On s’occupait aussi d’approvisionner les compagnies aériennes qui étaient propriétaires de nos avions, en pièces détachées lorsque certains avions étaient en panne !
Le monsieur continue :
- Je vois, je vois. Il paraît même qu’on doit changer aux avions les moteurs de temps en temp-s et que les moteurs voyagent dans les soutes des avions passagers !
Vlad répond :
- C’est tout à fait exact, un réacteur ou une autre pièce pour le dépannage d’un avion sont toujours prioritaires à bord, ça s’appelle « AOG », mais comment savez vous tout ça ?
Le Monsieur : - Oh mais je le sais (il prononce, mé jo lo sé) voilà tout, je le sais. Mais que veut dire « aog » là, c’est quoi ça ?
Vlad répond : - ça veut dire « aircraft on ground » donc s’il est « on ground » cela veut dire qu’il y a urgence à le réparer, parce qu’un avion doit passer un maximum de temps dans les airs, c’est là que les compagnies gagnent de l’argent. Vous vous rendez compte un avion à terre, c’est très mauvais, pendant ce temps ils ne gagnent rien ! Donc quand on voit dans des messages ou dans des documents « AOG » toujours en majuscules, « aircraft on ground », vite il faut le dépanner, sinon ça coûte de l’argent à tous ceux qui sont concernés par son immobilité. Il faut le renvoyer le plus rapidement possible dans les airs, dans son élément.
Hélène a en tête ce que le Monsieur a dit au sujet de sa bague :
- Cela me fait plaisir que vous ayez remarqué ma bague, mon mari a toujours aimé le grenat. Il nous faisait des cadeaux à nos filles et à moi, à diverses occasions de fêtes comme les anniversaires, Noël ou Pâques, des bracelets, des bagues et même un collier, toujours avec du grenat !
Vlad reprend : - Monsieur vous me flattez en disant que je comprends le catalan, en réalité je l’étudie depuis quelques années, je m’y prends un peu tard, vous savez j’ai passé le cap des soixante ans !
Le Monsieur : - Mal llamp te fot ! Et de quelle région êtes vous, vous parlez aussi une drôle de langue !
Dit-il en s’attardant ostensiblement sur les dernières voyelles, rendant la phraséologie particulièrement chantante à la manière de la belle région.
Vlad : - Nous venons de la région parisienne, de l’Essonne. Nous passons nos vacances d’été aux « Roseaux » nous restons un maximum de temps sur notre terrain de loisir comme on dit ici, notre jardin si vous voulez ! Nos amis, eux sont des Russes de Russie, ils sont venus nous rendre visite. Ils travaillent avec des sociétés françaises entre autres. Nous avons été chez eux à Moscou il y a quelque temps. Moi même je suis né à Versailles, je suis d’origine russe. Mes parents étaient russes, ils sont venus en France suite à la révolution, vous savez ! Quant à ma femme, son père était russe et sa mère est polonaise.
Le Monsieur : - Et comment se fait-il que vous parlez leur langue ?
Vlad : - Je l’ai toujours parlée, c’est la langue de mes parents, de mes ancêtres, ma femme aussi la parle, vous savez à notre époque on parle plusieurs langues.
Hélène : - Mais vous savez Monsieur, ma bague est déjà ancienne, regardez comme l’armature est usée, avant elle était dorée, mon mari avait cru que c’était de l’or, il croyait qu’en Suisse il n’y avait pas de bijoux en plaqué or. Je l’avais faite redorée il y a déjà des années et j’ai jamais recommencé, maintenant il n’y a plus aucune dorure on ne voit que l’argent.
Le Monsieur s’exclame : - Uome ! Madame, je peux vous dire qu’il y a vingt quatre pierres montées sur votre bague, vous savez j’ai l’habitude !
Sveta intervient : - О чём он говорит ? (de quoi parle t-il ?)
Vlad lui répond dans sa langue : - Потом расскажу. Дай мне с ним объясниться, поговорите между собою несколько минут, он мне может быть очень полезным я чувствую !
(Attend Sveta, je vous expliquerai après, parlez entre vous pendant quelques minutes, ce monsieur peut m’être d’une grande utilité !)
Le Monsieur : - Je viens ici de temps en temps avec ma femme, nos enfants et des amis, nous aimons bien cet endroit, nous habitons près de Perpignan, aujourd’hui j’ai bu de la « Crez roja » et nous restons jusqu’à la nuit, nous allons au dancing, nous regardons les autres danser tout en jouant au rami.
Hélène : - Oui c’est juste derrière la salle qui communique avec le restaurant, nos filles aiment y danser.
Le Monsieur : - Oh, je connais, ba ! J’ai soixante dix ans et je commence à m’ennuyer, je voudrais faire quelque chose que les autres ne font pas, je saute encore en parachute, je pilotais mon avion, maintenant je me fais accompagner par un co-pilote un copain, c’est Bernard ! Je voyage avec ma femme à travers le monde. Aujourd’hui depuis tôt ce matin, j’ai fait la tournée des revendeurs de mes pierres au Perthus et à la Jonquera. Parfois nous allons jusqu’à Barcelone ou Girone mais aussi à Figueres.
Vlad - Les revendeurs de vos pierres ?
Le Monsieur : - Bé oui, ce ne sont pas mes pierres, puisqu’elles ont été travaillées par les bijoutiers, mais elles proviennent toutes de mes carrières et ici je vais voir mes amis, car tous ceux qui touchent au grenat ont des liens particuliers avec moi, on est amis !… lorsque je vois les pierres même lorsqu’elles sont taillées, je sais quelle année nous les avons cueillies, je les reconnais, je sais qu’elles ne viennent pas d’ailleurs, elles viennent des carrières qui m’appartiennent et qui ont toujours appartenues à mes ancêtres depuis les Cathares et les rois de Majorque.
Vlad : - S’il y en a de Bohème dans le lot, vous le verriez ?
Le Monsieur : - Vous plaisantez ? Carall, à la couleur, à la taille, aux petites bulles qu’elles peuvent contenir, aux inclusions quoi,