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Les Heures de la guerre: Poésies
Les Heures de la guerre: Poésies
Les Heures de la guerre: Poésies
Livre électronique172 pages1 heure

Les Heures de la guerre: Poésies

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À propos de ce livre électronique

Extrait : "ALEXANDRIE – Depuis que Rome avait sur le charme d'Athènes, Jeté ses légions aux rudes capitaines, Que sous l'olivier pâle où Socrate causait, Le chant pur de la Muse attique se taisait, Sur les bords ensablés de la mer Égyptienne, La ville, née autour d'une bougarde ancienne, À qui le conquérant du Temple de Memnon."
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie17 févr. 2015
ISBN9782335043273
Les Heures de la guerre: Poésies

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    Les Heures de la guerre - Ligaran

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    Préface

    Nous vivons une épopée, la plus grande, la plus belle que le monde ait connue. Il n’est point surprenant qu’on veuille la chanter. Nous sommes environnés de héros, entourés de choses sublimes. Une seule des journées de ces années de guerre suffirait pour une Iliade. C’est plus qu’une Iliade que méritent nos soldats

    Nescio quid majas nascitur Iliade.

    Nos grands poètes les célèbrent déjà. Chacun, à côté d’eux, exhale comme il peut son émotion. Dès le premier jour, devant ce peuple tout entier debout contre l’envahisseur, devant l’union des cœurs et des volontés, on a senti qu’il faudrait, pour les raconter, des accents magnifiques : on les a cherchés.

    J’ai fait comme tout le monde. Moi qui n’avais guère écrit qu’en prose, si j’excepte les vers de la vingtième année ou des poèmes de théâtre, je me suis mis à invoquer la Muse héroïque. J’ai trouvé, en écrivant les vers qui composent ce recueil, un soulagement pour mon âme, tour à tour agitée par l’enthousiasme, l’indignation et la douleur. Hélas ! combien l’expression est inférieure au sentiment que j’ai essayé de traduire !

    Issu par mon père d’une famille alsacienne qui vint se fixer pour une partie dans les Ardennes, pour l’autre en Lorraine, il y a plus de deux cents ans, j’appartiens par ma mère à une des plus anciennes familles de Champagne. Je suis par toutes mes fibres un Français de la frontière de l’Est.

    J’ajoute que mon enfance s’est passée à Metz, dans la place de guerre que l’Allemagne nous a arrachée. Tout ce que je me rappelle de mes premiers ans se lève dans ma mémoire comme sur un fond de tableau, qui grouperait les tours de la cathédrale, les remparts baignés par la Moselle, le cimetière où, dans la terre qu’opprime le Barbare, dort une sœur tendrement chérie.

    Le patriotisme, même exclusif, n’a besoin d’excuse auprès de personne.

    Les vers qu’il a inspirés sont plus exposés aux reproches. Ils n’acceptent pas les derniers caprices de la mode. Ils se soumettent aux règles d’une prosodie sévère. Je puis ici m’appuyer sur d’autres souvenirs de jeunesse. J’ai grandi parmi les parterres réguliers, dans la symétrie des allées droites et l’alignement des avenues de Versailles, où l’ombre de Boileau semble errer encore sur l’herbe des pavés.

    J’aurais dû garder pour moi, sans doute, le secret de celle œuvre ou ne l’avouer qu’à quelques confidents éprouvés ; mais j’ai songé à la simplicité des vieux imagiers du Moyen Âge qui taillaient les pierres des portails. Qu’importe s’ils laissaient apercevoir dans leur travail l’incertitude de leur ciseau et la faiblesse de leur main ! Ils avaient fait un acte de foi.

    Ce livre aussi est un acte de foi en la patrie, un témoignage de ma tendresse filiale, de ma reconnaissance et de mon admiration pour l’armée et le peuple de France.

    ADOLPHE ADERER

    Les deux complices

    Konopischt

    Depuis l’aube ils chassaient. Sous les bois, dans les plaines,

    Ils avaient abattu les bêtes par centaines.

    Un tireur dit à l’autre, en riant : « C’est très beau…

    Nous inscrirons un jour… tant d’hommes au tableau ! »

    Comme le soir tombait, ils se mirent à table :

    L’estomac du Germain est chose épouvantable,

    Car il possède presque un mètre d’intestin,

    Au dire des savants, de plus que le Latin.

    Devant la Majesté comme devant l’Altesse

    On servit de grands plats avec « délicatesse » ;

    Dans d’immenses hanaps on versait les vins vieux.

    Ils avaient chassé bien ; ils dînaient encor mieux.

    La mangeaille finie, à l’heure où l’on divague,

    Chacun prit un cigare entouré d’une bague,

    Puis, appuyant ses pieds géants sur les tisons,

    L’Empereur dit au Prince :

    « Et maintenant, causons !

    Ton oncle l’Empereur François-Joseph me semble

    Vers sa fin ; le cerveau s’égare, la main tremble.

    Avec sa lèvre lourde, avec son œil vitreux,

    Il est ce qu’on appelle en France un « doux gâteux ».

    Doux, l’on en peut douter ; gâteux, la chose est sûre.

    Son empire, le tien, par plus d’une fissure

    Craque de tous côtés, et même le Hongrois

    Lui flanquerait le coup dit « du père François ».

    Encore un de leurs mots ! nous n’avons pas de chance :

    Quand on veut peu ou prou dire ce que l’on pense,

    Il faut parler français. On s’agite au Trentin,

    En Bosnie, en Bohême, et quant au Triestin :

    « Viva l’Italia ! » sur les quais, sur les places,

    Sur les môles remplis de viles populaces,

    C’est le salut qu’il donne au marin allemand.

    Que cela dure et nous verrons l’écroulement.

    Il est temps de punir l’insolente hardiesse

    Des peuples révoltés. Pour que la honte cesse

    De subir chaque jour quelque nouvel affront,

    Que la couronne d’or n’oscille sur ton front,

    Un seul moyen : la guerre !

    (Une pause.)

    Il est temps. Jamais l’heure

    Depuis vingt ou trente ans ne m’apparut meilleure.

    Comptons les ennemis. Le Russe est un grand mou,

    Goliath que David abattrait d’un caillou.

    Je suis plus que David. Souviens-toi qu’en Asie,

    Où je l’avais poussé non sans hypocrisie,

    On le fit, lui croyant jouer sur le velours,

    Pic, repic et capot : le singe vainquit l’ours.

    Quand un colosse a fui devant quelques Pygmées,

    Soutiendra-t-il le choc de nos belles armées,

    De nos soldats unis sous le même drapeau ?

    Nous mettons l’ours par terre et nous vendons sa peau.

    … La France ? Je m’en charge. Ô pauvre France usée,

    L’Évangile te dit : « La maison divisée

    Contre elle-même meurt. » Tes professeurs malsains

    Ferment depuis longtemps l’école aux Livres saints.

    Mais moi, j’ai « Gott mit uns ». Donc je lance une attaque

    Brusquée, et, sur ce coup, la France se détraque,

    Perdant un temps utile en stériles débats.

    Je franchis d’un seul bond la Belgique et j’abats

    Du haut de mon cheval et du bout de la botte

    Les premiers régiments. La C.G.T. sabote

    Derrière eux les canons, les trains et les fusils.

    Président, députés et ministres, transis

    De peur, s’enfuient au loin dans des retraites sombres.

    Je n’ai plus devant moi que des débris, des ombres

    De bataillons épars se rendant à merci.

    Je foule ces troupeaux aux pieds. J’arrive ainsi

    Devant les bastions déserts de la « Grand-Ville ».

    Comme au bon roi Henri, de façon très civile,

    On m’ouvre. On me reçoit avec effusion :

    Le bourgeois ne craint plus la Révolution.

    J’entre par l’avenue au nom de « Grande Armée » ;

    C’est la mienne, la grande armée. Enthousiasmée,

    La Garde passe avec moi sous l’Arc Triomphal,

    Gloire que n’eut jamais ce parvenu brutal,

    Napoléon. Enfin, au Palais Élysée,

    Je donne, sous les yeux de la foule amusée,

    Un repas homérique avec des vins de choix,

    Colossal. Et le tout, mon cher, en moins d’un mois !

    Je vois qu’il se fait tard. Maintenant, je galope.

    Ayant de nous coucher il faut tailler l’Europe.

    J’y mettrai peu de temps.

    Par-dessus Cattaro

    Tu t’établis d’abord dans le Monte-Negro.

    Tu fais la moue. Attends. Ta figure ébaubie

    Va se rasséréner. Tu cueilles la Serbie.

    L’Albanie est encore

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