Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Heaven
Heaven
Heaven
Livre électronique321 pages4 heures

Heaven

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

2047, le monde subit un choc. Un virus d'origine inconnue se propage aux quatre coins de la planète. Il ne touche que les femmes. En quelques semaines, elles sont contaminées, elles deviennent folles. Les hôpitaux saturent, les États doivent réagir. Le programme Heaven est alors créé, visant à trouver un remède.
Deux ans plus tard, en France, non loin de la capitale, une jeune fille rode. Alors qu'elle cherche simplement à s'abriter pour l'hiver, elle va faire une rencontre qui va changer toute sa vie, et probablement le destin de l'humanité.
Fraternité, amitié, amour, danger, illégalité... Voilà les mots qui vont rythmer la vie de cette jeune adolescente de 19 ans, pour qui la survie va devenir une véritable mission...
LangueFrançais
Date de sortie23 mai 2019
ISBN9782322130160
Heaven
Auteur

Anastasia Dumouchel

Anastasia, 22 ans, a toujours adoré écrire. Elle s'est d'abord lancé sur la plateforme "Wattpad", et décide de publier son premier livre Heaven.

Auteurs associés

Lié à Heaven

Livres électroniques liés

Articles associés

Avis sur Heaven

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Heaven - Anastasia Dumouchel

    Épilogue

    Prologue

    2047 : Le monde est frappé par un virus terrible.

    D'origine inconnue, il s'attaque seulement aux femmes. D'abord, elles s'isolent, deviennent dépressives et parfois paranoïaques. Puis, les symptômes s'aggravent, elles deviennent agitées, se triturent les mains sans cesse. Viennent ensuite les crises d'épilepsie, et enfin la perte partielle ou totale des capacités motrices. Et là, il n'y a plus rien à faire, s'ensuit d'une mort par épuisement, suicide...

    Les hôpitaux étaient saturés, les rues remplies de femmes à moitié folles qui agressaient les passants. Les plus grands chercheurs ont d'abord essayé de comprendre l'origine de cette folie. C'est alors qu'un constat est survenu : ce virus n'était que l'amélioration d'une maladie déjà existante. Cette dernière ne s'attaquait qu'aux jeunes filles en très bas âge. Elle était due à une mutation d'un gène du chromosome X, lors de la création de l'embryon. Mais ce nouveau virus, d'une manière qu'on ignore, a réussi à reproduire cette mutation chez les femmes adultes. Les symptômes sont beaucoup plus forts, beaucoup plus dévastateurs. Certains hommes dont le caryotype était XXY ont été atteint, eux aussi, mais leur proportion restait infime. Les gouvernements se sont alors concertés pour trouver une solution.

    Le programme HEAVEN fut alors créé.

    Chaque pays du monde devait construire dans sa capitale un bâtiment dans lequel toutes les femmes encore en vie du pays devraient être mises en quarantaine. D'un côté les malades qu'on essayait de soigner, de l'autre les femmes immunisées ou non atteintes qu'on protégeait. C'était les plus importantes, elles avaient pour but d'assurer la survie de l'espèce humaine.

    Une chasse a alors débuté. Les femmes ont été traquées, emmenées de force. Il fallait éradiquer la maladie des rues. Si bien qu'en quelques mois seulement après l'apparition du virus, il n'y avait plus une seule femme dans les villes. Les dernières rescapées se cachent.

    *

    2049 : Depuis maintenant deux ans, les hommes sont au pouvoir. Le chômage a considérablement baissé, puisque des milliers de postes de travail étaient à pourvoir. La pollution a elle aussi considérablement diminuée suite à la baisse de la surpopulation. L'économie n'a jamais été aussi florissante. La vie repris son cours comme si de rien n'était. Pour certains hommes, c'était un mal pour un bien. Mais en France, non loin de la capitale, une jeune fille se cache des Traqueurs. Elle ne sait pas encore qu'elle va changer le destin de l'humanité...

    Chapitre 1

    Des sanglots stridents me réveillent en sursaut. J'émerge lentement, me frottant les yeux. La fraîcheur de cette fin de Novembre me fait frissonner, et je frictionne mes bras pour me réchauffer. Les clapotis de l'eau qui s'écoule sous le pont où je me suis retranchée attirent mon attention, je ferme les yeux et les laissent m'apaiser. La radée qui est tombée la veille m'a obligé à me cacher ici.

    Les sanglots mélangés à des cris reprennent. C'est alors que je me rends compte de qui crit : une femme. Du moins, de mon point de vue. Je doute fort qu'un homme ai ce timbre de voix. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu la voix d'une femme. Peut-être un mois, peut-être plus. Ses cris sont mélangés à des sanglots effrayants. Prise d'une curiosité ardente, je jette la capuche de mon sweat gris sur mes cheveux blond, et m'élance hors de ma cachette, quitte à enfreindre mes règles : ne pas sortir en plein jour.

    Je remonte la rue de graviers, déserte en ce dimanche matin. Je m'étonne moi-même de me rappeler quel jour on est. Tous les hommes de la ville semblent encore endormis. Je longe prudemment les murs des ruelles, les mains dans les poches, la tête baissée, me laissant guider par la voix sanglotante. Je m'engouffre dans une avenue perpendiculaire, et regrette immédiatement mon geste. Je fais rapidement marche arrière et me plaque au mur, comme pour ne faire qu'un avec lui. Ils sont là, les Traqueurs, dans leur camionnette noire.

    Je passe discrètement ma tête près de l’arrête du mur, pour les observer. Une femme est sortie dans son jardin, j'écarquille les yeux : j’avais vu juste. Elle hurle et pleure. La femme se triture les doigts dans tous les sens, s'arrache les cheveux : elle est atteinte. Par reflex, j'enfile mon nez sous le col de mon sweat.

    Deux hommes en noir, avec des lunettes de soleil à la James Bond, emmènent une jeune fille, plus jeune que moi. La pauvre se débat et pleurniche. Elle ne doit pas être atteinte. Son destin est tout tracé, elle ira dans le programme HEAVEN. Je frissonne.

    Soudain, je me cache rapidement. Un des hommes vient de regarder dans ma direction. Quelle idiote ! Ma curiosité me perdra. Je dois absolument retourner me cacher, car si j'erre plus longtemps dans la ville, ils vont m'attraper. Mon seul espoir c’est les collines un peu plus en hauteur. Elles sont couvertes de grands arbres, je pourrais aisément m'y dissimuler.

    Je tire sur ma capuche pour m'assurer qu'elle est bien en place et me dirige vers les collines. Tout en marchant, je réfléchis. Je dois trouver une maison où passer l'hiver, une maison abandonnée. Il fait beaucoup trop froid la nuit, j'en ai fait les frais hier. Heureusement, pour le moment, le soleil réchauffe mon dos.

    Je grimpe sur un talus pour arriver à la lisière de la forêt. Enfin, forêt, le mot est un peu fort. C'est simplement un petit bois de conifères, qui périmètre la ville. Je repense alors à une maison sur laquelle je lorgne depuis quelque temps. Je n'ai vu personne entrer ou sortir depuis une semaine. Mais je dois me méfier, je suis dans cette ville depuis peu, et peut-être que des squatteurs ont déjà élu domicile là-bas, ça ne me choquerait même pas. Ou peut-être que l'homme qui y habitait est en vacances. Evidement je peux affirmer que c’est la maison d’un homme puisqu’il n’y a plus de femmes. La dame de tout à l'heure était une exception, elle devait se cacher avec sa fille. Mais tôt ou tard, on doit sortir, aller chercher à manger etc. Et on se fait prendre. Je parle en connaissance de cause. Certaines s'échappent comme moi, d’autres renoncent. Et je ne suis pas du genre à renoncer.

    Je me dirige vers la maison, dont les grandes haies de Thuyas montent à plus de trois mètres du sol. Elles ne sont pas entretenues, et confirment mon idée que la maison est certainement abandonnée. Je dois tout de même être prudente. J'hésite à attendre la nuit pour entrer, mais je n'ai rien dans le ventre, et j'espère sincèrement trouver quelque chose ici.

    Tant pis, je me glisse à travers les haies qui me griffent le visage, et dont l'odeur piquante me chatouille le nez. Je fini par atterrir dans le jardin de la grande maison. Quelque chose cloche, tous les volets sans exception sont fermés. J’ai une mauvaise impression, pourtant tout semble désert. Je fais prudemment le tour de la maison en guise d'inspection, elle comporte un étage. Dans la cour de devant je remarque les vestiges d’une balançoire pour enfant, j’ai un pincement au cœur. L’endroit dégage quelque chose d’étrange. Je décide de faire le tour de la bâtisse. Une fois derrière la maison, je lève la tête, et remarque une petite fenêtre ouverte au premier. Un sourire vainqueur s'esquisse sur mon visage, je vais pouvoir entrer. J'ai vu une échelle dans le jardin un peu avant, près d'un cabanon de bois. Je m’empresse d’aller la chercher, la démêlant des herbes qui s'étaient enroulées autour des barreaux, et commence mon ascension. C'est facile, trop facile. Une fois arrivée en haut, je sors mon opinel de la poche de mon vieux jean délavé, sur mes gardes.

    Je me trouve dans une salle de bains. Elle est très propre, je commençe à me dire que quelqu'un vit ici finalement. Mais je suis allée trop loin, quitte à le menacer, j'aurais cette maison.

    Je bois au robinet et étanche la soif qui me tiraillait. Le couteau en main, je sors de la salle de bains et descends prudemment au rez-de-chaussée sur la pointe des pieds. Personne en vue, je cherche un endroit très important : la cuisine. Je l’aperçois à droite. En entrant dans celle-ci, je me statufie. Une tasse remplie d'un liquide encore fumant est posée sur le plan de travail, ainsi que des porte-documents et des feuilles un peu partout. Le quelqu'un qui vit ici est là, quelque part dans la maison. Prise de panique, je rebrousse chemin en direction des escaliers, mais des voix m'arrêtèrent dans ma fuite. Zut, ils sont plusieurs ! Je suis fichue, mes yeux zigzaguent dans la pièce cherchant une échappatoire. Mon souffle se fait court, je transpire. Que dois-je faire ? Vite !

    Une porte !

    Il y a une porte dans la cuisine. Je l'ouvre et m'engouffre à l'intérieur de la pièce. Oh non, un cellier : je suis prise au piège. Trop tard pour faire demi-tour, quelqu'un entre dans la cuisine. Je ferme la porte du cellier derrière moi avec rapidité. Par chance, c'est une porte en bois avec des fentes, je peux voir au travers. J'aperçois une première personne entrer, et j'en ai le souffle coupé : c'est une femme ! Décidément, c'est bien ma journée. Peut-être sera-t-elle plus tolérante si elle me trouve ? La femme est au téléphone et semble donner ses coordonnées à quelqu'un. Une autre femme peut-être ? Pourquoi dévoiler sa cachette sinon ? Mon cœur s'arrête lorsque je vois une deuxième personne entrer dans la pièce.

    Une enfant : une toute petite fille.

    Je suis bouche-bée, émerveillée. C'est les petites filles qui ont succombé les premières. Comment peut-elle être encore en vie ? L’enfant à bien plus de deux ans, elle est forcément née avant le virus. Elle a survécu jusque-là ? Peut-être que la femme au téléphone s'est enfermée ici depuis deux ans, sans contact avec l'extérieur ? Cela expliquerait pourquoi la petite semble en pleine santé. Mais comment ne pas devenir fou ?

    Soudain, je recule au fond du cellier, serrant mon couteau dans ma main moite, lorsque je vois la petite s'approcher de la porte. La gamine va me trouver, je suis finie...

    Chapitre 2

    Je suis tapie dans la pénombre du cellier, au fond, contre les paquets de gâteaux secs, éclairée par les stries de lumière qui passent au travers des fentes de la porte. La petite fille pose sa main sur la poignée. Elle la tourne lentement, et je porte ma main sur ma bouche. J'inspire un grand coup par le nez, ma respiration se coupe, la porte s'entrouvre.

    — Élisa, qu'est-ce que tu fais ? Viens ici ma chérie, l'interrompit la femme.

    Je ne respire toujours pas, je suis figée. La petite soupire puis referme la porte. Je m'autorise enfin à expirer, mais par petites bouffées, et seulement par le nez. Je ferme les yeux, et essaie de réguler les battements de mon cœur, qui ont accéléré à la vitesse de la lumière. Doucement, mais prudemment surtout, je m'avance de nouveau près de la porte. J'aurais pu rester au fond et attendre qu'elles partent, mais non, ma curiosité l'emporte toujours.

    La femme tient Élisa dans ses bras et la couvre de baisers. C'est sa fille, aucun doute là-dessus. Un bruit de porte de voiture qui claque coupe court à cette scène attendrissante, et attire l'attention de la jeune maman.

    Probablement la personne à qui elle a donné ses coordonnées, pensé-je.

    La femme tire sur un des stores de la cuisine pour y voir au travers. Ses yeux se plissent, et son sourire s'effaçe.

    — C'est louche, dit-elle. Pourquoi sont-ils si nombreux et armés ?

    Nombreux, armés ? Oh non, ce ne peut être que des Traqueurs. Ils vont nous trouver toutes les trois et nous emmener. Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée ?! Il faut que je me calme et que je réfléchisse, mais vite. Soit je reste cachée en espérant que les Traqueurs ne fouillent pas la maison, soit je sors et pars en courant par-derrière, quitte à ce que les deux inconnues me voient.

    Mon cœur s'emballe, je ne sais pas quoi faire, et j'ai vraiment envie d'avoir cette maison. Je n'ai pas rodé ici pendant une semaine pour la laisser tomber. Mais je ne peux certainement pas me laisser prendre non plus.

    La femme s'écarte d'un geste vif de la fenêtre, et pose Élisa au sol. Elle lui murmure quelque chose que je ne comprends pas d’où je suis. Puis, rapidement, elle l'enferme dans un des placards de l’ilot central de la cuisine. Elle lui ordonne de rester cachée et de ne pas bouger. Je prends ces indications pour moi-même également.

    De là où je suis, je vois un tiers de la porte d'entrée, où la femme se dirige. Des coups secs viennent de résonner sur le bois. Deux hommes en noir apparurent lorsqu'elle ouvrit la porte.

    — Bonjour Messieurs, dit-elle d'une voix douce, entrez donc. Vous êtes probablement ici pour récupérer ce pour quoi j'ai appelé.

    — Oui madame, nous avons besoin de toutes les informations, répondit d'un ton solennel le premier.

    Je suis perdue. Pourquoi ces hommes ne sont pas choqués de voir une femme ? Ils ont pourtant bien la tête de Traqueurs.

    — Et bien, je suppose que Robert vous a déjà dit pas mal de chose. J'avais le virus, comme la plupart des femmes de ce monde, dit-elle sereine.

    Oh non, je couvre mon nez sous mon sweat. Depuis deux ans que je vagabonde, je n'ai jamais attrapé le virus, mais être en contact avec des gens qui l'ont m'effraie quelque peu.

    — Mais je n'étais pas résiliée à me laisser mourir, continua-t-elle. Alors j'ai fait pas mal de recherches, et je pense qu'il vous en a parlé, elles sont quelque peu compromettantes. Ce que j'ai découvert remet en question tout le programme Heaven. J'ai parallèlement réussi à trouver un antidote que je me suis injecté, et comme vous le voyez, je suis en pleine forme. Malheureusement, je n'ai pas fait d'échantillon, c'est dans mon sang. Robert ne m’avait pas prévenu que je serais escortée.

    — Je vois, commenta le deuxième homme.

    Un antidote ? Remettre en cause le programme Heaven ? Elle bluff, c'est obligé. Elle leur a dit qu'il était dans son sang pour qu’ils la laissent tranqui...

    Sans prévenir un des hommes sort un couteau et le plante violemment dans le ventre de la femme. Mon souffle se coupe et je porte rapidement mes mains à ma bouche pour ne pas crier. Ma vision est brouillée par un rideau de larme. Pourquoi ? Si elle avait l'antidote dans son sang, pourquoi la tuer ? Qui sont ces hommes ? Je reste là, décontenancée par la situation. Les types se regardent, presque satisfait de leur funeste travail. Puis l’un d’eux prend un portable et compose un numéro. Je tremble comme une feuille, j’ai peur. S’ils me trouvent, je vais y passer aussi.

    — Monsieur ? Demande l’homme avec le portable. Oui, c’est bon… Oui… Devons-nous brûler les preuves ?

    « Brûler les preuves » ? Ils veulent mettre le feu à la maison ?

    — Très bien, continu-t-il. Oui, nous allons les récupérer. Oui… Au revoir Monsieur.

    L’homme raccroche et s’approche du plan de travail. Il passe devant le cellier et mon sang se glace aussitôt. Je ne bouge plus d’un millimètre, ne respire plus. Lorsqu’il repasse de nouveau il tient les documents que j’ai vu plus tôt.

    — Alors ? Demande son acolyte.

    — Pas besoin de brûler les preuves selon lui. Personne ne la trouvera jamais, et si des squatteurs viennent ils ne comprendraient rien à ses notes.

    Le deuxième homme ricane.

    — C’est clair, c’est pas courant les clodos avec un doctorat.

    Puis les deux hommes repartent comme s’ils venaient d’acheter leur pain. Sans même un regard pour la femme.

    J'en avais déjà vu des cadavres, je ne les comptais même plus. Mais jamais tués par quelqu’un devant mes yeux. Ils l'ont poignardé de sang-froid ! Je suis assise au sol, paralysée par la peur. Je tremble comme une feuille, mais ce n'est pas parce que j'ai froid. Mes mains se portent à mes tempes, les serrant de toutes mes forces.

    Cela ne peut pas arriver, c'est un rêve, c'est forcément ça. Je vais me réveiller, et je serais aux côtés de ma mère. Je serais dans un lit d'hôpital, on me dira que j'ai eu un accident et que j'étais dans le coma, comme dans les films. Tout ceci, le virus, les morts, tout ceci n’est un rêve.

    — Maman ? Demanda une petite voix triste.

    Élisa !

    Ce n'est malheureusement pas un rêve, je suis bien dans le monde réel. Et la petite va bientôt découvrir le cadavre de sa mère. Que faire ? Je vois soudain la femme qui tente de ramper à l'extérieur, elle est encore en vie ! La porte est grande ouverte, j'ai le temps de m'enfuir sans que personne ne me voit. Dois-je appeler les pompiers ? Mais ils reconnaitront forcément ma voix de fille. J'ai assez de problèmes comme ça. Tant pis pour la maison après tout, je ne veux pas être mêlée à une affaire de meurtre.

    Je me relève, prête à m'enfuir. J’ouvre la porte du cellier discrètement, et sors penaude. Mes pensées retournent sur Élisa lorsque je l'entends gigoter.

    Et merde…

    Je ne peux pas la laisser voir ça quand même, je me souviens du choc que cela m'avait fait de voir le cadavre de ma mère dans son lit. Mon côté humain l'emporte sur le reste.

    Je sors entièrement du cellier, et vois la petite main d'Élisa qui s’extirpe lentement du placard. Je jette mon corps au sol, près d'elle, la retenant pour qu'elle ne sorte pas.

    — Salut, lui dis-je. Je suis une amie de ta maman, elle m'a demandé de te dire que tu devais rester ici jusqu'à ce que je revienne te chercher.

    Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu le son de ma propre voix. Que je n'ai tout simplement pas parlé. Mon mensonge n'est absolument pas crédible, et Élisa l'a remarqué.

    — Pourquoi ?

    — Et bien… Elle est occupée je dois l’aider, mais tu dois rester ici.

    La petite fait la moue.

    — Je peux aider aussi.

    — Non non ! Tu dois rester cacher encore un peu, s’il te plaît. Ce ne sera pas long, je reviens vite promis.

    Élisa boude un instant avant de retourner au fond du placard. Je referme doucement la porte. Je dois faire vite.

    Je porte maintenant mon attention sur sa mère, je m'approche de son corps, qu'elle a traîné jusque dans le hall. Elle est inerte et semble ne plus respirer. L’odeur du sang se fait déjà sentir. Je m'approche lentement, lorsque soudain, elle m'attrape le poignet et me tire vers elle. Je viens d’avoir une mini crise cardiaque, mais me reprends tout de suite. Elle est en vie, que va-t-elle faire en me voyant ?

    — Je vous en prie, me supplie-t-elle. Aidez-moi…

    — Que voulez-vous que je fasse ? Lui demandé-je paniqué. Il faut vous soigner, peut-être que...

    Elle me coupe en levant difficilement sa main vers moi.

    — Mon frère, dit-elle à l’agonie. Il habite à Paris, il saura vous aider. Prenez ma fille… Emmenez la voir mon frère, Franck… Qui que vous soyez protégez là…

    — Je…

    La femme m’attrape le col du sweat, me tirant près d’elle.

    — Elle est notre avenir à toutes… Tout est dans mes notes…

    — Notre avenir à toutes ? De quoi parlez-vous ?

    — J’ai trouvé… Un… Un remède au virus, m’explique-t-elle difficilement. Ma fille, Élisa… l’avait contracté… Personne ne sait qu’elle existe, par pitié protégez-là…

    — D’accord, calmez-vous, la rassuré-je. Ça va aller je vais…

    — Non, me coupe-t-elle. C’est trop tard… Je perds beaucoup trop de sang… Mon frère saura quoi faire… Trouvez le…

    J’essaie tant bien que mal de faire pression sur la blessure, complètement paniquée.

    — Restez avec moi madame, je suis là…

    — Vous devez sauver… les femmes, murmure-telle. Promettez-moi de protéger ma fille…

    — Oui, je…

    — Au péril de votre vie ! Me coupe-t-elle en crachant maintenant du sang.

    — C’est promis madame, c’est promis, tenez bon…

    Je continue de faire pression sur la blessure, et je sens les mains de la femme glisser le long de mon col.

    — Non non non ! Pleurniché-je. Je suis là, je suis…

    Ses bras retombent lourdement sur le sol, tandis qu’une larme roule le long de sa joue. Mon souffle se coupe, j’ai l’impression de sentir son âme quitter son corps. Les larmes ruissèlent alors le long de mes joues. Un souvenir de ma mère sur son lit, me demandant sa dernière volonté refait surface. Pourquoi maintenant ?

    Cette femme est morte dans mes bras, elle ne m'a même pas demandé qui je suis, ni d'où je viens. Elle veut que je m'occupe de sa fille ? Moi ? Alors que j'ai déjà du mal à m'occuper de moi-même ? Elle ne me connait même pas, pourquoi m'avoir tout dévoilé ? À cause de sa mort imminente ?

    Assez de questions, je dois bouger ce corps avant qu'Élisa ne le voie. Je prends la femme par les bras et la tire dehors. Zut, son corps laisse une énorme traînée de sang sur son passage, je vais devoir nettoyer ça.

    Une fois que la femme sans vie est dehors, je referme la porte. Je m'occuperais de l'enterrement plus tard. Je m'affaire dans la cuisine à nettoyer le sol, avec les torchons que je trouve dans un placard. C’est long et fastidieux, et Élisa me demande si elle peut sortir. Qu’est-ce que je suis censé répondre ? « Pas encore, je nettoie le sang de ta mère qui est morte et que j'ai déposée dans le jardin ? » Non. Je lui demande de patienter encore un peu.

    Une fois que tout est propre, je jette les torchons maculés d'un rouge métallique dehors. Puis je vais me rincer les mains d'un pas mal assuré. Je me déplace ensuite fébrilement vers le placard. Je l'ouvre doucement, et découvre la jeune Élisa.

    — Bonjour Élisa, ça va ?

    Ridicule. « Ça va ? », n'importe quoi !

    — Où est ma maman ?

    La petite fille a les cheveux longs, jusqu'aux coudes. Ses yeux bleus me regardent avec insistance, et je peux remarquer qu'ils commencent à s'humidifier. Elle va pleurer.

    — Écoutes, tu vas devoir être une grande fille d'accord ? Ta maman est partie pour faire quelque chose d'important. En attendant, je dois te surveiller.

    — Tu mens ! Me crie-t-elle pleine de rage.

    Chapitre 3

    Bien sûr que je mens. Je ne vais pas lui dire la vérité. Mais que dois-je lui dire alors ? Elle est si petite, si fragile. Je dois trouver une alternative.

    — Tu as raison, commencé-je. Je vais te dire la vérité. Je suis venue ici parce que j'étais toute seule dehors et que j'avais froid, je voulais trouver un toit et de la nourriture. Et je suis tombée sur ta maman et des hommes en noirs, très méchants. Ils ont emmené ta maman très loin et je me suis dit que je devais te protéger d'eux.

    Elle s'approche de moi, analysant ce que je lui dis.

    — Où ils sont allés ? Me demande-t-elle.

    — Je ne sais pas, ta maman a juste eu le temps de me dire que je devais t'emmener chez ton tonton.

    A ces mots, ses yeux bleus s'illuminent. Elle comprend ce que je lui dis.

    — Mon tonton habite très loin, me dit-elle de sa petite voix douce. Je veux voir ma maman.

    — Je sais ma belle, mais pour le moment elle n'est pas là et tu vas devoir m'écouter.

    La petite fille se met à bouder, mais ne me désobéit pas néanmoins. Elle s'installe dans un coin de la cuisine avec son doudou : un vieux lapin en peluche. Je n'ose pas lui parler, je ne sais pas quoi dire. Je fais rapidement une inspection de la cuisine, il est à peine dix heures et demi. Elles ont beaucoup de choses à manger, nous n'aurons pas besoin de sortir, c'est déjà ça.

    Je passe à présent à

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1