CAO, SAINT-DENIS
P », a redit Tony Estanguet. Dès le départ, le Comité d’organisation a souhaité qu’une grande partie des épreuves se déroulent sur ce territoire en pleine mutation, auquel sont destinés 80 % des investissements publics et 75 % des infrastructures des Jeux. Grâce aux 35 millions d’euros injectés par la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) au nom de l’héritage aquatique des JO, et à son rigoureux cahier des charges environnemental et social, les communes-hôtes peuvent depuis 2022 et jusqu’en 2028 s’équiper d’infrastructures de grande qualité, avec un bilan carbone allégé et une véritable accessibilité. Une aubaine pour le département qui était, avec 38 piscines pour 1,6 million d’habitants, l’un des moins dotés en équipements aquatiques et), destiné au pentathlon moderne, et la piscine Georges Vallerey (20), qui a vu le jour grâce à d’autres Olympiades, celles de 1924, quand Paris vivait la même pénurie de piscines que la Seine-Saint-Denis aujourd’hui. D’après * du 10 octobre 1922, la France ne comptait alors que 20 piscines, dont 7 à Paris, quand l’Angleterre en avait 806 et l’Allemagne 1362! Les Jeux de 1924 vont pousser la ville à rattraper son retard. Louis Bonnier, son architecte-voyer , va adjoindre une piscine aux bains-douches de la Butte-aux-Cailles. Ce sera une réussite esthétique, mais aussi technique, avec un cheminement hygiénique innovant entre cabines et bassin, bien séparés: le premier pédiluve parisien. Son bassin intérieur de 33mètres est une cuve de béton, posée sur 65 piliers pour un meilleur entretien et revêtue de faïence blanche. Ce combiné béton-carrelage, imperméable et hygiénique, est la grande avancée dont vont s’emparer les piscines des années 1930, en particulier celles de Lucien Pollet: Molitor, Pontoise, Pailleron, Jonquière. Sauf que Pollet utilisera toute la gamme des couleurs et matières: grès cérame, granito, pâte de verre partant à l’assaut des murs, sols et balcons. Leur style paquebot, avec cabines, coursives, terrasses, voire salons de coiffure et bistrots, inspirera à son tour le jeune Charles Auray, auteur en 1937 de la piscine Alice Milliat de Pantin. Enfin, même des Jeux lointains ont impacté les équipements grand-parisiens. En 1968, quand la France ne gagne qu’une médaille à Mexico, Charles de Gaulle décrète qu’il faut apprendre à nager aux Français! Cent cinquante architectes participeront à l’opération « 1 000 piscines » et la France des années 1970 se couvrira de piscines Caneton, Plein ciel, Plein Soleil et surtout Tournesol, de l’architecte Bernard Schoeller, labellisée Architecture contemporaine remarquable, dont la piscine Mulinghausen des Lilas est un bel exemple.
