CONVERSATIONcivilisation
Je pensais vous présenter l’un à l’autre, mais vous êtes en fait très copains. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Gautier Capuçon : Au festival Musique et Vin au Clos Vougeot. C’est un festival où je vais quasiment chaque année depuis sa création par Aubert de Villaine et Bernard Hervet et c’est un formidable moment de rencontre et de partage entre des artistes musiciens et des artistes vignerons. Parce que pour moi, les vignerons sont des artistes. Comme nous, ils interprètent. Albéric, tu interprètes un terroir comme moi j’interprète des notes de musique.
Albéric Bichot : Nous ne sommes pas des artistes. Je veux bien que nous soyons des artisans, mais pas des artistes. Si c’est un art, le vin n’est pas un art majeur, c’est un art mineur. En revanche, nous avons des points communs.
Lesquels ?
A. B. : Comme le dit Gautier, on interprète. Ça, c’est un point commun. C’est aussi beaucoup de travail et d’expérience qui s’additionnent millésime après millésime ou gamme après gamme. L’autre point commun, c’est que l’on peut redécouvrir un vin ou une œuvre à différents moments de sa vie. Mais je ne suis pas certain que le vin procure autant d’émotions que la musique peut le faire.
G. C. : L’autre point commun entre nous, c’est la signature, l’ADN. En tant que violoncelliste, mon ADN, c’est mon son. Et c’est la même chose pour les vignerons, leurs vins portent leur ADN.
A. B. : Oui, si je veux écouter un prélude de Bach ou si j’ai envie de boire un meursault, dans les deux cas je vais choisir par qui je les veux interprétés.
Vos deux métiers nécessitent aussi un équilibre entre rigueur technique et expression.
G. C. : C’est la technique au service des émotions.
A. B. : Sans technique, on ne fait pas grand-chose, c’est certain, mais je dirais aussi que dans nos métiers, il y a de l’intuition.
G. C. : Je pense que l’équilibre est sur un fil en permanence, mais il ne faut pas perdre de vue ce pour quoi on fait de la musique, et je pense que c’est la même chose pour le vin, pour le plaisir que l’on donne et celui que l’on partage.
Est-ce qu’il vous
