Le Journal du dimanche

Les pubs de l’une, les vins de l’un

« Ma mère parlait de bouffe tout le temps, jamais de vin. Le champagne, oui, elle adorait ça »
MERCEDES ERRA

Mercedes Erra, vous êtes arrivée en France, de Catalogne, à l’âge de 6 ans. On buvait quoi chez vous ?

M. E. : On ne buvait pas de vin et on en parlait jamais. Pour nous, c’était un truc de Français, qu’on trouvait un peu alcooliques (rires). Les Français étaient des gens qui mangeaient de la viande crue, des fromages impossibles et du beurre. Dans notre esprit, le beurre cuit, c’était hyper grave, ça rendait tout le monde malade. Et le vin, ça les rendait fragiles. Je m’occupe du musée de l’immigration. On s’aperçoit que la nourriture, les marqueurs de l’enfance, c’est ce qui reste le plus. Les immigrés ont tout quitté, ils sont intégrés, ils parlent la langue, et tout à coup ils disent non, on ne peut pas cuire au beurre.

Votre premier souvenir de vin date de quand alors ?

M. E. : Je pense que c’est quand j’ai commencé dans la vie professionnelle. Ma grand-mère maternelle buvait de la bière. Quand il faisait chaud, elle la mélangeait avec de la limonade. Mes parents mélangeaient le vin avec de la limonade aussi, en Espagne. De la France, on a d’abord acquis la culture culinaire. Ma mère était tellement gourmande qu’elle disait : « Ici, ils font des soupes aux légumes incroyables ». Elle parlait de bouffe tout le temps, jamais de vin. Le champagne, oui, elle adorait ça. Elle avait une peau très blanche, avec des taches de rousseur et quand elle en buvait, elle devenait toute rouge.

C.-A. B : Elle devenait toute rouge en buvant du champagne ? C’est une propriété encore méconnue (rires).

M. E. : Cela lui donnait une ivresse intelligente. C’est pétillant comme l’esprit peut le devenir. Donc mon premier souvenir de vin, c’est le champagne. Ça m’est resté, je bois beaucoup de champagne. Je veux toujours fêter quelque chose. À l’agence, je leurs dis : « On gagne, c’est normal, on fête. On perd,

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