«Laïcité. C’est étrange comme ce mot résonne aujourd’hui. » Le 8 novembre dernier, Abnousse Shalmani, en tant que présidente du jury du prix de la Laïcité, tenait un discours très applaudi sur une valeur en péril. Un texte puissant aujourd’hui adapté en livre, Laïcité, j’écris ton nom. La romancière, essayiste et chroniqueuse à L’Express nous explique pourquoi la laïcité n’a rien d’une arme contre les musulmans, mais qu’elle représente une « protection pour tous ».
Quelle est votre définition de la laïcité ?
Abnousse Shalmani « La laïcité, c’est la fin des réprouvés », disait Jaurès. Je fais mienne cette définition, comme l’avait fait déjà Robert Badinter. La laïcité nous dit : je te respecte et je te reconnais au-delà de nos différences de religion ou d’opinion comme de sexe, de race ou d’orientation sexuelle parce que tu es comme moi un être humain, tu es mon frère ou ma sœur en humanité. La laïcité, c’est la promesse républicaine tenue. La laïcité permet d’être en même temps les enfants de Lamartine et d’Aimé Césaire, d’être compatriote de Joséphine Baker et d’Albert Camus, de Cioran comme de Victor Hugo. La France laïque ne reconnaît que le citoyen. Quels que soient sa religion, son ethnie, sa couleur, son sexe, son origine sociale. Quelle libération !
Pour vous, la laïcité, « qui fait l’honneur de la France », serait devenue un « fardeau » dans « la guerre culturelle mondiale »…
Nous assistons à un renversement des valeurs terrifiant. Du fait