Nouvelle histoire de l’Ouest: Canada, États-Unis, Mexique, Soazig Villerbu
Passés Composés, 416 p., 24€
Le Far West est un puissant mythe, dans lequel on se complaît encore au travers d’une filmographie hollywoodienne ancrée dans les imaginaires. L’ouvrage de Soazig Villerbu a comme premier objet de s’en défaire et de recadrer cet Ouest de légende: exit la périodisation nationale américaine — ou plutôt étasunienne — autour de la notion de « frontière», débutant et achevant l’histoire de l’Ouest avec la colonisation intérieure de son territoire en suivant étroitement la ligne d’avancée dite de « civilisation». Ici l’Ouest est un immense espace partagé où rien n’est écrit d’avance, où les « puissances amérindiennes» sont soumises à la poussée impérialiste et nationaliste de trois acteurs étatiques en devenir issus de la colonisation européenne — États-Unis, Canada, Mexique. Beaucoup de clichés s’envolent. Où l’on pense au bison, Soazig Villerbu nous parle de l’économie du saumon. Où l’on pense immensités pionnières, elle évoque espaces naturels, peuples libres, marchés des fourrures et du bétail, politique de l’eau. Où l’on pense irrésistible « ruée», elle décrypte les constructions politiques et les mécanismes capitalistiques et mercantiles qui ont porté la colonisation. Dodge City, Abilene, Wichita, des coupe-gorges sans foi ni loi du « Wild West»? Des places de marché ordonnées où l’on assiste à deux morts violentes par an en moyenne, parfois cinq. Cependant, on n’apprendra pas grand-chose ici sur le plan de l’histoire militaire, pourtant largement en friche, au-delà de quelques attendus généraux. Dommage également que pour mieux rompre avec le mythe, l’ouvrage abuse çà et là d’une conceptualisation un peu aride, au risque de perdre une partie de son lectorat en route, faute sans doute d’un maillage événementiel suffisant pour structurer le propos. En filigrane et en conclusion, des enjeux très politiques et contemporains: ceux de la « décolonisation» avec un lot inévitable de contradictions et d’impensés, pour des peuples amérindiens jadis écrasés, mais en pleine renaissance culturelle et identitaire depuis la fin du xxe siècle. Un livre important, traduisant les modes historiographiques du moment outre-Atlantique, et permettant de repenser une histoire sensible et tiraillée. Vincent Bernard
Nouvelle Histoire du Japon, Pierre-François Souyri
Perrin, 640 p., 29 €
Édition augmentée de la somme parue en 2010, cette confirme son statut de référence. Articulant des thématiques pertinentes, Pierre-François Souyri déroule la chronologie de l’histoire
