Barbecue règne sur les gangs armés qui sèment la terreur dans l’île. Mais lui se considère comme un sauveur
Pour les gangs qui tentent de s’unifier, un ennemi commun : la police
Ils tiennent leur position pour barrer l’entrée du quartier aux autorités. Il y a quelques semaines, les clans rivaux s’entretuaient. Désormais coalisés, ils s’attaquent aux derniers bastions qui leur résistent : les ministères, la Banque centrale et le palais national. Les forces de l’ordre, sous-équipées, font face à des armes de guerre, acheminées en masse depuis les États-Unis par des cartels de Colombie et des Caraïbes. Dissoute en 1995 et rétablie en 2017, l’armée est inexistante. Un contingent de policiers kényans est attendu pour rétablir l’ordre, dans le cadre d’une mission multinationale d’appui à la sécurité. Quelques centaines d’hommes pour sauver un pays.
À Port-au-Prince, les caïds sont des gamins, à peine sortis de l’adolescence
Deux jeunes tombés sous les balles. Ici, la mort est un jeu de hasard
L’état d’urgence et le couvre-feu instaurés dans la capitale le 3 mars n’ont eu aucun effet : Port-au-Prince n’en finit pas de compter ses morts. Aucune zone n’est à l’abri, ni aucun être humain. Avec près de 4 800 personnes tuées en 2023, victimes de balles perdues ou de massacres organisés, l’ancienne colonie française se classe parmi les 34 pays les plus dangereux au monde. Outre les assassinats, le kidnapping est la seule industrie florissante de la petite république caribéenne. Sous le poids d’une telle insécurité, le commerce et le système de santé s’effondrent. La moitié des 11 millions d’Haïtiens souffrent de malnutrition.
Habitué des médias, Barbecue, l’ancien policier, sait revêtir la cape du révolutionnaire : « Ils ne se battent pas contre moi, mais contre le peuple », dit-il
De notre envoyé spécial à Port-au-Prince Nicolas Delesalle
Il faut attendre sur des chaises en plastique, dans une ruelle poussiéreuse et sous une chaleur de plomb, devant une maison anonyme de Portau-Prince, aussi défraîchie que toutes les autres. Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », va bientôt nous recevoir. Une audience décrochée de haute lutte. On l’a vu l’avant-veille, au même