Avec un État en pleine déliquescence, l’île des Caraïbes sombre dans le chaos. Notre reportage
Les tueurs se pavanent et tirent à vue. Personne n’ose approcher des victimes
Comme dans un pays en guerre, des lignes de front et des snipers
Le drapeau haïtien flotte sur un no man’s land. De part et d’autre de cette plaie ouverte, des territoires ennemis. Jimmy Cherizier, un ancien flic, dirige l’un d’eux. Il est à la tête du G-9, une des plus grosses alliances de gangs. Son surnom : Barbecue. Parce que sa mère vendait des poulets grillés, et aussi parce qu’il brûlerait systématiquement le corps de ses ennemis. Les gangs ont d’abord été armés par le pouvoir ou ceux qui voulaient le conquérir. Aujourd’hui, ils travaillent pour eux-mêmes.
Affamés, les gens errent comme des zombies. Ils ont tout perdu et ne rêvent que de fuir
De notre envoyé spécial à Port-au-Prince Nicolas Delesalle
Dans une ruelle désertée à l’ouest de Port-au-Prince, un jeune homme vient d’être tué d’une balle dans la tête. Il gît dans une mare de sang. Plus loin, abandonné depuis plusieurs heures, un corps carbonisé dans un pneu. La semaine dernière, un gang a arrêté un tap-tap, l’un de ces minibus colorés ; ils ont fait descendre les femmes et ont incendié le véhicule avec six hommes à son bord. Terreur pure. Arbitraire. Qui a fait ça ? Dans quel