Face au besoin urgent en hommes, l’armée multiplie les contrôles pour débusquer ceux qui tentent d’échapper au front
Recrutés de force, beaucoup refusent de mourir pour un pouvoir qu’ils jugent corrompu
De notre envoyé spécial en Ukraine Nicolas Delesalle
Youri nous a donné rendez-vous dans une friche industrielle. Des bâtiments abandonnés à l’est de Kiev. Les vitres sont brisées. Un missile russe est tombé à proximité, laissant un trou béant dans la terre dure. Il neige à gros flocons, un vent glacial balaie le béton. Youri souffle dans ses mains délicates pour les réchauffer. Il a 45 ans et refuse d’aller combattre. D’une voix douce, il s’explique : « Tout le monde n’est pas fait pour être soldat. Je déteste les armes, mais les gens qui aiment se battre, les héros, on les a déjà utilisés. Alors, maintenant, c’est au tour des gens normaux. » Depuis l’échec de la contre-offensive de Kiev, la guerre en Ukraine a changé de nature. Finies les grandes manœuvres. Dans les tranchées, les soldats épuisés sont terrés sous le feu des drones et de l’artillerie. Ils combattent depuis deux ans : 70 000 d’entre eux sont morts, 120 000 blessés. Et le conflit va durer. L’élan patriotique des premiers mois s’est étiolé. Pourtant, il faut recruter en urgence. Selon Volodymyr Zelensky, 500 000 hommes sont nécessaires à la poursuite de la guerre. Comment les trouver sans bouleverser l’économie ? À