Devant son verre de vin rouge, dans le quartier branché de Podil, sur les bords du Dniepr, Roman frotte son crâne rasé entre deux gorgées. Dans son flot de parole ininterrompu, cet Ukrainien de 50 ans raconte presque jour par jour l’année qui vient de s’écouler : ses levées de fonds pour la transition écologique, destinées depuis le 24 février 2022 à du matériel militaire ; ses allers-retours sur le front ; sa femme et sa fille évacuées vers Lviv ; et les funérailles de ses proches, presque chaque mois… « Hier, je suis revenu à Kiev pour enterrer un ami, confie-t-il. Un ingénieur, très doué. Il s’était engagé comme volontaire dans l’armée il y a un an. Un missile russe l’a fauché à Bakhmout. Au cimetière, il y avait tellement de tombes fraîches… Nous n’aurons jamais suffisamment de rues à nommer en l’honneur de tous nos héros. »
Roman ne combat pas en première ligne mais, comme pour ses 44 millions de compatriotes, la guerre