Les Dégustations Entre Sienne et Florence Chianti Classico
Chianti. Ce nom, tout le monde le connaît, très peu savent précisément ce qu’il y a derrière. Le Chianti Classico correspond au territoire historique de la production, cœur géographique adossé aux monts du Chianti. Les “autres” chianti, ainsi que le chianti tout court, générique, ne sont que des extrapolations reprenant et dépaysant un nom de lieu après que celui-ci ait connu le succès. Ce qui ne veut pas dire que parmi ces cousins plus ou moins éloignés (Chianti Rufina, Chianti Montespertoli, Chianti Montalbano, Chianti Colline Pisane, Chianti Colli Fiorentini, Chianti Colli Aretini, Chianti Colli Senesi), on ne puisse trouver des vins intéressants.
L’appellation Chianti Classico se situe entre Florence et Sienne. Réparti entre huit communes (plus de 70 000 hectares, dont 10 000 en vignes), le territoire a évolué au rythme des événements qui ont forgé sa conscience viticole: en 1716, délimitation officielle de l’aire du vignoble par le grand-duc de Toscane Cosme III de Médicis, une première historique; en 1924, création du consorzio pour la défense du Chianti (le suffixe Classico sera ajouté en 1932), le premier syndicat d’appellation en Italie; dans les années 1950, fin du métayage. Cette dernière évolution a induit un changement profond des paysages, passant d’une polyculture très morcelée à une culture remembrée dominée par la vigne et l’olivier. La présence des bois, encore nettement majoritaires, offre néanmoins stabilité et respiration à cette Arcadie, pionnière de l’œnotourisme.
LES CÉPAGES "INTERNATIONAUX"… RELÉGUÉS
Il y a dix ans encore, ses cuvées les plus ambitieuses, les mieux cotées par la critique internationale, et même domestique, se devaient de comporter des cépages dits internationaux (cabernets, merlot, syrah). Aujourd’hui, ces cépages, dont les plantations demeurent, sont relégués dans les entrées de gamme… à leur place, sommes-nous tentés d’ajouter! Les Toscans, de souche ou d’adoption, ont enfin compris où était le génie des lieux. Fierté retrouvée d’un grand terroir, historique à tout point de vue, dans ses noces heureuses et pluriséculaires avec un grand cépage, le sangiovese.
80% DE SANGIOVESE MINIMUM
L’évolution du cahier des charges (le disciplinare), souvent remis en question, témoigne de la volonté collective, des moyens que les producteurs se sont donnés pour parvenir, ou revenir, au plus haut niveau. Dès 1996, un chianti classico a le droit d’être 100 % sangiovese (75 puis 80 % minimum dès 2002, alors que les raisins blancs en sont exclus à partir du millésime 2006). La catégorie Gran Selezione apparaît officiellement en 2013, se plaçant au sommet d’une hiérarchie jusqu’ici bipartite: Chianti Classico et Chianti Classico Riserva. Davantage que comme une cuvée de prestige, on peut voir la Gran Selezione comme une sorte de “laboratoire du Chianti Classico à venir”, privilégiant le sangiovese (90 % minimum), excluant les cépages complémentaires “non autochtones”; ce sera aussi la première catégorie à mentionner les UGA sur les étiquettes.
UGA? Derrière cet acronyme disgracieux (si on le déroule, ce n’est guère
