“Hier, 7 décembre 1941, une date qui restera marquée d’infamie… » L’entame du discours de Roosevelt devant le Congrès, au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor, est entrée dans l’histoire. Mais la suite ne manque pas d’intérêt. Dès la deuxième phrase, le président s’empresse de souligner que Tokyo est le seul et unique responsable des hostilités: « Les États-Unis étaient en paix avec cette nation et, à la demande du Japon, menaient encore […] des pourparlers en vue du maintien de la paix dans le Pacifique. » Mais cette insistance pour se disculper n’est-elle pas suspecte? Et si Roosevelt avait délibérément provoqué une agression pour entrer dans la guerre et en finir avec l’isolationnisme américain? L’accusation n’est pas d’actualité en décembre 1941, alors que l’Amérique s’insurge tout entière contre la traîtrise japonaise. Mais elle n’attend pas la fin de la guerre ni même la mort de Roosevelt, en avril 1945, pour être formulée.
« FDR » a-t-il laissé faire ?
En septembre 1944, alors que Roosevelt mène campagne pour son quatrième mandat consécutif, paraît en effet , un pamphlet dirigé contre le président et son entourage écrit par un certain John T. Flynn, journaliste, isolationniste notoire et opposant virulent à la Maison-Blanche. Pour obtenir le qui lui permettrait d’inverser le sentiment foncièrement non interventionniste des Américains, Roosevelt aurait multiplié depuis janvier 1941 les provocations à l’égard du Japon, afin de le pousser à une attaque directe. Flynn dénonce les