Entre lui et nous flotte un air de « je t’aime, moi non plus ». Et réciproquement! Elève de Darius Milhaud à Aspen et Nadia Boulanger à Paris, fou de Beckett et Cocteau, Philip Glass (né en 1937) avait tout pour adorer notre pays. Mais l’avant-garde dominante en Europe de l’Ouest ne fut pas de son goût – la série dodécaphonique? « Une sale musique de dingues », trancha-t-il. En France, si la Cité de la musique élevée en Philharmonie fête « Phil » depuis longtemps devant un public enthousiaste, une grande partie de la critique et des auditeurs de la « contemporaine » lui sont hostiles. Et la situation ne s’est guère améliorée avec le temps: en 2014, dans nos colonnes (cf. no 621), Renaud Machart ¹, un des commentateurs les mieux disposés à son égard pourtant, fustigeait une musique « aujourd’hui volontiers simplette et sentimentale ». Comment renouer le lien? Peut-être en dissipant quelques incompréhensions.
1 Répétitif ou minimaliste?
Comme la plupart de ses confrères auxquels l’appellation a pu être accolée, Philip Glass n’a jamais vraiment goûté l’épithète de « minimaliste ». En 2017, le jeune octogénaire confiait à ²: « On parle d’une musique que nous composions dans les années soixante-dix, il y a plus de trente ans! Ce qualificatif, né dans l’esprit de certains journalistes à l’époque, apporte plus de confusion qu’autre chose. » Les quatre principaux pionniers américains du «