Les pays de l’Est intègrent le monde libre, l’Union européenne est créée, Balladur et Chirac se disputent l’après-Mitterrand. Puis viennent la France black-blanc-beur, l’euro, le 11 Septembre. A L’Express, les changements de propriétaires succèdent aux révolutions de palais. Le numéro des 40 ans de l’Express, une fresque de la France contemporaine façon Balzac, marque le dernier succès majeur des années l’Ecotais. Christine Ockrent, nommée à sa place, modernise le journal et le fait basculer dans l’ère informatique. Avec Denis Jeambar, de premières décisions de rigueur permettent une relance majuscule du titre. Symbole de cette ambition intacte, une dizaine de journalistes partent en Russie couvrir l’élection de Vladimir Poutine, en mars 2000. A cette occasion, le magazine publie un scoop mondial sur l’héritage du peintre Kasimir Malevitch.
Les fondateurs réunis une dernière fois le temps d’une soirée. En ce début septembre 1995, L’Express fête le lancement de sa nouvelle formule imaginée par Christine Ockrent. Le long d’un des grands couloirs de la Bibliothèque nationale de France, où a lieu la sauterie, Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber s’avancent à petits pas. Ils s’arrêtent devant certaines de leurs couvertures mythiques, imprimées en grand format. La nostalgie affleure. Quelques journalistes, comme Michel Labro, déjà présent vingt ans plus tôt, osent venir raconter leurs souvenirs de débutants intimidés. L’Express historique et la nouvelle génération rient de concert. La réunion doit beaucoup à l’entregent de la « reine Christine », en bons termes avec Françoise Giroud. Lors d’un déjeuner à son arrivée à la direction de la rédaction, en octobre 1994, la première femme à diriger un grand journal a averti la seconde d’une formule façon