Un dessin animé pour enfants. Avec cette vision délurée du futur, ses licornes qui gambadent sur les marchés, la mangeoire fourrée à l’argent magique, les années 2021 et 2022 semblaient, pour le secteur de la tech, sortir tout droit d’un Disney. Changement de décor en 2023, où le scénario vire plus au catastrophique The Walking Dead. Les start-up « zombies » commencent à errer, hagardes, devant les difficultés à se refinancer. Au premier semestre 2023, les levées de fonds par capital-risque ont chuté de 50 % sur un an dans l’écosystème français, à 4,3 milliards d’euros, a averti dans un rapport publié à la mi-septembre le cabinet d’audit et de conseil EY. Un marqueur important.
Ce mode de financement, né aux Etats-Unis dans les années 1940, a pris de l’ampleur en France ces dix dernières années. en VO – financent l’idée de génie, de temps en temps le grain de folie, dans le but de décupler leur mise quelques années plus tard. Mais les coups de froid successifs sur l’économie mondiale, avec la remontée des taux d’intérêt et la guerre en Ukraine, ont quelque peu changé la donne depuis l’an passé. Les « tours de table », comme on les appelle dans le secteur, s’ils ne se raréfient pas en volume, n’offrent plus les mêmes garanties. Les fonds américains, notamment, ont été nombreux à prendre de la distance, alors qu’ils apportaient auparavant une manne d’argent cruciale. « Pour les Etats-Unis, l’Europe est un continent en guerre », expose le dirigeant d’une entreprise bien placée pour devenir une future licorne. Va pour le risque, mais pas trop tout de même.