« Ce journal m’a sauvé la vie. » Soudain, le temps se fige. Plus rien n’existe autour de nous. Ni les va-et-vient du serveur du restaurant Les Éditeurs, où Agnès Buzyn a ses habitudes. Ni les premiers clients qui, en arrivant, laissent entrer l’air frais de ce matin de mars 2023. Je suis seul. Seul, face à cette femme, impeccable, dont le chignon ne laisse échapper aucune mèche. Pourtant à cet instant, le vernis craque et laisse apparaître un être meurtri. Ses yeux trahissent ce que ses lèvres retiennent. Elle a pensé en finir. Une tentation suicidaire qui s’est dissipée en écrivant. Trois ans plus tôt, lorsqu’elle décide de prendre la plume, les rues de la capitale sont désertes. C’est le 22 mars 2020, cinq jours après le début du confinement. Le terme est inhabituel, il nous paraîtra bientôt familier. L’ancienne ministre de la Santé et candidate improvisée à la Mairie de Paris est épuisée par ses trois années au gouvernement, la campagne des municipales et le flux ininterrompu de patients à l’hôpital militaire Percy, puisqu’elle a décidé d’enfiler à nouveau sa blouse de médecin. « J’avais besoin de me rendre utile », confie-t-elle. Pour ne pas sombrer et « garder la tête haute ». Car, depuis quelques jours, son mari et elle font face à un déferlement de haine, principalement sur les réseaux sociaux. Des messages, parfois antisémites, « dignes des pires années », explique-t-elle dans son « Journal ». Elle, la belle-fille de Simone Veil, qui voit l’histoire bégayer. En cause ? Un court extrait d’un compte rendu du Conseil des ministres
AGNÈS BUZYN « MES VÉRITÉS »
Sep 28, 2023
9 minutes
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