L’après-guerre fut une période de diffusion massive des moyens de communication audiovisuels, télévision en tête. Partant de ce constat somme toute banal, l’historien Jean-François Sirinelli s’est livré, avec à unplein-emploi s’appliqua à fabriquer des comme dira Roland Barthes, et des icônes made in France (Johnny Hallyday au premier chef), avant de subir une série de mutations socioculturelles qui allaient donner naissance à la France d’aujourd’hui, moins optimiste et où règne l’omnipotente image, livrée sans décodeur. Les sexagénaires se souviendront que le petit écran n’a eu longtemps qu’une seule chaîne, de surcroît diffusée en noir et blanc, et que s’y affrontaient ancêtre de celle d’Hanouna, et celle d’ disparue depuis, avec son cortège d’intellos et de pédagogues. Ils revivront les chocs que furent les films d’André Cayatte, ou de Just Jaeckin (9 millions d’entrées!). Ils se rappelleront en souriant le slogan « La force tranquille » de François Mitterrand, revivront la fin du mur de Berlin… Les plus jeunes, eux, pourront se faire une idée assez précise de l’univers mental d’un pays qui se remettait mal de sa période coloniale et qui était alors exclusivement dominé, ou presque, par la partie masculine de la génération du baby-boom. Mieux connaître cette « France d’avant », à laquelle d’aucuns restent indécrottablement attachés, permet aussi de comprendre la force qu’exerce aujourd’hui, sur certains esprits, une forme de pensée nostalgique et cocardière que l’on peut qualifier de réactionnaire.
Les enfants de la télé
Aug 24, 2023
1 minute
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