Le Journal du dimanche

La solitude de l’homme battu

Le regard fixé dans le vide, la victime semble être prise d’un vertige. Lui revient-il en tête des images que sa mémoire n’a pu occulter ? D’un bleu très clair, perçants, ses yeux sont trahis par des nuances de rouge lorsqu’elle murmure ces quelques mots : « C’était marche ou crève. Encaisse qu’on te foute des tartes ou suicide-toi. Je n’ai pas voulu mourir, ni me prendre des claques gratuitement. » Elle a beau avoir raconté son histoire des dizaines, voire des centaines de fois, en sa qualité de membre d’une association de défense de victimes de violences conjugales, elle n’est jamais parvenue à la terminer sans que sa voix ne finisse par trembler. C’est d’autant plus difficile qu’elle n’est pas une victime comme celles dont on parle dans les médias, dans les débats, en société. Oui, « victime » est un nom féminin. Mais cette victime-là est un homme. Un homme battu par sa femme. Ulrick Lemarchands, 41 ans, ingénieur de métier et créateur de l’association SOS Hommes battus, dont il est président, se bat aujourd’hui pour faire sortir ces victimes de leur silence.

Avec le mouvement MeToo en 2017, suivi du Grenelle des violences conjugales en 2019, les femmes osent davantage parler des sévices qu’elles subissent de la part de leurs conjoints ou ex. Plus discrets, les hommes violentés demeurent victimes d’un tabou. Ils ont tous les âges, viennent de tous horizons. Ils sont cadre, chauffeur de poids lourd, agent d’assurances, informaticien, enseignant… À l’instar d’Ulrick Lemarchands, ils endurent le plus souvent  Isolement social, problèmes de santé, confiscation de la carte bancaire…, résume Ulrick Lemarchands, désormais père de jumeaux. Bien qu’elle ait reconnu devant le procureur des faits de violences conjugales, harcèlement, non-représentation d’enfants et abus de personne en état de faiblesse, son ex-conjointe n’écope que de rappels à la loi. Las, le quadragénaire s’est rendu à l’évidence : Il a refusé la garde partagée de ses jumeaux, à contrecœur : Désormais, Ulrick Lemarchands voit ses deux fils de 11 ans huit fois par an,.

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