Au commencement était Marcel Ott. En 1896, ce jeune ingénieur agronome alsacien démarre son tour de France des vignobles, dans des paysages encore ravagés par la grande crise du phylloxera. «Mon arrière-grand père est allé jusqu’aux départements d’Algérie pour trouver où s’installer, mais c’est finalement en Provence qu’il a arrêté son choix, car il n’avait pas le sou et les terres de la région ne valaient rien à l’époque », raconte son arrière-petit-fils, Jean-François Ott, aujourd’hui à la tête d’un des labels les plus fameux du genre, comprenant notamment Château de Selle ou Château Romassan (filiales du groupe Roederer).
En bon vigneron septentrional, le jeune Marcel commence par créer des blancs que la bonne société parisienne, en vacances au bord de la Méditerranée, s’arrache avant la Première Guerre. Comme Philippe de Rothschild à Bordeaux, il est un des premiers à mettre son propre vin en bouteille. Surtout, il s’intéresse à une curiosité locale : une piquette d’une drôle de couleur rosacée que les vignerons provençaux récupèrent en leurs cuves, c’est-à-dire, raconte Jean-François Ott.