Par l’acier du glaive mais aussi par le cuir des caligae, ces sandales équivalentes à nos actuels rangers: c’est en marchant que les Romains ont conquis et conservé leur empire. Pour les légions, en effet, chaque campagne, qu’il s’agisse de soumettre un peuple, d’écraser une rébellion ou de réagir à une menace extérieure au limes, est avant tout une marche à l’ennemi. S’il n’existe pas de doctrine militaire officielle et codifiée, les armées romaines obéissent toujours au même réflexe: se concentrer au plus vite pour prendre l’initiative des opérations et contraindre l’adversaire à livrer bataille au plus tôt.
Derrière cette entrée en campagne brusquée, une idée maîtresse: éliminer les menaces avant qu’elles ne prennent une ampleur telle qu’elles nécessitent une concentration de moyens trop importante. Avec seulement une petite trentaine de légions, Rome ne peut se permettre de multiplier les adversaires puissants à ses frontières. C’est donc au niveau local de l’armée provinciale (exercitus), soit une ou deux légions – exceptionnellement trois – et un nombre variable de cohortes auxiliaires, que l’essentiel des menaces est géré, sans faire appel à des moyens extérieurs à la province concernée.
Cette réaction quasi épidermique, saine en apparence, possède un, tombe à Beth Horon dans une embuscade où il perd la majeure partie de ses effectifs et, suprême déshonneur, son aigle. Même scénario en 86: franchissant le Danube pour porter l’acier chez les Daces, deux légions sont surprises et défaites.