ISABELLE, 52 ANS
« J’ai des fantasmes violents, à tendance sadomasochiste »
« Je suis quelqu’un de très doux, très attentionné, très gentil. Et pourtant, j’ai des fantasmes très violents. J’en ai honte. Comment faire pour les éliminer et me réconcilier avec moi-même ? »
Tout d’abord, Isabelle, sachez que les fantasmes appartiennent au monde imaginaire. Et en imagination, tout est possible, tout est Il se produit un conflit entre votre morale personnelle et votre imaginaire. En réalité, ce conflit aussi est imaginaire. Car personne ne vous demande de réaliser vos fantasmes, personne ne pense que vos fantasmes révèlent votre être profond. Et puis, vous dites ressentir de la honte. Mais nous devrions avoir honte seulement lorsque nous estimons avoir fait quelque chose de contraire à notre éthique : quand nous avons blessé quelqu’un, manipulé, menti, volé… La honte est alors justifiée et devient un moteur nous permettant d’agir mieux la fois prochaine. À propos de vos fantasmes, vous ne faites de mal à personne et n’avez donc aucune honte à avoir. Si vous éprouvez cette honte, c’est que vous n’aimez pas cette partie de vous qui fantasme ainsi. Et c’est dommage. Vous pouvez très bien construire avec elle une amitié. Si vous êtes douce, gentille, attentionnée, c’est notamment parce que vous évacuez vos tensions dans ces fantasmes représentant un exutoire. Une fois vécus en pensées, il vous reste la douceur dans la vraie vie. D’autre part, ces fantasmes sont un aliment de votre libido et de votre vie sexuelle. Donc vous avez à mon sens un travail à faire, celui de les adopter. Apprenez à les regarder différemment, à vous en amuser, à prendre une distance au niveau du jugement. Cette partie de vous qui juge étant sévère, apprenez-lui à lâcher du lest. C’est d’autant plus important que personne n’est responsable de ses fantasmes. Nous ne les choisissons pas. Ils se forment à des moments précis du développement de notre cerveau à partir d’émotions vécues. On peut donc vivre dans l’enfance ou l’adolescence une scène, comprendre un dialogue, lire un livre, voir une scène de film qui s’inscrit dans nos fantasmes et restera sous forme d’empreinte dans notre mental. La meilleure chose à faire est donc d’adopter ces fantasmes. Ils peuvent fertiliser votre vie amoureuse, soit parce que vous y ferez appel en pensée pour augmenter votre excitation sexuelle et faire venir un ou plusieurs orgasmes. Soit parce qu’ils peuvent aussi servir de base à des jeux sexuels. Si l’on vend par exemple des menottes en fourrure, c’est bien pour jouer à s’attacher sans se faire mal. La sexualité, ce devrait être le jeu des adultes et si, enfant, beaucoup d’entre nous ont joué aux soldats et aux Indiens, adulte, on peut très bien jouer au prisonnier et au geôlier, ou à une version plus ou moins douce de vos fantasmes. C’est quelque chose de répandu qui peut fonctionner avec du plaisir et de l’amusement entre deux partenaires en accord pour réaliser un scénario.
