LE DOSSIER • LES ÉCRIVAINS ET LEURS PSEUDONYMES
Le cas Ajar est singulier. C'est d'abord l'histoire d'un certain Roman Kacew qui n'a cessé sa vie durant de jongler avec les pseudonymes. Dès les années 1930, l'adolescent, qui rafle les prix de composition au lycée Masséna de Nice, envoie ses premiers manuscrits à la NRF sous les noms de Lucien Brûlard et de François Mermont (du nom de l'hôtel-pension niçois dont sa mère est gérante). À 42 ans, diplomate à Los Angeles, il publiera un roman fustigeant l'ONU (qu'il compare à « ») sous celui de Fosco (1958). Plus tard, c'est un pastiche du roman d'espionnage, (1974), qu'il signe Shatan Bogat (« Satan le riche » en russe). Mais Roman Kacew est surtout celui qui s'est fait connaître sous le pseudonyme de Romain Gary, qui fut son nom de code pendant la Seconde Guerre mondiale, du moins le prétend-il dans sa fiction « » (1960). Un patronyme qu'il estimait « », signifiant « brûle! » en russe, sous lequel parut son premier roman en 1945, . Gary publia par la suite une trentaine de textes, dont (1956), roman écologique novateur qui lui valut le prix Concourt.