LA NUIT EST DÉJÀ TOMBÉE lorsque surgit une armée futuriste en moonboots, casques et combinaisons de protection. Des hommes marchent sur une falaise, et derrière eux la grande pyramide de Gizeh, l’une des plus anciennes des sept merveilles du monde. Alors qu’ils évoluent sur les dunes, le vent du désert fouette leurs longues écharpes de mousseline pâles et leurs capes asymétriques.
Kim Jones, directeur de la création chez Dior Men depuis 2018, est né sous le signe de la Vierge. Cela explique peut-être la minutie avec laquelle il aborde son travail. Pour son show égyptien, c’est une robe appelée « Cairo » de Christian Dior, présentée lors de son fameux et premier défilé en 1947, qui a inspiré Jones après l’avoir découverte dans les archives de la maison. Sur la piste, 75 looks ont défilé, un chiffre anniversaire correspondant au nombre d’années écoulées depuis la fondation de la maison Dior à Paris. Kim Jones a tendance à enrichir ses créations pour l’homme d’idées issues d’anciennes collections Dior pour la femme. Le passé, alors, n’est perceptible qu’à travers de petits détails – c’est par exemple un gilet brodé de perles, clin d’œil à « Junon », célèbre robe de bal fleurie. Le gris pigeon typique de Dior se retrouve dans les costumes et les demi-kilts portés sur des pantalons serrés. Des éléments rétro-futuristes rencontrent le streetwear et le luxe, et on sent aussi l’influence punk. Des bottes conçues pour le désert avec des protège-pieds imprimés