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DONALD GLOVER fait pousser ses idèes

“PRENDS CELUI-CI, IL EST MÛR.” Donald Glover me tend un bel avocat bien charnu, fraîchement cueilli sur l’arbre. Sa barbe est parsemée de quelques poils blancs, ses boucles écrasées sous une casquette bleue usée jusqu’à la corde, posée plus qu’enfoncé sur son crâne, et qui tient on ne sait trop comment en équilibre. C’est ici, dans sa vaste ferme d’Ojai, en Californie, que le versatile Américain a implanté le siège social de sa nouvelle société de production/incubateur/espace culturel. Un projet multiforme baptisé Gilga, pour Gilgamesh, le héros de la mythologie mésopotamienne. Aux alentours, des orangers à perte de vue, une vieille église transformée en lieu de spectacle et d’enregistrement, des logements pour les créatifs qu’il compte faire venir, des salles de montage et d'écriture, et même une sandwicherie artisanale. Pas âme qui vive, sinon quelques lézards curieux qui passent çà et là. Le rêve de tout musicien, réalisateur ou producteur. Il faut imaginer le Skywalker Ranch de George Lucas, mais avec vingt et un Savage ou Quinta Brunson comme résidents temporaires créant leur propre Empire contre-attaque.

Scénariste, acteur, rappeur, showrunner et maintenant fermier, Donald Glover est l’un des artistes les plus polyvalents de sa génération. “Mon objectif, c’est de travailler avec les meilleurs dans tous les domaines pour assurer une production durable. La culture qu’on consomme à travers nos téléphones, elle n’est pas de grande qualité. Elle peut distraire, mais elle n’instruit pas forcément. Gilga est là pour filtrer tout ça.”

DEPUIS QU’ATLANTA A TIRÉ SA RÉVÉRENCE l’année dernière, le monde s’interroge: et maintenant, que nous prépare-t-il? En ce moment, son nouveau projet à Ojai l’accapare beaucoup. Il lève des fonds, recrute des collaborateurs. Le reste du temps, m’explique un certain Connor sorti de nulle part, Glover s’occupe de ses cultures d’olives, de bananes et de café. Connor, avec sa dégaine de Jésus blanc à la cool, est ici pour filer un coup de main sur l’exploitation agricole. Debout face à un champ fraîchement labouré, les deux hommes passent en revue le calendrier de récolte. “Du café, ce serait génial”, murmure Glover, le regard perdu dans une rêverie. Il me parle d’un documentaire que Connor lui a recommandé, Regenerate Ojai, qui traite des dangers des pesticides sur les enfants.“Si je peux aider à faire en sorte que plus de gens le voient, t’as juste à me le dire”, lance-t-il à son ami, qui acquiesce et le remercie.

à Gilga Farm, Glover et moi avec Rihanna, sorti en 2019. Mais aussi la néo-conservatrice noire Candace Owens, qui a soutenu les derniers délires de Kanye, les fêtes hollywoodiennes dans des maisons incroyables, les samedis matin passés à regarder des dessins animés, ou le récent décès de son père. Il me raconte la fois où, sur le tournage de la série à paraître il a dû subir une intervention chirurgicale d’urgence sur son visage. Une autre fois, chez Drake, The Weeknd lui a demandé, à ses amis et lui, s’ils étaient de “vrais n-ggas”. Une anecdote qui l’a apparemment marqué.

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