« D’ Cette question, qui tend d’ordinaire à enfermer son destinataire dans sa situation sociale pour juger de la légitimité de sa parole, Geneviève Fraisse a choisi d’en faire un fil conducteur, la philosophe retrace son parcours intellectuel en faisant saillir le contexte culturel, politique et idéologique qui l’a profondément influencée. De ses lectures à ses engagements militants et politiques, de ses recherches menées au CNRS à son travail au Parlement européen, la vie de Geneviève Fraisse n’a cessé de nourrir son œuvre. Ce rapport structurant entre le vécu et le savoir qui est au cœur du féminisme, loin d’être, comme le soutiennent ses détracteurs, un obstacle à la connaissance, est la condition d’un savoir concret, qui s’empare d’objets d’étude injustement négligés et met en lumière des biais sexistes faussement déguisés en objectivité: En expliquant comment elle a elle-même dû lutter pour s’imposer comme chercheuse là où on la réduisait, en dépit de ses travaux reconnus, au statut de militante, Geneviève Fraisse montre comment l’histoire de la perception des études féministes fait écho à l’histoire des femmes elles-mêmes: un combat pour sortir d’une assignation au corps et à la sensibilité afin de s’imposer dans le champ de la raison. Faisant de la pensée son outil et son horizon, le féminisme est l’histoire d’une réflexion à même la vie, articulant théorie et action au lieu de les cloisonner au nom d’un idéal trompeur de neutralité. L’histoire d’un interminable combat pour la dignité.
Le féminisme tient-il de théories ou d'actions?
May 04, 2023
1 minute
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