Les pelouses sont verdoyantes, les haies de feuillus taillées au cordeau attendent l’arrivée du printemps. Ambiance ouatée d’une opulence discrète. C’est là, à Neuilly-sur-Seine, le long du fleuve, en face de la très chic île de la Jatte, que tout a commencé: la résidence « Les Bords de Seine », paradis artificiel du groupe d’Ehpad privé Orpea. Les premiers chapitres du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet débutent ici. Le journaliste y décrit minutieusement la pénurie organisée de personnel, les couches qui manquent, la nourriture rationnée. L’enfer au quotidien pour des dizaines de résidents qui payent jusqu’à 10 000 euros par mois pour ce qui est présenté comme un établissement haut de gamme. La désespérance aussi pour une grande partie des soignants murés dans un silence complice, enfermés dans la honte et la peur. Un peu plus d’un an après la publication du livre, la résidence « Les Bords de Seine » accueille toujours autant de résidents. « Chaque instant est douceur de vivre », peut-on lire sur un panneau dans le hall d’accueil. Immuable, le temps s’écoule entre séances de balnéothérapie et de yoga, cours de bridge et cinéma maison. Et pourtant, tout a changé.
Le scandale sanitaire et la vérité sur les malversations financières ont dissous d’un coup le vernis qui protégeait l’entreprise, présentée