La France dans la guerre
Se rêvant en puissance d’équilibre, la diplomatie française a longtemps pratiqué le « en même temps » cher au chef de l’Etat, quitte à exaspérer ses alliés.
Il fait encore nuit noire sur les coups de 5 heures du matin quand les premières bombes pleuvent sur l’Ukraine, en ce jeudi 24 février. Des dizaines de milliers de soldats russes viennent de franchir la frontière. Bientôt, plusieurs centaines d’entre eux sont lâchés dans les faubourgs de Kiev. « Emmanuel, ils sont dans nos rues, on se bat dans nos rues. » La voix tremblante au téléphone, Volodymyr Zelensky n’a plus le ton ferme et assuré de la veille. L’ancien comédien devenu président d’un pays désormais sous le feu ennemi passe son premier appel de la guerre à la France. Au bout du fil, son « ami » Emmanuel Macron, impuissant, en est réduit à lui demander s’il se trouve en sécurité. « Personne n’est en sécurité à Kiev, c’est inimaginable », répond Zelensky.
Si le président ukrainien semble pris de court par l’offensive russe, la diplomatie française avait anticipé cette débâcle des premières heures, dans le cas où Moscou attaquerait. La France est l’un des derniers pays à avoir gardé son ambassade ouverte dans la capitale ukrainienne, principalement pour servir de refuge à