Jeudi 13 avril, palais de l’Elysée. Une demi-douzaine d’experts en géopolitique sont conviés par Walid Fouque, le conseiller Amériques, Asie et Océanie d’Emmanuel Macron, pour « débriefer » la visite présidentielle en Chine, une semaine plus tôt. Le collaborateur du chef de l’Etat essuie un feu nourri de critiques. « Je me suis demandé si j’allais sortir vivant de la pièce », plaisante-t-il à la fin de l’échange. Car les participants sont furieux. Invités, pour certains d’entre eux, avant le départ afin de partager leurs analyses sur le régime communiste avec le président, ils se demandent à quoi cela a servi. En cause, les propos tenus par Emmanuel Macron auprès de journalistes dans l’avion du retour. Des réflexions fracassantes sur Taïwan, la Chine et les Etats-Unis: l’Europe ne doit pas se laisser entraîner dans « des crises qui ne sont pas les [siennes] », sauf à devenir le « vassal » de Washington.
Ces sorties, qui laissent entendre que la France se désintéresse du sort de la démocratie taïwanaise face à l’autocratie chinoise, provoquent un tollé parmi les commentateurs occidentaux et l’incompréhension de nos partenaires. « Pourtant, nous l’avions mis en garde sur les pièges de cette visite, mais il n’a absolument pas tenu compte de ce que nous lui avions dit », s’étrangle l’un de ces géopolitologues déçus.
Sentiment de déjà-vu troublant. Le 17 février dernier, en rentrant de la conférence sur la sécurité de Munich, Emmanuel Macron avait, déjà, dérapé dans les airs. Après avoir – enfin – dit clairement que l’Ukraine doit gagner la guerre et Moscou la perdre, il ne peut s’empêcher d’expliquer à la presse qu’il ne faut pas « écraser la Russie » et que « toutes les options autres