Le poste, entre culture et diplomatie, glamour et influence, en fait évidemment saliver plus d’un. Avec, en prime, un bureau au cœur de Paris avec vue imprenable sur Notre-Dame, une rémunération confortable (9 000 euros mensuels), des voyages dans des pays amis, la fréquentation d’artistes et de puissants. Mais nul ne sait si la place est à prendre. Depuis dix ans, le président de l’Institut du monde arabe (IMA) s’appelle Jack Lang. Et, lorsqu’il reçoit L’Express au début du mois de décembre, l’intéressé feint de ne pas comprendre l’urgence à lui trouver un successeur. Il n’évoque ni son âge (83 ans) ni le fait que son mandat arrive à échéance au début de 2023 – le flou est d’ailleurs entretenu sur la date précise, entre fin janvier et fin mars. Sans doute espère-t-il que son bilan jouera en sa faveur auprès d’un exécutif soucieux de ne pas affaiblir un outil de soft power précieux, mais toujours un peu fragile.
Depuis 2013, Jack Lang a bousculé et redressé cette drôle de maison. A sa manière. Certains lui reprochent de ne travailler qu’à son unique gloire. Beaucoup admettent qu’il a sauvé l’IMA de la déroute. Loin de l’image de roi fainéant ou de dilettante que certains sont tentés de lui dessiner, l’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand y a mis toute son énergie. Chaque jour, il se rend à pied à l’Institut par les ponts qui relient le Marais au Quartier latin. A peine arrivé, il lit la revue de presse qu’on lui a préparée, puis les mails qu’on lui a imprimés, il les annote, sa secrétaire se charge de les scanner pour les renvoyer aux collaborateurs concernés. Plus tard dans la journée, il se promène dans les expositions, écoute les