OperaGlass Works, jeune compagnie lyrique londonienne, a mis à profit le confinement de l’automne 2020 pour métamorphoser Le Tour d’écrou qu’elle s’apprêtait à dévoiler – une production aux moyens assez modestes à en juger par ses costumes. Dans un théâtre de Chelsea vidé de son public, le spectacle est finalement partout, depuis le parterre, mangé par un semblant de nature, jusqu’à la coulisse. La simple captation devient film-opéra, dans une photographie en clairs-obscurs qui souligne à dessein les ambiguïtés de ces variations sur le thème de l’insouciance perdue, peuplées de fantômes, si ce n’est de fantasmes. L’atmosphère fin de siècle de la nouvelle de Henry James trouve un cadre adapté dans un Wilton’s Music Hall du XIXe siècle un peu défraîchi.
Le ténor Robert Murray nous introduit dans les lieux, la caméra à ses trousses, avant de livrer, autour d’un vieux piano, un Prologue aux mots soignés et à l’expression immaculée, puis de trouver des arrière-plans plus ambivalents pour le spectre de l’ancien domestique Quint. A ses côtés, d’autres voix aiguës dont aucune ne dépare le tableau : fermeté et éloquence inquiète chez la Gouvernante de Rhian Lois, Miles déjà bien assuré de Leo Jemison (treble du Trinity Boys Choir), Flora à la fois fraîche et mature d’Alys Mererid Roberts, Miss Jessel rayonnante de Francesca Chiejina…
Ciselures chambristes
Enregistré au Cadogan Hall, le Sinfonia of London mené par John Wilson rend avec précision l’écriture chambriste tour à tour vifargent et onirique ciselée par Benjamin Britten. Inratable , décidément : ce DVD rejoint un rayon vidéo déjà bien garni, entre le notre « vidéothèque idéale »).