Une place bordée par deux petites maisons entre lesquelles un palmier fend le bleu du ciel : le Pérou de Valérie Lesort ressemble à celui des Trois caballeros de Walt Disney, avec ses ponchos, sa gaîté de façade. La cour de Lima ? Pas si éloignée de celle d’Alice au pays des merveilles. D’un côté de la place, un cabaret où les rouges froufrous des trois cousines tranchent avec les tenues traditionnelles de leurs hôtes. De l’autre, une maison où le vice-roi Don Andrès, sorti « incognito », emmènera la Périchole, une chanteuse de rue pour qui il a le coup de foudre…
Lui, c’est un Tassis Christoyannis à la fois truculent, ridicule et touchant, aux mots bien découpés, à l’œil égrillard, baryton félin et tendre. Elle, c’est une Stéphanie d’Oustrac sensuelle, coquette, dont la richesse du jeu scénique (que les caméras permettent d’admirer en gros plan) et le mezzo piquant mènent ces messieurs par le boutparfait comédien. Mais le monde rigide de la cour, avec ses robes-cache-pots, n’est pas pour elle : la Périchole s’enfuit avec Piquillo, retrouve sa vie de saltimbanque. Dupé, s’étranglant de rage dans sa fraise disproportionnée, Don Andrès se laissera pourtant attendrir par les tourtereaux.