Sur le papier, tout les sépare, même si tous les deux sont économistes. Sandrine Rousseau, la députée Nupes, pasionaria d’une écologie radicale, et Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l’ESCP – et chroniqueur à L’Express –, chantre de la concurrence et du libéralisme. Nous les avons réunis en leur proposant de débattre d’une question presque existentielle: la transition écologique – dont ils admettent tous les deux l’urgence – peut-elle s’opérer dans le cadre d’une économie capitalistique? Evidemment, les débats furent tendus, et l’opposition frontale. Pourtant, ils se sont retrouvés sur un point: la nécessité de donner un vrai prix aux biens que nous consommons en intégrant la contrainte environnementale de façon à agir durablement sur les comportements. Enfilant leur costume d’économiste, ils défendent tous les deux les vertus du « signal prix », et dénoncent le caractère pervers des boucliers énergétiques et la politique du chèque mis en place par le gouvernement. Une rencontre électrique.
Pour commencer, il était tentant de vous poser à tous les deux cette question: une écologie libérale est-elle possible, ou est-ce un oxymore?
Tout dépend de ce que vous entendez par écologie libérale. Voulez-vous dire une écologie dans un système économique libéral? Si c’est le cas, alors je vous réponds non, ça n’est absolument pas possible. Parce que le libéralisme est avant tout guidé par une logique d’accumulation, même si Adam Smith luimême avait posé quelque chose qui a complètement disparu du débat politique et économique, à savoir la limite à la cupidité. En fait, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il n’y a pas