Il y a deux ans, en pleine pandémie du Covid, vous teniez dans L’Express un discours résolument optimiste, convaincu que nous surmonterions cette crise sanitaire sans trop de casse. Etes-vous toujours dans le même état d’esprit?
C’est vrai, je n’avais à l’époque aucun doute sur le fait que nous avions la capacité d’encaisser ce choc, mais j’ai toujours prévenu que la période postcrise serait plus difficile, parce que ce serait une période de « renormalisation ». Depuis, la situation est devenue à la fois plus complexe et inédite, car elle superpose trois ondes de choc qui s’enchevêtrent. La première est liée à la période post-traitement de la crise Covid, qui ne pouvait qu’être moins favorable à l’économie, puisque celle-ci est moins soutenue. Pendant la pandémie, les Etats ont décidé de confiner, donc de ralentir volontairement l’économie, ce qui a, d’une part, créé des désordres dans les chaînes d’approvisionnement et, d’autre part, fortement augmenté la masse monétaire en circulation, via le creusement des déficits publics. Lorsque les confinements ont cessé, les perturbations planétaires sur les circuits d’approvisionnement et la masse monétaire ainsi créée, ne pouvait que générer de l’inflation, et peser sur la valeur de l’euro. C’est ce que l’on constate